Un grand camion déposa son chargement au bout de la rue. À côté se tenait un porteur légèrement courbé qui mit sur son dos une grosse pile de cartons. Un homme passa par là à ce moment précis. Il avait l’air beaucoup plus grand et beaucoup plus fort que le porteur. Le responsable de la marchandise pensa que cet homme était tout à fait capable d’assumer ce travail étant donné sa corpulence. En quelques minutes, il installa sur le dos de cet homme un grand paquet, mais notre homme croula immédiatement sous son poids. Quelle différence y a-t-il entre le porteur transportant sa marchandise en silence et cet homme, tombé sous le poids de la caisse ? En fait, le porteur est préparé à la difficulté qui l’attend, tandis que l’autre ne l’est pas.

Au cours de l’accouchement, la femme se doit de surmonter les douleurs lancinantes qu’elle ressent. Cela ne peut s’effectuer que lorsqu’elle s’est préparée à supporter la douleur (supporter se dit en hébreu «  Lisbol  » et ce mot a la même racine que «  Sabal  », un porteur). Tu pourras ainsi supporter les douleurs tout comme le porteur abaisse son épaule et porte son fardeau et ses paquets de façon parfaite.

Afin de réussir à supporter les douleurs liées à l’accouchement, il faut s’y préparer et comprendre leur signification : un homme peut passer des heures entières à donner des coups à l’aide d’un outil ou encore faire du sport en labourant un champ pendant toute une journée. Cependant, si on lui demande de mettre ses mains en l’air puis de les baisser, et cela sans aucun but, alors il ne pourra pas l’accomplir même si on le paye pour cela. Un travail sans aucune signification est véritablement difficile, voire impossible.

Ici, la femme doit donc supporter sa douleur et réfléchir sur l’objectif et le but de ses souffrances.
 

Mériter le bien

Lorsqu’Hakadoch Baroukh Hou annonça à Avraham Avinou, lors de l’alliance entre les morceaux : «  Car ta descendance sera étrangère dans une terre qui ne sera pas la sienne, ils seront asservis et persécutés durant 400 ans  » (Béréchit 15, 13), celui-ci n’a pas prié pour ses enfants comme il l’avait fait pour les habitants de Sodome.

En effet, Avraham Avinou savait que le rôle de l’exil d’Égypte était de procurer des mérites au  peuple d’Israël et de le préparer à l’entrée en Terre Sainte, à la Torah et au Beth Hamikdach.

Comme nous l’ont enseigné nos Sages (Chémot Rabba) : «  Ménager les coups de bâtons, c’est haïr son fils. Le corriger, c’est l’aimer. Celui qui aime représente ici Hakadoch Baroukh Hou qui fait descendre les bonnes choses dans l’épreuve. Trois cadeaux ont été donnés à l’homme : la Torah, la Terre d’Israël et le Monde Futur et tous trois ne sont accessibles qu’après avoir subi des épreuves  ».

L’objectif des difficultés dans ce monde est de nous rendre méritants afin de pouvoir recevoir les bontés et les présents dont Hachem veut nous gratifier.
 

Quelle bonté reçois-tu en subissant les douleurs de l’accouchement ?

Lorsque l’on plante une graine dans la terre, elle pourrit, s’éparpille et s’étend. C’est justement à ce moment que les forces enfouies à l’intérieur des graines se dégagent. Un bourgeon se forme, puis une fleur, puis un fruit.

De la même façon, la pluie qui arrose le monde entier et lui apporte la vie apparaît au départ sous forme de nuages gris et noirs, de froid et d’obscurité. Ainsi, tout processus de floraison ou d’élévation débute par des difficultés.

Les contractions que tu ressens sont ta «  floraison  ».

Lorsque tu accouches, tu te sens meurtrie et éprouvée, et même une fois que tout est terminé, que tout est derrière toi, tu ressens une grande faiblesse. Ton corps est endolori et tu as du mal à te lever du lit. Pas à pas, à travers les couloirs de la maternité, tu te diriges vers la pouponnière. Un instant, tu es prise d’un léger vertige, puis tu continues ton chemin en t’appuyant sur les murs.

