Nous ne cessons de blâmer le ‘formatage’ des enfants, consistant à graver dans leur cœur une pression morale et sentimentale qui les pousse à agir selon ce que les parents désirent obtenir d’eux. Le timbre peut parfois être très sévère, culpabilisant. Nous en sommes désolés, mais l’électrochoc s’impose pour soigner les malades du cœur.

Et nous sommes tous, enfants du monde moderne, profondément malades. Les progrès de communication nous ont tout simplement amenés à ne plus communiquer. Des familles se réunissent, des amis se rencontrent, des jeunes couples marchent côte à côte, mais personne ne communique !!! Chacun est plongé dans son satané portable, à vérifier pour la nième fois de la journée ses 3 boîtes mail pour vérifier si le message qui va changer le cours de sa vie n’est toujours pas arrivé.L’homme moderne est toujours passif. Il se trouve là où le vent l’a poussé, ne décide jamais activement de quoi que ce soit. Les agences de pub pensent pour lui, désirent pour lui, lui diffusent leurs messages subliminaux, et le manque est créé. Il se lance sur un nouveau crédit pour vivre avec son ère, troquer sa voiture 2011 contre le modèle 2013, acheter le iPhone 6 avant qu’Apple ne le crée, s’évader au bout du monde alors qu’il pouvait croquer la vie à deux pas de chez lui… Sans parler de la carrière du papa et de la maman…

Et à notre grand mal/bon/heur, notre cœur juif ne nous a pas lâchés malgré la course folle après le néant. Il reste plein d’amour potentiel pour sa progéniture, même s’il est trop occupé pour s’exprimer. L’homme moderne se souvient qu’il doit éduquer ses enfants lorsque le besoin s’impose – faire les devoirs, régler une dispute, les envoyer au lit. Or, l’unique moyen de les faire agir dans ces situations est ‘l’astreinte’. D’autant plus qu’il n’a pas de temps à perdre à les motiver gentiment. Donc, usage de la discipline. Puis la tempête passe, et il replonge dans cette amnésie. Et le ventre du gosse reste ouvert sur le billard, sans que personne ne vienne refermer la plaie. Paradoxalement, il n’entend de ses parents que des critiques destructives, parce qu’ils l’aiment !

Les générations précédentes ne suivaient pas de cours d'apprentissage sur l'éducation, et jouaient pourtant bien leur rôle de parent. Peut-être commettaient-ils parfois quelques erreurs pédagogiques, mais comme le dit Michlé, וְעַל כָּל פְּשָׁעִים תְּכַסֶּה אַהֲבָה - L’amour couvre toutes les fautes. Quand ils encourageaient un enfant, c’était leur cœur qui s’exprimait. Ni le conseil du pédagogue, et encore moins le souci de paraître bien devant les voisins…

A notre époque, nous avons nous aussi de grandes réserves d’amour dans notre cœur pour nos enfants. Mais tant que cet amour ne passe pas du potentiel au réel, l’enfant ne le perçoit pas. [A vrai dire, nous avons nous-mêmes du mal à le déceler au moment où nous ‘conseillons’ l’enfant à améliorer ses performances !] L’enfant perçoit de ce fait nos instructions comme une nouvelle critique du parent blasé !