La journée d'aujourd'hui était à priori comme les autres. Mais elle s’est avérée être une journée très spéciale, dont je me souviendrai chaque jour, et particulièrement le jour de Ticha’ Béav…

Après avoir récupéré mes enfants de l’école, je les ai sortis au parc avant de rentrer à la maison. Sur le chemin du retour, je leur ai distribué à chacun un gâteau, mais, arrivée à mon petit troisième, je me suis rendue compte qu’il m’en manquait un...

Comprenant ce qu’il se passait, ma fille s’est immédiatement retournée et lui a tendu le sien.

Ébahie, je lui ai dit : « Merci ma chérie, c’est vraiment très gentil de ta part ! »

En entendant ça, mon "deuxième" tendit à son tour son gâteau à sa sœur, l’air heureux et fier !

Et c’est alors que mon petit troisième tendit à son tour son gâteau à son grand frère ! Nous nous sommes alors tous regardés avant de rire… Et moi, je ressentis une émotion particulière, une fierté pour cet élan de générosité si pur et instinctif de la part de mes chers enfants.

J’ai alors repensé à une histoire, que j’avais entendue, et qui m’avait beaucoup émue…

C’était l’histoire de deux frères. L'un était marié avec des enfants, et l'autre était célibataire et vivait seul. Ils étaient très proches l’un de l’autre, à tel point qu’ils habitaient l’un à côté de l’autre ! Leurs maisons et leurs jardins étaient collés. Toutes les nuits, pendant plusieurs années, chaque frère accomplissait, en cachette, un merveilleux acte de ‘Hessed pour l’autre. Chacun sortait furtivement de chez lui et laissait discrètement et secrètement une partie de ses récoltes dans la propriété de l’autre. Le frère marié voulait aider son frère célibataire, car il était seul et n'avait personne d'autre pour s’occuper de lui. Et le frère célibataire, lui, voulait aider son frère marié, car il avait Baroukh Hachem beaucoup de bouches à nourrir. Il souhaitait ainsi alléger son fardeau.

Et voilà qu’une nuit, les deux frères quittèrent leur maison à la même heure, quand soudain… leurs chemins se croisèrent ! Chaque frère fut alors stupéfait de voir l'autre avec sa poignée de récoltes et, lorsqu’ils comprirent ce qui se passait, pris d’émotion, ils lâchèrent tout, s’enlacèrent tendrement et se mirent à pleurer dans les bras l’un de l’autre !

Lorsque Hachem vit cette scène tellement émouvante se dérouler, cela eut un impact immense dans le ciel, et Il décida alors de construire le Beth Hamikdach (Temple) à cet endroit précis !

A l’époque, quand j’avais entendu cette histoire, je pensais l'avoir comprise : les frères ont fait une Mitsva qui a rendu Hachem heureux ! Et Il a donc décidé de s'installer à cet endroit.

Mais ce soir, après avoir vu la générosité si pure et spontanée de mes enfants, je me suis rendu compte qu’il existait surement une raison plus profonde pour laquelle ce lieu avait été choisi.

Même si nous avons beaucoup de mal à imaginer comment c’était de vivre à l’époque où le Beth Hamikdach existait, nous comprenons qu’il a été construit pour qu’Hachem puisse être proche de nous.

Aujourd’hui, quand j’ai vu mes enfants se soucier si gentiment les uns des autres, j’ai compris exactement pourquoi Hachem avait choisi cet endroit comme étant Son Saint des saints. Lorsque nous voyons nos enfants se comporter de manière aussi désintéressée et penser à l’autre avant lui-même, tout ce que nous voulons faire, c'est être proches d'eux.

Nous savons que le deuxième Beth Hamikdach a été détruit à cause de la haine gratuite, et que, pour avoir le mérite de voir sa reconstruction, nous devons redoubler d’amour gratuit envers les autres !

Pourquoi cela semble si difficile d’arriver à aimer l’autre gratuitement, sans rien attendre en retour ? En y réfléchissant, j’ai réalisé que c’est à la portée de chacun, et à tout moment ! Il suffit juste d’y penser, et de le vouloir sincèrement ! A chaque instant de notre journée, nous avons de nombreuses occasions d’accomplir cette Mitsva si puissante et extraordinaire : embrasser son enfant, dire merci à son mari, faire une course à ses parents, faire un sourire à une amie, en écouter une autre… aider une personne que nous ne connaissons pas !

L’amour gratuit peut aussi s’exprimer simplement dans son cœur, en étant indulgent envers l’autre, en le jugeant favorablement, en s’imaginant sa souffrance et en le comprenant.

Chacun de ces petits gestes est à notre portée, chaque jour, chaque heure, il nous suffit d’ouvrir notre cœur, parfois notre porte, ou encore notre bouche…

Puissions-nous rendre notre Père céleste fier de la façon dont nous nous traitons les uns les autres et mériter que ce Ticha’ Béav soit le dernier que nous passions à jeûner !