L'adolescence est une période d'opposition. Non pas un processus destructeur mais une démarche permettant à l'adolescent de bâtir sa propre personnalité.

L'enfant, pour grandir, a besoin de s'opposer. Il ne s'agit donc pas d'une révolte pure et simple, mais d'un processus naturel indispensable au bon développement du jeune.

Contrairement aux apparences, cette opposition n'est pas fondamentalement dirigée contre les parents. Absolument pas ! Elle est liée à eux, puisque l'éducation qu'ils auront dispensée à leur enfant s'avérera déterminante dans la manière dont ce dernier abordera son adolescence. Les rapports qu'ils auront entretenus avec lui, la manière dont ils l’auront aimé ou au contraire délaissé, tout ceci aura forcément des répercussions sur l'adolescence. Mais les parents doivent comprendre que dans le fond, l'adolescent ne vient pas s'en prendre spécifiquement à eux. Celui-ci les considère bien plus comme ses interlocuteurs privilégiés dans ce processus difficile d'adaptation qu'est l'adolescence.

Nous aussi, avons reçu une éducation lorsque nous étions enfants. Une fois devenus parents, nous essayons généralement de ne pas reproduire les erreurs commises par nos propres parents. C'est bien souvent ce qui va déterminer le comportement envers nos enfants. Petits, nous avons ressenti certaines réactions de nos parents comme des injustices, nous avons mal vécu certaines situations. Nous nous appliquons donc aujourd'hui à ne pas réitérer ces comportements envers notre progéniture. C'est ainsi que, bien souvent, certains parents éduquent leurs enfants d'une manière littéralement opposée à l'éducation qu’eux-mêmes ont reçue.

Il existe des parents qui, dans leur enfance, ont été éduqués de manière particulièrement stricte. Leurs propres parents se sont montrés rigides et sévères avec eux. Ils ont subi cris, coups et autres châtiments. Plus tard, avec leurs enfants, ces personnes vont adopter l'attitude inverse qui consiste à laisser faire, à faire preuve de laxisme. Comme si c'était préférable... Certes, l'enfant n'aura pas à subir les souffrances et les privations ; cependant, ce sentiment latent d'abandon et de désintérêt vis-à-vis de sa personne est présent. Et il ne manquera pas de ressurgir sous diverses formes à l'adolescence. En voulant à tout prix et sans réflexion préalable éviter un écueil, ces parents tombent dans un autre piège qui entraînera finalement les mêmes conséquences.

C'est vrai d’autant plus qu'il n'est pas aussi aisé de se débarrasser définitivement des reliquats de notre éducation. Inconsciemment, nous répétons toujours d'une manière ou d'une autre les mécanismes que nous avons pu observer chez nos parents. Il subsiste donc une sorte d'incohérence entre les valeurs que nous tenterons de transmettre à nos enfants et les mécanismes automatiques qui pilotent notre comportement au quotidien. Or notre enfant, avec sa capacité à déceler chez nous nos motivations profondes, ne manquera pas de relever cette incohérence.

Une fois cette réflexion abordée, posons la question de la réaction à adopter lors de cette période. Il convient en premier lieu pour les parents de s'armer de raison et de comprendre que leur ado n'agit pas contre eux. Exit donc d'être vexé, de se fâcher etc. L'on peut ensuite tenir à notre ado le discours suivant : « j'ai essayé de t'éduquer du mieux possible, mais il est vrai que j'ai peut-être commis certaines erreurs ». Cette honnêteté, notre jeune saura l’entendre. Ne pensez pas que ce discours revient à se montrer faible ou à perdre de son autorité. Au contraire, il s'agit de l'humilité qui est au final l'empreinte ultime de la grandeur. De cette manière, le parent délivre à son enfant un message d'une grande force. Évidemment, il n'est pas question de répéter chaque jour que l'on s'est trompé. Mais il est clair que le parent capable de se remettre en cause face à ses enfants évite bon nombre d'angoisses chez son ado en lui prodiguant un sentiment de sécurité et de proximité. Soudain, un fil le relie à ses parents. Eux aussi, comme lui, sont  faillibles.

Finalement, l’on arrive à la conclusion que le parent doit savoir « détourner » son regard de son ado pour s'observer lui-même et déceler quelles sont ses motivations profondes. L'enfant n'est qu'un enfant ou un jeune, il a du mal à saisir ce qui se produit en lui. Ce qui est certain, c'est qu'il est très influencé par nous. Il faut savoir que nos paroles et nos actes sont minutieusement scrutés et décodés. En tant que parents, nous devons être capables de nous poser constamment la question de savoir si nous sommes bien en phase avec notre enfant. Seule cette démarche réfléchie permettra à notre enfant d'avancer parce qu'il sentira que ses parents ne sont pas en train d’exiger ce qu'eux-mêmes sont incapables d'accomplir et qu’au contraire leur souci est son bien-être et qu'ils le comprennent réellement. Cette confiance constitue la base d'un rapport sain.