Lorsque tu rentres chez toi, tu te sens légèrement mieux, tes forces te reviennent. Cependant, le brouhaha de la rue t’épuise rapidement et te rappelle que tu es encore une accouchée fraîchement sortie de la maternité.

Tu essayes de te frayer un passage dans la montagne de linge qui t’attend à la maison, mais les pleurs de ton bébé te ramènent instantanément vers la chambre à coucher…

C’est le moment pour toi de te reposer et de profiter de ces instants. Il est encore un peu tôt pour retourner aux tâches domestiques quotidiennes et pour reprendre le rythme d’avant. Dans une ou deux semaines, tu retrouveras plus de forces, et d’un seul coup, tu te rendras compte combien la difficulté que tu as passée t’a permis de grandir et de t’élever.

Tu vas découvrir en toi des forces insoupçonnées jusqu’alors. D’une naissance à l’autre, tu t’émerveilles face à ta force de donner qui grandit tellement vite, face à la maîtrise de toi-même dont tu fais preuve et à ta faculté grandissante à supporter les difficultés. Au-delà de tout cela, tu seras étonnée de constater une chose merveilleuse : la transformation de ton cœur qui veut prodiguer encore et toujours plus d’amour…

La difficulté de l’accouchement et la confrontation aux douleurs ont rendu possible l’expression d’une force et de sentiments profondément enfouis en toi. Une nouvelle création est apparue grâce à ces douleurs et a permis de faire éclore une chose incroyable : le cœur d’une mère.
 

Des douleurs «  saines  », pour ton bien

Rivka arriva devant la sage-femme très soucieuse. C'était son premier accouchement et elle était certaine qu’elle demanderait l’anesthésie péridurale afin de diminuer les douleurs. Cependant, après les examens de routine, le médecin lui annonça qu’au vu des résultats, on ne pourrait la lui procurer. «  Que vais-je faire ?  » Se demandait Rivka en tremblant. «  Comment vais-je réussir à surmonter les douleurs ?  »

Afin de l’apaiser, la sage-femme lui raconta l’histoire suivante :

Un jour, une femme vint rendre visite au Steipeler (RavYaacov Israël Kanievsky) et lui posa une question : avait-elle le droit de décider de ne plus avoir d’enfants sachant que la grossesse, l’accouchement ainsi que l’éducation représentaient pour elle des tâches trop difficiles ?

Le Steipeler lui répondit ainsi : Il est important de savoir que pour chaque homme, il est décrété s’il sera riche ou pauvre et la quantité exacte d’argent qu’il recevra. Un homme qui décide de travailler pendant le Chabbath afin de devenir plus riche ne réussira en rien à augmenter son salaire. Il ne fera que le diviser en sept jours au lieu de six. À quoi la chose ressemble-t-elle ? À un homme qui possède un tonneau rempli d’eau et auquel sont reliés six robinets. Cet homme installe un septième robinet afin d’accroître la quantité d’eau.

Dans le même ordre d’idée, la quantité d’épreuves dans ce monde est décidée par les Cieux, et sur chaque être humain a été décrété un nombre spécifique d’épreuves et de difficultés. Chacun d’entre nous possède un «  tonneau  » de souffrances et d’épreuves à surmonter. Si une personne en vient à fermer le «  robinet  » des souffrances liées à l’accouchement et aux enfants, elle doit savoir que les épreuves proviendront, que D.ieu préserve d’un autre endroit, d’un autre robinet comme des maladies ou des catastrophes.

«  Un proverbe connu dit que la grossesse et l’accouchement sont des maladies saines. Il vaut donc mieux une maladie «  saine  » qu’une maladie «  dangereuse  » ! Cette souffrance est uniquement pour ton bien et te protège d’autres épreuves plus difficiles  ».