Nous avons commencé le mois d’Eloul. Le terme même d’Eloul refait surgir à la surface mille et un souvenirs.

Je revois le visage empreint de sainteté de mon père, le Gaon et Tsadik Rav Avraham Halévi Jungreis. Mes fidèles lecteurs savent que je tente de mentionner le nom de mon père dans presque chacun de mes articles pour que son mérite soit une protection et une bénédiction pour nous tous. Même en écrivant ces mots, j’entends sa belle voix tremblante : « Es iz shoin Elul- c’est déjà Eloul. » Aucun commentaire supplémentaire n’était nécessaire.

Aujourd’hui, cette déférence à l’égard du mois d’Eloul ne peut être appréhendée facilement. Loin de nous l’époque où la mention même d’Eloul réveillait les cœurs et les âmes. C’est Eloul qui exprime l’amour éternel qui lie le peuple juif au Tout-Puissant par un genre de lien difficilement cernable aujourd’hui.

Eloul est un acronyme de « Ani Lédodi Védodi Li - Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi ». De nombreux jeunes couples essaient d’exprimer leur amour mutuel en citant ce passage biblique, en ne réalisant pas qu’il s’agit d’une désacralisation du verset, qui décrit l’amour entre Hachem et le peuple juif.

Nous sommes donc au mois d’Eloul - et s’il y a un Eloul qui exige un réveil de notre part et un élan d’amour vers notre Père céleste, c’est bien ce Eloul.

Nous voyons aujourd’hui l’accomplissement de la prophétie de notre Torah sur Ichmaël et ses descendants : « Sa main sera contre tous… il résidera tranquille près de tous ses frères. »

Observez la terreur qui règne : les décapitations barbares, les attentats suicides, les meurtres aléatoires de Juifs et d’autres « infidèles » - qui touchent indistinctement jeunes et vieux, hommes et femmes. Nous voyons partout le sang couler à flot.

Nous avons d’autres prophéties, et j’en ai cité un grand nombre d’entre elles dans d’innombrables articles. Peut-être que la plus effrayante pour notre génération se trouve dans le Yalkout Chimoni, où il est écrit qu’avant la venue du Machia’h, le roi de Perse (l’Iran d’aujourd’hui) sera capable de détruire le monde entier. Cet enseignement a été corroboré par de grands Sages en Torah comme le Rav El’hanan Wasserman, selon lequel nous entrons dans une période de l’histoire appelée Ikéva Déméchi’ha - les traces du Machia’h - une période où l’approche du Messie sera perceptible et où nous devrons faire face aux vicissitudes d’Ichmaël.

Nous, Juifs, avons souffert pendant quatre exils, outre notre esclavage en Égypte - la Babylone, la Perse/Mède, les Grecs, et les Romains. L’exil dans lequel nous nous trouvons actuellement est celui de Rome. Ce sont les Romains qui ont détruit notre second Temple et nous ont fait prisonniers en nous faisant quitter notre terre.

Dans les Pirké Dérabbi Eliézer, une œuvre Midrachique ancienne, il est écrit qu’avant la venue du Messie, nous devrons faire face à une cinquième source de tribulations : Ichmaël infligeant des horreurs barbares au monde et à notre peuple.

Cet enseignement est réaffirmé par le Rav ‘Haïm Vital, l’illustre disciple du Arizal. Il écrit qu’avant que le dernier rideau ne tombe sur la scène de l’histoire, Ichmaël va se déchaîner et commettre des actes barbares jamais vus auparavant.

Il n’est pas nécessaire d’avoir un grand niveau de discernement pour reconnaître la douloureuse véracité de ces prédictions. Nous sommes la génération qui a été destinée à assister à l’accomplissement de la prophétie liée à Ichmaël.

Il y a une autre prophétie incroyable dans le Yalkout Chimoni : bien que le dirigeant de la Perse (l’Iran) va terrifier le monde avant la révélation du Machia’h, on nous dit : « Mes enfants, soyez sans crainte lorsque vous voyez que le moment de votre Rédemption est sur le point de survenir… »

Le Rebbe de Klausenbourg développait ce point : « Retenez ces paroles. Peut-être ne sont-elles pas comprises maintenant, mais, en temps voulu, elles le seront, et seront une source de soutien pour notre peuple. »

Si vous aviez entendu ces prophéties il y a des siècles - même il y a des dizaines d’années - vous en auriez ri. Mais aujourd’hui, cette situation paraissant impossible est devenue une réalité. Comment comprendre tout cela ?

Le Yalkout compare nos souffrances aux douleurs de la naissance. Mais les douleurs de la naissance sont trompeuses ; lorsque les contractions commencent, il est facile de les ignorer car elles sont faibles et interviennent à de longs intervalles. Alors que la naissance devient imminente, les contractions s’intensifient et la douleur devient insupportable. Lorsqu’il apparaît qu’on ne peut plus les endurer, le bébé naît et une nouvelle vie vient au monde. C’est également de cette manière que le Messie viendra au monde.

