Je voudrais vous raconter mon histoire. Elle est douloureuse mais pas d'inquiétudes, elle finit bien. Beaucoup de personnes se reconnaîtront dans mon parcours et j'ai décidé de le raconter pour les aider, et qu'elles sachent que "d'autres sont passés par là". J'ai une mère toxique. 

Une maman pas comme les autres

Les psychologues ont tout un vocabulaire pour les définir, analyser leur comportement, donner des conseils (dont l'un est de s'enfuir) mais lorsque c'est une mère et que l'on est enfant, avouez que ce n'est pas si simple !

Comme j'étais une enfant modèle et docile, sa rigidité, ses manipulations, ses intimidations trouvèrent un terrain facile et fertile. 

Je pensais qu'elle m'aimait et je faisais des efforts pour lui plaire, mais en grandissant j'ai compris que son amour était conditionnel et que j'étais enfermée dans une cage dorée d'où je n'avais pas d'issue. J’avais été programmée, formatée pour faire sa volonté et correspondre parfaitement à l'idée qu'elle se faisait de ce à quoi devait ressembler sa fille. 

Lorsque j'ai décidé de me rapprocher du judaïsme, son masque est tombé et sa névrose s'est exprimée au grand jour. Elle critiquait, humiliait en public, dégradait car incapable de gérer des données qui lui échappaient. Mon choix, elle le sentait, allait me sortir de son emprise. Ces mots peuvent vous paraître exagérés, mais toute personne ayant subi le contact d'un être toxique, sait parfaitement de quoi je parle. 

J'ai rencontré un garçon charmant et nous avons décidé de nous marier. Ma mère manifestait ouvertement son mécontentement sur le choix de mon fiancé. Elle laissa cependant entendre, sans doute pour garder la face de la mère soucieuse et aimante, qu'elle m'aiderait pour financer la robe de mariée. 

Et puis ayant passé une nuit chez elle, elle a fouillé dans mes affaires et a trouvé un relevé de banque qui indiquait le versement d’une grosse somme à la Tsédaka (charité).
Il s'agissait en effet d’un montant assez important qui réunissait plusieurs mois de Ma’asser. Elle ne m’a pas demandé ce que c’était et m’a accusée de donner de l'argent à une secte alors qu’elle, "victime" de ma fourberie, m’aidait financièrement pour mon mariage !

Il était vain d'essayer de lui expliquer quoi que ce soit, cela l’aurait énervée encore plus...

Bref, nous nous sommes quittées fâchées, sans plus nous parler pendant des semaines. 

Un mariage... sans robe de mariée !

Quelle Kalla (fiancée) je faisais ! Sans robe de mariée, perdue et malheureuse. Mon fiancé et sa famille  étaient très gentils avec moi mais je n'avais de cesse de me demander pourquoi je n’avais pas une famille à moi qui m’aimait pour ce que j’étais.

Ce qui m’accablait le plus était le fait que ces journées de préparatifs qui auraient dû être des moments joyeux, s'avéraient être tristes et moroses. J'avoue que les robes de Gma’h n’étaient pas du tout mon style et mes petites économies ne me permettaient pas de m'offrir la robe dont je rêvais. 
Je me sentais terriblement seule et déprimée.  

Et puis, 3 semaines avant le mariage je reçus une lettre des impôts. En l'ouvrant j’ai eu du mal à croire ce que je lisais : ils expliquaient qu’ils me remboursaient un "trop perçu". J'ai écarquillé les yeux par deux fois. Imaginez, les impôts qui remboursent (!!), et de plus une somme représentant exactement l’équivalent de la tenue de mariée dont je rêvais. 

J’ai compris à ce moment là et bien des années après, que lorsqu’on ne reçoit pas la famille qu’on aurait voulue, notre vrai « Père », Lui, est toujours là. Et quant Il vous donne, Il prend tous vos besoins en compte, dans les moindres détails, au delà de vos espérances, avec un amour infini et inconditionnel. 

Jamais je ne pourrais oublier cette sensation qui m'a enveloppée. J’ai ressenti qu’Il se penchait sur moi pour s'occuper directement de mon cas.

Lorsque je doute de moi, qu'un évènement m'interpelle, que quelque chose ne se passe pas comme je l'aurais souhaité, je me rappelle toujours cette histoire magnifique qui m'est arrivée. 

Je souhaite à toutes les lectrices de ressentir elles aussi cet amour infini dans leur vie et même si en général tout n’est pas si limpide, si clair, de savoir qu’Il est là, présent, se souciant de vous comme seul un Père aimant peut l’être pour sa fille. 

Ma relation mère-fille...

En épilogue, je suis sûre que vous vous demanderez comment, avec le temps, j'ai géré les relations avec ma mère. 

Baroukh Hachem, le mariage aidant, la distance géographique également (nous habitons dans des pays différents), son emprise s'est relâchée. J'ai pris conseil avec des Rabbanim, car je reste sa fille et la Mitsva d'honorer ses parents m'incombe. Mais dans mon cas, il est évident qu' il faut parfois faire le contraire de ce qu'il faudrait faire avec une maman "comme les autres" et la Mitsva de se protéger (Vénichmartem Méod Lenafchotékhem) prend le dessus. 

Ma vie de femme et de mère me comble, même si parfois, une petite ombre, une vague à l'âme me rappelle que je n'ai pas eu une maman tout à fait comme les autres....

Jocelyne Scemama, d’après un témoignage reçu de A.A.