Question d'une internaute : Bonjour, je viens de me marier avec un homme divorcé et père de deux filles de 4 et 8 ans. J'étais heureuse de démarrer ma vie de famille avec "'de l'avance" (je me suis mariée un peu tard !) mais voilà que ses filles ne sont pas du tout gentilles avec moi... dès que je leur demande quelque chose elles me disent "t'es pas ma mère". Je vois aussi que la grande monter sa petite sœur contre moi et ça me fait beaucoup de peine. C'est vraiment dommage mais malgré tous les efforts, je n'arrive pas à créer une bonne relation avec elle. Peu importe ce que je fais que j'essaye de les "gâter" ou de me montrer autoritaire rien ne change. L'ambiance est lourde à la maison même quand elles ne sont pas là (elles ne viennent qu'une semaine sur deux) car mon mari en souffre également.

La réponse de Nathalie Seyman

Mazel tov pour votre mariage ! Les premières années de mariage sont des années importantes où le couple se centre sur lui-même et construit ainsi les premières fondations de son amour. Il apprend à affronter le quotidien. C’est la naissance d’une famille. Lorsqu’il s’agit d’un second mariage, le couple doit aussi se construire mais il faudra compter avec une toute nouvelle donnée : les enfants du premier mariage. Et ce n’est pas une mince affaire. Mais lorsque l’on est soudés, patients et que l’on partage le même objectif, alors rien n’est insurmontable et l’harmonie est à portée de main.

La famille recomposée

Lorsque l’homme que l’on épouse a déjà des enfants, cela signifie que ces enfants ont subi le traumatisme du divorce même si tout s’est passé à l’amiable et d’autant plus s’il y a eu une guerre entre les ex-conjoints. Des enfants ne s’imaginent jamais leurs parents séparés avant que cela n’arrive. Pour eux, les parents sont une entité qui constitue l’essentiel de leur monde. Le couple parental définie la stabilité sur lequel repose l’enfant. Alors qu’ils devraient se concentrer sur la construction de leur identité, ils n’ont plus rien de fiable sur quoi se tenir.  Ils doivent donc faire le deuil du couple de leurs parents et cela peut prendre du temps selon leur sensibilité, leur environnement et bien d’autres facteurs. Il leur faut reconstruire une autre barrière de sécurité car celle qui symbolisait la famille qu’ils ont connue s’est à présent écroulée. Ils vont donc avoir du mal à refaire confiance en une nouvelle personne qui demande à faire partie d’une nouvelle famille avec eux. En attendant, voir une autre femme auprès de leur père à la place de leur mère est vraiment très difficile pour eux.

Devenir Belle-mère

Il est vrai qu’il n’est pas simple de devenir une épouse et une belle-mère en même temps. Il faut dire que les belles-mères n’ont pas une bonne image, il suffit de lire les contes pour enfant pour comprendre ce qu’elles représentent aux yeux d’un enfant au premier abord : la femme qui vole le papa, qui évince la maman et qui tente de la remplacer. Bref, la briseuse de famille. Pas facile de trouver sa place… La seule façon d’y arriver va être d’établir votre légitimité. Pour cela vous avez besoin de votre conjoint. Vos belles-filles ont besoin de comprendre que vous n’êtes pas de passage. Elles ont vécu l’échec du couple de leurs parents alors qu’est-ce qui leur prouve que le couple que vous formez avec leur père va s’inscrire dans la durée ? Il faut avoir avec votre mari une cohésion sans faille.

Il est certain que vous n’éviterez pas les « Tu n’es pas ma mère », mais il faut comprendre ce qu’elles cherchent à provoquer en vous via cette phrase : démontrer leur loyauté envers leur mère en ne pactisant pas avec la rivale, culpabiliser leur père de leur faire subir cette situation et vous rejeter par la même occasion. La meilleure réponse que vous pouvez avoir c’est ne pas vous excuser de ne pas être leur mère,  de savoir parfaitement où est votre place et de leur faire entendre que vous y êtes indéfiniment. Il faut leur faire comprendre que vous êtes légitime dans votre maison de donner des règles et des limites car même si vous n’êtes pas leur mère, vous êtes à une place et une fonction parentale. Mais qu’au-delà de ça elles pourront toujours compter sur vous, que vous serez une alliée de plus dans leur vie et qu’une fois le deuil du mariage de leurs parents abouti, vous espérez trouver une place de choix dans leur cœur.

Conseils

- Savlanout, c’est-à-dire patience, le temps est votre meilleur ami. Elles sont encore très jeunes et leur capacité de raisonnement est très immature à leur âge. Il leur faut beaucoup de temps encore pour reconstruire une image stable de la famille. Soyez donc patiente, tout cela ne se fait pas en quelques jours ni même en quelques mois.

- Laissez parfois votre mari sortir seul avec ses filles. Il est important qu’elles voient que vous ne cherchez pas à vous immiscer entre elles et leur père mais qu’au contraire, vous organisez ces moments.

- Vous apprenez à être belle-mère, tout comme n’importe quel parent apprend à le devenir, vous allez faire des erreurs et c’est normal. Ne culpabilisez pas et apprenez de ces erreurs pour vous diriger vers un meilleur chemin qui donnera des résultats plus satisfaisants.

- Soyez soudés avec votre conjoint. Il doit vous soutenir coûte que coûte et si vous avez des désaccords, parlez-en en privé et non devant ses filles. Il doit vous autoriser à avoir un rôle auprès de ses enfants. La confiance qu’il met en vous devant elles a une grande importance.

- Gardez la Emouna, rien ne se fait sans la volonté d’Hachem. S’il a voulu que vous entriez dans la vie de ces petites filles c’est que vous avez un rôle à jouer dans leur vie. Il est aussi très important de prier pour demander le chemin de l’harmonie au sein de votre famille.

- Si cela ne s’arrange pas avec les années, n’hésitez pas à consulter un thérapeute pour effectuer une thérapie familiale. Cela pourra débloquer la situation. 

Il vous faut comprendre la souffrance de vos belles-filles et que leur façon de réagir est un mécanisme de défense. Les forcer à vous aimer n’arrangera pas les choses mais à force d’amour, de compréhension, de patience, de moments de joie, de rires et aussi de petits conflits, bref les aléas de toute famille normale et aimante, alors elles parviendront à dépasser leur colère et leur réserve et pourront voir en vous celle que vous voulez être à leurs yeux.

Béhatsla’ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.