J’ai reçu récemment une lettre d’un jeune homme qui exposait un point de vue masculin sur les Chiddoukhim. C’est un jeune homme de vingt-cinq ans pratiquant, instruit, qui réussit bien,intéressé par le mariage et la fondation d’une famille. Il se plaignait toutefois que tous ses efforts pour rencontrer « Mademoiselle » étaient une expérience frustrante et ratée. « Ce ne sont pas les hommes, mais les femmes qui sont difficiles et ont la phobie de s’engager », a-t-il prétendu. Il a décrit des « quasi-fiançailles » et la douleur et la désillusion lorsqu’après une longue période de rencontres en vue du mariage, au cours de laquelle la jeune femme avait exprimé son désir de l’épouser. Mais lorsqu’il fit enfin sa proposition, elle décida brutalement de le laisser tomber. Il expliqua que la raison invoquée par la jeune fille était la maladie de son grand-père, que ce n’était pas un moment approprié pour annoncer une Sim’ha (occasion joyeuse).  

« Comment se fait-il, demandait-il, qu’une jeune fille déclare ouvertement désirer passer le reste de sa vie avec moi, puis soudain, de but en blanc, décide de rompre ? » Il continua à décrire d’autres rencontres décourageantes qu’il avait vécues lors d’événements de célibataires au cours desquels les jeunes filles l’avaient snobé, lui et ses amis. « Pourquoi vont-elles à une rencontre pour célibataires si elles ne sont pas intéressées à rencontrer des jeunes hommes ? » Il critique également les sites Internet pour célibataires. Il a remarqué que dans leurs profils, la plupart des filles se décrivent comme des « princesses » - une attitude intolérable selon lui. Voici ma réponse :    

Cher ami,

Il m’est difficile de commenter intelligemment une situation qui implique deux personnes, mais qui n’est relatée que par l’une d’entre elles. La Torah n’approuve pas de prononcer un jugement dans de telles circonstances. Même dans le monde laïc, il y a un adage connu : il y a toujours deux versions à la même histoire…et puis il y a le troisième côté ! Alors pour comprendre pourquoi cette jeune fille a décidé de rompre avec vous après une longue période de rencontres, il me faudrait entendre également sa version des choses. En conséquence, permettez-moi de vous proposer quelques réflexions à considérer et jugez par vous-même si elles sont applicables à votre situation.

Se pourrait-il que la jeune fille vous ait perçu comme indécis, incapable de s’engager à moins d’avoir un ultimatum ? Après tout, elle vous a imploré de se fiancer. La maladie d’un grand-père, aussi douloureuse que cela puisse être, n’est pas une raison suffisante pour éviter de s’engager. Au contraire, cela pourrait contribuer à accélérer le tout afin que le papi puisse avoir le bonheur d’assister à cette occasion joyeuse.

D’après notre tradition, même pendant les Neuf Jours, une période de deuil profond, un couple a le droit de se fiancer. Je me souviens qu’après notre libération des camps de concentration, lorsque nous avons découvert que nos familles aveint été assassinées, lorsque nos cœurs déjà brisés ont été encore plus meurtris par cette terrible nouvelle, mon révéré père, le Rav et Gaon Avraham Halévi Jungreis tenta de faire des Chiddoukhim pour les orphelins dans notre camp de personnes déplacées. Même en parcourant superficiellement notre histoire, nous relevons qu’un encagement renouvelé pour préserver la vie a toujours été notre réponse à la mort et la destruction. En réalité, ma propre petite-fille s’est fiancée le soir du 11 septembre. Dans ce contexte sombre et tragique de cette journée, le jeune couple voulait nous apporter de la joie. Je suis certaine que vos intentions étaient sincères en reportant votre décision, mais de toute évidence, cela n’a pas plu à la jeune fille.   

De plus, dans notre tradition, nous ne préconisons pas de longues périodes de rencontres, car elles conduisent inévitablement à des schismes et des disputes qui ont le potentiel de se développer en conflits majeurs. De plus, il se peut qu’elle ait mal interprété vos actions et vu en elles des défauts. Je lance ces possibilités sans ne connaître aucun de vous…il se peut qu’ils ne soient pas adaptés à votre cas, mais de toute évidence, elles méritent une sérieuse introspection de votre part, si vous êtes sincèrement déterminé à éviter ces écueils pour la suite.   

Quand à la soirée pour célibataires où vous avez été snobé, personnellement, je ne défends pas ces « rencontres sociales pour célibataires. » Je pense qu’elles peuvent être humiliantes et inappropriées. A Hinéni, nous vous invitons à venir participer à un cours de Torah. L’objectif est toujours d’apprendre, d’enrichir notre Néchama, de s’élever comme Juif, et en plus, on essaie de vous présenter une jeune fille. De cette manière, nous évitons des situations de malaise telles que vous la décrivez.

Quand aux jeunes filles qui se décrivent comme des « princesses », franchement, j’ai du mal à le comprendre. Je fais des Chidoukhim depuis de longues années et je ne me souviens pas avoir entendu une jeune fille se décrire comme une « princesse ». D’après mon expérience, l’expression « princesse juive » est un terme péjoratif employé par ceux qui dénigraient la femme juive et cherchaient à justifier les mariages mixtes, donc il m’est difficile d’imaginer une jeune fille se présenter de cette manière. Mes rencontres avec des jeunes femmes ont été l’opposé : j’ai trouvé qu’elles cherchaient à se construire un nid, aspiraient au mariage et à la fondation de belles familles juives.   

Je regrette que vous ayez eu des expériences aussi malheureuses, mais notre organisme s’appelle Hinéni, qui signifie : « Je suis là, prêt à aider. » Alors plutôt que de vous lamenter sur le passé, allez de l’avant ! Venez nous rendre visite et puissiez-vous très rapidement passer sous la ‘Houpa (dais nuptial) et fonder ce foyer juif authentique dont vous rêvez.