Comment répondre à une demande de renseignements sur un Chiddoukh sans enfreindre les lois de la Torah ni causer de tort inutile ? Dans cette mise au point, le Rav Moché Kaufmann rappelle les principes clés qui doivent guider nos réponses sans tomber dans les pièges de l’empressement, des jugements hâtifs ou de l’intérêt personnel...

Prendre ou donner des renseignements concernant une proposition de mariage est peut-être le sujet le plus délicat concernant la bonne utilisation de la langue et l’interdit de la Torah de parler en mal ou de causer des dissensions.

En effet, répondre à ce type de demandes ne revient pas à prodiguer du bien ou à causer du tort à une seule personne mais vise à trouver l’adéquation entre deux êtres, de mettre en lumière le positif ou le négatif les concernant en vue de la fondation d’un foyer durable. C’est pourquoi plus qu’ailleurs, il est capital de répondre aux questions après réflexion et sans précipitation.

Second point : souvenons-nous bien de la Émouna que seul Hachem dirige le monde, que la fin n’excuse pas les moyens, et que pour questionner ou répondre à ce sujet (comme tout autre, mais plus particulièrement dans ce cas, où la vie future d’un couple est en jeu et les intérêts personnels de chacun sont évidents), nous ne devons et pouvons répondre que selon les règles de la Torah, et non selon notre bon vouloir. Donnons ici quelques indications succinctes.

A. Lorsqu’on répond concernant un Chiddoukh (comme pour toute chose), il nous est interdit de par la Torah d’induire en erreur, en donnant un mauvais conseil. Exemple : répondre que la proposition en question ne correspond pas, parce qu’on a jeté soi-même son dévolu sur cette proposition

B. Une règle d’or : moins on connaît le questionneur et la personne pour laquelle il se renseigne, et moins on se doit de rentrer dans le détail pour répondre (ne sachant pas s’il y a adéquation ou pas et ne connaissant pas la teneur de celui qui pose les questions et de celui sur lequel il se renseigne).

Lorsqu’on parvient par téléphone (en face-à-face, c’est plus facile), à s’assurer que la personne qui pose les questions est posée et sérieuse, alors on peut et on doit répondre plus en détail.

Un des éléments-clés consiste à ce que la personne qui nous questionne ne répande pas au grand public une chose qui peut porter préjudice à l’autre partie, dans le présent ou souvent à vie. On exigera la plus grande discrétion concernant les détails fournis.

C. En début de parcours, même des éléments négatifs mineurs et secondaires peuvent faire tomber la proposition. Il n’est pas utile de les révéler.

D. De façon générale, il convient de ne pas dresser d’emblée un tableau d’ensemble mais de dire : "posez-moi des questions précises" (sauf dans le cas où l’on connaît de près la personne qui questionne et qu’on a confiance en elle).

E. Les termes généraux comme "bon, généreux, réservé, ayant la crainte du Ciel, etc." revêtent un sens différent pour chacun. Il est important de comprendre la teneur de la question et de répondre par des exemples pratiques.

F. Ne répondre que par le bien et cacher des éléments peut porter préjudice, parfois gravement. Ce n’est pas conforme à la voie de la Torah. À part l’interdiction de tromper, nous avons la Mitsva de ne pas voir une personne en danger (physique ou spirituel) sans lui porter assistance.

G. Si nous savons que notre interlocuteur prendra en compte notre avis, il est toujours bon de dire : "cette proposition ne vous convient pas", plutôt que de révéler les défauts ou failles de l’autre partie. 

De plus, lorsque la personne qui nous questionne ne nous semble pas fiable, ou lorsque l’on risque de causer un tort à vie, c’est la seule réponse possible (comme dans le cas où celui/celle sur lequel/laquelle on se renseigne a un passé lourd mais qu’il/elle a entièrement réparé.)

Il y a d’autres détails importants mais qu’il ne convient pas de développer dans ce cadre (approche différente à des proches ou des étrangers ; réponses selon le bien véritable recherché et pas toujours selon la question, etc. Vous pouvez vous référer au Kountrass Hachiddoukhim à la fin de notre ouvrage NétivotHaïm sur le ‘Hafets ‘Haïm).

Il existe des cas extrêmement délicats. En cas de doute, il est important de se référer à un Rav versé en la matière.