Lorsqu’Eva se leva ce matin-là, elle n’arrivait pas à analyser le malaise qui l’étreignait. Tout était pénible, son travail de remplaçante lui pesait et l’espoir de trouver un emploi fixe s’éteignait.

« Peut-être vais-je me débrouiller pour trouver un autre travail ! » Pensa-t-elle.

Elle passa aussi en revue l’étroitesse de sa maison et le fait qu’elle croulait sous les tâches quotidiennes.

« Que m’arrive-t-il ? »

Elle se souvint des jours passés. Sa maison rutilait de propreté, ses enfants semblaient bien éduqués, son repas de midi était toujours prêt, délicieux et équilibré. Elle se rappela des compliments du professeur sur sa fille.

« J’avais l’impression d’avoir gravi le sommet du monde ! Comment est-ce possible que tout se soit métamorphosé si rapidement ? »

 

Eva pourrait retrouver son moral si elle avait lu ce qu’écrit Rabbénou Tam (Sefer Hayachar) : « L’homme vit des bons et des mauvais jours : Yémé Ahava et Yémé Sina, ce sont des moments d’élévation spirituelle et de chute qui s’intervertissent tout le temps. »

Quand la vie lui sourit, l’homme a le moral au beau fixe, il se sent léger, tout lui paraît beau dans le meilleur des mondes. Mais parfois, il arrive qu’il ne réussisse pas grand-chose, alors il n’a le goût à rien et rien ne trouve grâce à ses yeux !
 

C’est un processus naturel !

Lorsqu’un individu fait le bilan de sa vie, il a tendance à partager sa vie en périodes heureuses ou néfastes, en fonction de ce qu’il a enduré.

Il considère qu’il a bien vécu lorsqu’aucun désagrément ne l’a incommodé et estime les périodes difficiles comme étant les moins bonnes étapes de sa vie.

Le Rabbi Moché de Kouvrin (Nétivot Chalom 1) nous livre ce secret : « A la fin de mon existence, j’ai découvert que les jours que j’avais considérés comme mauvais, furent ceux qui m’ont le plus apporté et que ceux qui me semblaient meilleurs furent moins bénéfiques. »

Les beaux jours nous paraissent meilleurs, mais en fait, ils s’en vont sans que l’on ait surmonté d’épreuves et donc sans avoir pu s’élever !

Dans les périodes noires, lorsque l’on fait des efforts, on s’amende, on se construit et on bâtit l’édifice de sa vie.

Le Steipler (Karina Deigretta, première partie) nous explique : « Chaque être humain a des hauts et des bas, mais le moment où il se travaille le plus, c’est quand il chute. Nos Sages, de mémoire bénie, ont dit : Mieux vaut une heure de souffrance que cent heures paisibles !  Lorsqu’il se renforce alors, il mérite tous les bienfaits de D.ieu ».

Les Ba’alé Hamoussar se sont exprimés ainsi : « Quand tout marche, l’individu ne progresse pas et quand rien ne va, c’est lui qui avance ! »

Un proverbe populaire reflète cette sentence de nos Sages : « La vie est comparable à un vélo : si tu peines, c’est que tu es sur une montée… » 
 

Ne pas désespérer

Samuel regarde sa montre avec inquiétude :

« Oh ! Encore une fois, je ne me suis pas réveillé à temps, que vais-je dire au Machguia’h ?

Je vais encore arriver en retard, que va-t-il se passer ? Bon, ce n’est pas grave. »

Il se console et repose la tête sur l’oreiller :

« Demain, je me lèverai… »

 

La solution de Samuel trouve un écho favorable chez de nombreuses femmes.

Elles préféreraient s’enfoncer sous une couette bien chaude et s’endormir pour les soixante-dix ans à venir.

A leur réveil, les enfants auront mûri, ils seront plus posés, moins turbulents et sûrement moins bruyants et moins désordonnés. Il leur sera plus aisé de trouver des moyens de subsistance et la médecine moderne aura aussi fait des pas de géants…

Les périodes difficiles seront derrière elles pour laisser place à des jours meilleurs.

Cependant, tout individu sensé comprend que cette voie n’est pas la bonne !

C’est justement ces moments où ton cœur se serre, où tu es effrayée, où tu dois te dépasser, qui te permettent de grandir ! Tu accumules alors des forces que tu pourras utiliser dans les périodes plus calmes !

Rabbénou Tam écrit dans son ouvrage : « Lorsqu’un homme traverse une passe difficile, il peut se montrer un peu plus indulgent envers lui-même. Mais il ne doit pas s’arrêter, il doit tenir le coup à tout prix. S’il désespère et ne continue pas son travail personnel, il peut tout perdre. »

Plus l’homme est patient, plus il est apte à résoudre les problèmes et peu importe s’il se dépêche de le faire.

Mais nous vivons dans une ère qui prône la facilité, nous connaissons le fast-food, les lessives actionnées par un simple bouton, tout est rapide et à notre portée…
 

Nous n’avons pas l’habitude de porter de jougs. Aussi nous est-il très pénible de supporter un fardeau, quel qu’il soit. Pourtant, il n’existe pas d’autres moyens pour avancer !

Arme-toi de patience ! Bientôt, les jours heureux seront ton lot !