On me demande souvent pourquoi je me suis convertie, ma réponse est toujours la même : "Si les gens découvraient la Torah, ils se convertiraient tous !". J’ai 22 ans en 2016 lorsque j’entre dans une librairie juive à Lyon, je termine ma licence de Lettres Modernes et hésite encore entre un Master Sciences des religions ou un Master des Métiers de l’enseignement. Je tourne dans cette librairie sans savoir vraiment ce que je cherche, si ce n’est quelques ouvrages sur le Judaïsme... 

J’avoue être assez impressionnée par tous ces livres dont je n’ai aucune connaissance, « le Chabbath », « la pureté familiale »… le libraire m’interpelle et me demande si j’ai besoin d’aide, je lui explique alors que je suis étudiante et désireuse de poursuivre un Master en Sciences des religions, ne connaissant rien au Judaïsme je lui dis que je souhaite en apprendre davantage. Il me conseille quelques livres et me parle d’un Rabbin qui donne des cours et qui serait susceptible de m’intéresser, il me transmet son numéro. J’attends quelques jours avant de joindre ce Rabbin qui me propose finalement de me rendre à son cours. C'est là que tout a commencé...

Ma décision est prise !

Le dimanche 6 mars 2016, j’arrive dans une salle, les femmes sont d’un côté, en jupe, et les hommes sont de l’autre côté. Je suis gênée, en pantalon, je me fais toute petite et écoute. J’ai du mal à saisir le sens du cours mais cette complexité et les nombreuses références que je ne connais pas m’intriguent. Le cours terminé, je me présente au Rabbin et lui explique ce qui m’a fait venir à lui. Il me regarde sans me répondre; confuse, j’attends. Il me dit alors qu’à titre exceptionnel, je peux assister à ses cours et que si cela ne m’intéressait plus, je pouvais ne plus y venir sans avoir besoin de me justifier. 

Les mois s’enchaînent et je suis là, présente chaque semaine au cours de ce Rabbin; un stylo à la main, je note sur mon petit cahier bleu chacun de ses mots. Je rentre chez ma mère et lui raconte le peu d’éléments que j’ai pu saisir, et elle devient aussi intéressée que moi ! Ces cours de Moussar (pensée juive) mettaient surtout l’accent sur l’importance, pour chacun d’entre nous, de « travailler sur soi-même », sur le fait que la vie est, entre autres, un perpétuel combat contre le mauvais penchant que nous pouvons dominer si nous faisons l’effort de prendre du recul, se taire, comprendre l’autre…

J’étais littéralement fascinée ! Quelques mois plus tard, à la suite d’un cours, le Rabbin souhaite me parler, il me dit qu’il est content de me voir si assidue et me demande ce que je compte faire. Je lui réponds alors que je suis tellement émerveillée par ses enseignements, et par cette vérité qui s’en dégage de manière si évidente, que je souhaite me convertir !

Une révélation intérieure

Juillet 2016 : alors que le Rabbin m’a précédemment expliqué que je devais écrire une lettre au Tribunal Rabbinique, je reçois une réponse. Je suis convoquée « pour une éventuelle conversion au Judaïsme ». Dans la salle d’attente, mon cœur bat lorsque j’aperçois le Dayan (Juge), Rav Teboul qui me demande de le suivre. Assise dans son bureau, la voix tremblante, les larmes aux yeux, je suis envahie par un torrent d’émotions inexplicable; je me contrôle tout de même et lui explique mon histoire. Le Juge me pose des questions sur l’existence de D.ieu, la création du monde, l’Alliance du peuple Juif… je réponds ce que je sais, sachant que je suis encore loin de la Vérité. Un sourire aux lèvres, il me donne patiemment les réponses à ses questions et conclut par me fixer un autre rendez-vous en Septembre.

Septembre 2016 : le Juge me questionne de nouveau sur mon désir de conversion, mes réponses restent les mêmes. Il m’indique alors les cours auxquels je dois assister et me donne les coordonnées d’une enseignante d’hébreu, Madame Amar. J’ai cinq cours par semaine au total et une quantité incommensurable d’informations que je dois assimiler chaque semaine, en parallèle de mes études. Ma mère qui m’accompagne dans ma conversion, me demande un jour si le nom « Amar » est Juif. Je lui réponds oui puisqu’il s’agit du nom de mon enseignante, qui est Juive. Elle me dévoile alors quelque chose d'incroyable… que le nom de mon arrière grand-mère était « Amar » et qu’il se pourrait que mon grand-père paternel soit Juif !

Mais je ne prête pas vraiment attention à ses propos, jusqu’à ce que lors d’un entretien avec le Juge, celui-ci me demande si je n’ai pas des origines juives. Après plusieurs recherches, j’ai la certitude que mon grand-père est Juif, je décide alors de lui en parler. Mais il se braque, et me dit qu’il n’est pas Juif du tout. Je ressens alors que je ne dois pas insister davantage, la conversation s'arrête là...

La boucle est bouclée…

22 février 2018 (le 7 Adar dans le calendrier hébraïque) : c'est le jour de mon Mikvé tant attendu ! Après deux années de durs apprentissages, de rencontres exceptionnelles, de joie, mais aussi de pleurs et de remise en question, ça y est… une page se tourne. Je deviens Juive. Mon prénom de naissance est Sarah, mais je choisis de le changer pour Dvorah (Déborah).
Je contacte une nouvelle fois mon grand-père et je lui annonce que je me suis convertie au Judaïsme.

Et c’est là qu’il m’avoue alors...être Juif ! Sûrement traumatisé de la guerre, je comprends qu’il a voulu nier ses origines par honte (il est marié à une non-juive, et j’essaie aujourd'hui petit à petit de le faire revenir à la pratique…).
Lorsque j'ai fait part au Juge de cette incroyable découverte et de ma conversation avec mon grand-père, il m'a expliqué que ma conversion était la réparation de cette cassure qui avait été faite à partir de mon grand-père...

Tout est pour le bien !

Le chemin a été long et difficile; alors que j’entrais dans une librairie dans l’idée de ressortir avec quelques livres sous le bras, je sais aujourd’hui que j’ai été guidée et que « tout est pour le bien » !
Aujourd'hui j'ai 26 ans, j’ai obtenu mon Master, je suis mariée depuis neuf mois, et mon mari et moi habitons en Israël. Il est vrai que trouver mon mari n’a pas été facile. En effet, la conversion n’est pas acceptée par tout le monde et reste un sujet délicat. 

A ce propos, je tiens à m'adresser tout particulièrement à toutes les célibataires qui liront mon témoignage… Je suis née dans le sud de la France, je suis venue à Lyon à l’âge de douze ans, mon mari est Israélien et est venu à Lyon pour son travail. Rien ne nous destinait à nous rencontrer, et pourtant… D.ieu reste le meilleur entremetteur du monde ! Alors si vous cherchez votre âme sœur, ne désespérez jamais et intensifiez vos prières ! Car au-delà du fait que D.ieu guide chacun de nos pas pour notre bien absolu, Il a également déjà prévu quelqu’un pour chacune d'entre vous…

Témoignage reçu de Sarah Dvorah

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