Peut-on se protéger de ces pénibles douleurs de l’enfantement ? Oui - et c’est pourquoi j’ai commencé cette rubrique en déclarant que s’il y avait un Eloul qui exigeait de notre part de nous adresser de tout notre cœur et de toute notre âme à notre Père céleste et renouer cette relation d’amour - « Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi » - c’est bien ce Eloul.

Comment y parvenir ? Ici aussi, nos Sages nous offrent une réponse claire pour ceux qui désirent s’épargner les douleurs de l’enfantement du Messie, résumée en une formule en 3 points :

1) Consacrez-vous à la Torah.

2) Accomplissez du Guémilout ‘Hassadim, des actes de bonté.

3) Soyez scrupuleux sur la Sé’ouda Chlichit – le troisième repas du Chabbath.

Les deux premières recommandations vont de soi, mais la troisième - la consommation d’un troisième repas du Chabbath - ne se conçoit pas facilement.

On nous prescrit de prendre trois repas le Chabbath - le soir du Chabbath (vendredi soir), Chabbath à midi (après l’office à la synagogue), et en fin d’après-midi, alors que la reine du Chabbath s’apprête à nous quitter.

Pendant ces trois repas, nous honorons les trois patriarches, les trois sections de nos écrits saints (la Torah, les Prophètes, et les Écritures), et c’est également un rappel des trois repas du Chabbath de manne, procurés par D.ieu au cours de notre séjour dans le désert (Exode 16 :25).

Ce dernier repas du Chabbath est appelé « Chaloch Sé’oudot » (qui, traduit littéralement, signifie « trois repas » plutôt que Sé’ouda Chlichit - le troisième repas). Nos Sages nous expliquent que les trois repas du Chabbath sont incarnés dans celui-là.

Nous prenons place à table, non pas parce que nous avons faim - nous avons pris un somptueux déjeuner peu de temps avant -, mais pour célébrer nos réalisations spirituelles en l’honneur d’Hachem. Au cours de ce repas, nous nous sommes départis de toutes nos icônes matérialistes pour nous relier à notre Alliance, à nos racines spirituelles scellées au Sinaï.

Mais est-il vraiment possible pour nous de remonter dans le temps au Sinaï ? Bien sûr que c’est possible - cet événement du Sinaï est gravé dans l’âme et le cœur de chaque Juif.

Ne désespérons pas. Il nous suffit de rallumer l’amour éternel qui nous lie à notre Père céleste. Et c’est le sens du mois d’Eloul.

Si une génération peut comprendre cette idée, c’est bien la nôtre. Unissons-nous et embarquons-nous dans ce merveilleux voyage d’amour vers notre D.ieu.

Pendant le mois d’Eloul, nous récitons le Psaume 27. Je vous livre ce psaume, source d’inspiration :

(Psaume) De David. Le Seigneur est ma lumière et mon salut : de qui aurais-je peur ? Le Seigneur est le rempart qui protège ma vie : qui redouterais-je ?

Quand des malfaiteurs m’approchent pour dévorer ma chair, mes adversaires et mes ennemis qui me guettent ce sont eux qui bronchent et tombent.

Qu’une armée prenne position contre moi, mon cœur n’éprouve aucune crainte ; que la guerre fasse rage contre moi, même alors je garde ma confiance.

Il est une chose que je demande au Seigneur, que je réclame instamment, c’est de séjourner dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie, de contempler la splendeur de l’Éternel et de fréquenter Son sanctuaire.

Car, au jour du malheur, Il m’abriterait sous son pavillon, Il me cacherait dans la retraite de sa tente, Il me ferait monter sur un rocher.

Dès à présent, je porte le front haut en face des ennemis qui m’entourent ; je vais immoler, dans Sa demeure, des sacrifices de triomphe, je vais chanter, célébrer le Seigneur.

Écoute, Seigneur, ma voix qui T’appelle, sois-moi propice et exauce-moi !

En Ton nom mon cœur dit : "Recherchez ma face !" c’est Ta face que je recherche, ô Seigneur !

Ne me cache point ta face ; ne repousse pas ton serviteur avec colère : Tu es mon soutien. Ne me délaisse ni ne m’abandonne, D.ieu de mon salut.

Car père et mère m’ont laissé là, mais l’Éternel me recueillera.

Guide-moi, Éternel, dans Tes voies, dirige-moi dans le droit chemin, à cause de ceux qui me regardent de travers.

Ne me livre pas à la fureur de mes adversaires, car ils se dressent contre moi, les témoins mensongers, ceux qui soufflent la violence.

Ah ! Si je n’avais la certitude de voir la bonté de D.ieu sur la terre des vivants !…

Espère en l’Éternel, courage ! Que ton cœur soit ferme ! Oui, espère en l’Éternel !


Récitez ce psaume du fond du cœur. Changez le monde en vous engageant à réciter ces paroles deux fois par jour, le matin et le soir, et par là, vous vous relierez à Hachem et apporterez des Brakhot à vous, votre peuple, et à toute l’humanité. Voici en substance le message du mois d’Eloul.