Ya’acov est jovial aujourd’hui, plein de bonne volonté et il désire ardemment créer une ambiance plaisante en rentrant chez lui.

Mais au seuil de la porte, il commence déjà à déchanter.

Noémie, sa femme l’attend de pied ferme, les mains sur les hanches !

- « Alors ? » lui lance-t-elle.

- « Bonjour ! » répond Ya’acov avec une sueur froide dans le dos.

- « Où sont-elles donc ? » demande-t-elle, le visage crispé.

- « De quoi parles-tu ? Ah, des couches… Je les ai complètement oubliées ! » se souvient-il, désolé.

Ya’acov a droit à un torrent de paroles désobligeantes. Noémie se tient devant lui comme si elle lisait un cahier de doléances, avec les oublis de son mari durant leur sept années de mariage.

-      « Que se passe t-il ? » essaie-t-il de comprendre.

C’est effectivement dommage qu’il ait oublié, surtout qu’elle le lui a demandé à trois reprises.

C’est ennuyeux, mais pourquoi en faire une telle histoire ? Pourquoi tenir des registres ?

« Pourquoi ai-je réagi ainsi ? » s’interroge aussi Noémie. « Je n’ai jamais eu ce type de réaction auparavant ! »


Si, au lieu de parler, la femme décide de se taire, elle intériorise alors la souffrance ou la vexation. Ses sentiments demeurent enfouis en elles, l’accablent et lui font du mal.

Ils s’accumulent peu à peu au plus profond de son être, érodent son cœur, l’oppressent jusqu’à ce qu’elle explose.

Un volcan est un phénomène naturel sensationnel que l’on admire de loin. Mais vu de près, il a un pouvoir destructeur incroyable, dévastant tout sur son passage.

Les couches que Ya’acov a oubliées d’acheter ne sont qu’un vulgaire paquet. Noémie aurait habituellement excusé cet oubli, lui demandant gentiment de s’en souvenir la prochaine fois et en empruntant quelques unes à sa voisine.

Cependant, le fait qu’elle n’ait pas digéré les autres omissions de son mari l’a conduite à exploser.

Pour ne pas nous laisser envahir par des sautes d’humeurs et garder notre sang-froid, nous devons à tout prix éviter de dresser dans nos cœurs des listes noires.

Ne laissez pas le silence prendre des dimensions affolantes, lourd de récriminations, de colères et de frustrations !

La situation vous est pénible ? Vous ne comprenez pas ? Vous souhaitez un changement ?

Parlez-en tout de suite !

N’allez pas vous coucher avec des problèmes sans solution, en suspens !


On interrogea un jour une femme âgée pour savoir par quel mérite avait-elle eu tant de paix dans son ménage.

Elle se mit à sourire et répondit énigmatiquement : « C’est grâce à la nappe du salon… »

Devant la surprise générale, elle s’expliqua :

« Au début de notre mariage, mon mari et moi avons choisi un endroit pour pouvoir discuter de ce qui nous dérangerait.

Nous ne voulions pas de conversation spontanée. Nous avons mis un point d’honneur pour que chaque entretien se déroule dans une atmosphère sereine, autour d’un café…

Le signe que l’on se faisait, pour faire allusion à notre désir de se parler, était de dérouler la nappe sur la table de la salle à manger…
 

Les points de divergence entre le caractère féminin et masculin et les éléments qui les empêchent de vivre harmonieusement ne doivent pas être un sujet tabou.

La prophétie n’étant pas l’apanage du commun des mortels, aucun conjoint ne peut lire les pensées de l’autre ou savoir ce qui le fait souffrir.

C’est pourquoi, en éprouvant n’importe quel sentiment ou malentendu, il est de notre devoir de l’exprimer verbalement.

Avoir honte vis-à-vis de son conjoint n’est pas de mise ! Il est insensé d’attendre qu’il comprenne de lui-même.

L’homme doit livrer ses pensées à son partenaire, de la même façon qu’il se parle ou qu’il pense lorsqu’il est seul !

S’il n’agit pas ainsi, son ressentiment va se cristalliser au fil du temps et risque de s’extérioriser d’une mauvaise manière, à l’image d’une grande détonation. Plus la pression est grande, plus l’explosion sera dangereuse !

Nos Sages, de mémoire bénie, ont dit : « Les paroles des Sages sont entendues paisiblement. » Ce qui est dit calmement, sans critique ou reproche, atteindra son but !