Bonjour, je m’appelle Ilana, j’ai 26 ans. Je suis divorcée, sans enfant Baroukh Hachem. Je prends aujourd’hui la parole pour témoigner de mon expérience douloureuse auprès d’un homme problématique, qui m’a fait du mal, a abusé de ma confiance et a brisé mes rêves de jeune fille naïve. C’est le cœur morcelé que je raconte mon histoire, celle d’une femme divorcée d’un « pervers narcissique ».

Sous le masque…

Quand c’est arrivé, je n’arrêtais pas de pleurer. Sur mes désillusions, sur le gâchis, sur le deuil de la jeune fille naïve que j’avais été. Trop naïve même. Moi qui pensais avoir trouvé l’homme parfait. Tout était vraiment parfait au début. Il me parlait et moi, je planais au son de sa mélodie en m’imaginant déjà le petit nid d’amour que nous construirons lui et moi. Quelque chose me lui en magnétisait. A force de paroles, il a réussi à attraper mon cœur dans ses filets.

Aujourd’hui, après coup, je peux affirmer qu’il existe des gens à la personnalité corrompue et destructrice, qui ont pourtant une qualité – c’est le charisme. Grâce au charme qu’ils savent déployer, ils conquièrent une femme comme un prédateur avec sa proie. Hélas quand la victime comprend qu’elle est sur le point de se faire dévorer, il est déjà trop tard pour faire marche arrière, elle est déjà piégée. J’ignore s’il s’agit d’une stratégie bien pensée ou que c’est juste que cela se passe ainsi dans les faits, mais la réalité est là, implacable. Je ne m’en suis rendue compte qu’une fois mariée, et pas avant.   

L’erreur de mes parents fut je pense de ne pas m’avoir guidée lors de la période de Chiddoukhim. Je ne leur en veux pas, car je sais qu’ils agissent ainsi pour le bien de leurs enfants. Ils ont toujours considéré que nous étions assez grands pour faire les bons choix et ont préféré nous laisser nous débrouiller seuls. Mais au niveau des Chiddoukhim, c’est un pari trop risqué. Une jeune fille de bonne famille manque forcément d’expérience. Elle ignore qu’elle doit faire preuve d’un minimum de suspicion et ne pas accorder sa confiance au premier venu. Comment aurait-elle pu savoir, cette jeune fille de bonne famille, qu’il existe des parents prêts à tout pour « caser » leur fils problématique, pourvu qu’ils s’en débarrassent ? Comment aurait-elle pu interpréter leur bienveillance à son égard autrement que par de la bienveillance ? Ce n’est que bien après que j’ai compris que le seul intérêt que je revêtais à leurs yeux était de leur permettre de marier rapidement leur fils. Mon bien-être à moi ne faisait pas partie de leur lexique. Avec le temps, j’ai appris à prendre soin de moi et à ne pas me reposer aveuglément sur les autres.

Ce que je ne parviens pas à comprendre, c’est l’acharnement de ces gens à se marier coûte que coûte. Au fond d’eux, ils savent que le mariage ne pourra pas tenir, alors pourquoi ne choisissent-ils pas le chemin de la thérapie plutôt que celui de la ‘Houpa ? Pourquoi broyer quelqu’un d’autre sur leur passage ?

Quand l’alarme sonne – trop tard

Je me dois d’être tout à fait honnête et avouer qu’avant le mariage, quelques signaux d’alarme m’ont été envoyés. Il annonçait certaines choses et faisait le contraire, il s'embourbait dans des promesses qu’il ne tenait pas. Quand je lui demandais des explications, il remettait le masque de l’homme sûr de lui sur qui on peut compter. A posteriori, je réalise que tous mes sens étaient en alerte, une petite voix à l’intérieur me disait que quelque chose ne tournait pas rond. Mais c’était déjà trop tard. Je n’avais pas la force de tout plaquer. Etait-ce parce que je ne voulais pas décevoir tout le monde ? Etait-ce parce que je ne voulais pas avouer que mon rêve était en train de s’effondrer ?

La nuit je pleurais en silence. Je me rassurais en me disant que ses bizarreries étaient dues au stress d’avant le mariage, mais qu’après, tout s’arrangerait. Evidemment, rien ne s’est arrangé. Ni avant, ni après. Au contraire, la situation n’a fait qu’empirer, et moi j’étais perdue dans les dédalles de mes désillusions. Je n’arrivais même pas à appeler à l’aide.

Au jour le jour auprès d’un pervers narcissique

 Avant le mariage, il m’avait assurée qu’il partageait son temps entre l’étude de la Torah et des études de marketing. Je l’ai cru. Dans les faits, je ne l’ai pas vu étudier une seule page de Guémara ni de quoi que ce soit d’autre tout le temps qu’a duré notre mariage. Quand je sortais le matin pour me rendre au travail, j’étais persuadée qu’il sortirait peu après, étudier, travailler, faire quelque chose. Une fois, je suis revenue à la maison une demi-heure après, car j’avais oublié mon portable. Je l’ai trouvé au lit. Puis je me suis souvenue que ça n’était pas la première fois. Qu’il y était constamment, au lit. Le matin, l’après-midi, le soir. Ni Téfilin le matin, ni prière l’après-midi, ni étude, ni travail, ni courses, ni aide à la maison. Rien. C’était de l’intox du début à la fin. 

Comment avais-je pu me tromper à ce point ? Etais-je une proie facile, qu’on peut attraper dans n’importe quel filet ?

De mon côté, je ne l’intéressais pas le moins du monde. Jamais un mot gentil, jamais une attention, malgré le fait que je me démenais pour donner un sens à ce mariage impossible. Pas de compliment sur mes tenues ou sur les petits plats de Chabbath, ni de remerciement sur l’entretien de la maison. Rien ! Mais des critiques et des vociférations, ça j’en ai eu en abondance. Il me rabaissait sans cesse, ne m’encourageait jamais à rien. La seule chose qui l’intéressait chez moi, c’était mon argent. Comme j’étais la seule à travailler, mon salaire est vite devenu la caisse dans laquelle il se permettait de se servir sans scrupule. Tout était à mon compte : le loyer, les courses, ses cigarettes. Souvent sans même que je ne le sache. Où était le compte-épargne qu’il avait promis de déverrouiller après le mariage ?   

J’ai pourtant essayé de l’aider. Je me rappelle que nous avions eu plusieurs discussions sur la façon dont il pourrait s’en sortir, mais rien n’y fit. Comment s’en sortir quand on ne fait même pas l’effort de se lever du lit le matin ? 

Sa mère de son côté me demandait souvent comment allait son fils. « Comment va-t-il ? Comment se sent-il ? » Mais pourquoi me demande-t-elle ça tout le temps, me disais-je, comme si le bien-être de son fils n’allait pas de soi et que c’était quelque chose à placer en permanence sous surveillance ?

Aujourd’hui, Baroukh Hachem, je suis après. Je tente de panser mes blessures, même s’il me faudra probablement des années pour y parvenir. Je me sens fragile, comme un vase qu’on aurait brisé puis recollé. Je lutte pour retrouver la joie de vivre et le sourire qui étaient les miens avant toute cette histoire. Optimiste de nature, je crois d’une foi parfaite qu’à partir de là, Hachem a prévu des choses merveilleuses pour moi. Tombée si bas, je ne peux que remonter ! 

J’espère que mon témoignage permettra à d’autres personnes d’être plus méfiante et d’éviter certaines erreurs. Je serais heureuse d’entendre vos expériences et les conseils que vous auriez à me donner pour m’aider à reprendre le cours de ma vie !

Ilana