Pour moi, vivre en Israël, c’est ce soleil à la fenêtre chaque matin, et les bus du dimanche pleins de soldats et d’élèves de Yéchiva, se protégeant mutuellement.

Pour moi, vivre en Israël, c'est marcher dans une ville que je ne connais pas, mais me sentir chez moi.

Vivre en Israël, c'est entendre une langue familière qu'on appelle "sleng", ces expressions que nous sommes seuls à connaître, lorsqu’on se sent chez soi, on peut se permettre de parler un peu plus simplement, un peu plus vrai.

C'est aussi se plaindre du service, tout en laissant un pourboire au serveur du café, en comprenant qu'un peuple de princes n'a pas l'habitude de servir.

Vivre en Israël, pour moi, c'est voir d’un côté du carrefour des ‘Habad, et de l’autre, des manifestants, avec cette sensation absurde que les deux côtés font partie de moi.

Vivre en Israël, pour moi, c'est vivre et ressentir toutes les fêtes dans ce melting-pot de cultures et d'origines qu'on ne rencontre qu'ici. C'est voir un Ashkénaze célébrant la Mimouna, et entendre un Séfarade chanter en yiddish des chants de Chabbath.

Vivre en Israël, pour moi, ce sont ces dizaines de partis politiques, d'opinions et de couleurs différentes ; lorsqu'on rentre chez soi, on se doit de préciser notre vraie identité.

Vivre en Israël, c'est avoir ce privilège unique de débattre sur la bénédiction que l'on doit réciter pour remercier le ciel de vivre cette réalité, imparfaite mais pleine de miracles cachés.

Vivre en Israël, pour moi, c'est voter en déposant une enveloppe ornée du symbole de la Ménora, c'est faire ses courses dans la langue des prophètes et payer avec une monnaie qui porte le nom du "Shékel Hakodech".

Pour moi, vivre en Israël, c'est savoir que tout est orchestré, et ressentir cette "Hachga’ha Pratit", cette surveillance divine qui soutient chacun, à chaque instant, du début à la fin de l'année.

Vivre en Israël, pour moi, c'est voir ces avions par dizaines, ramenant du monde entier des soldats revenus pour combattre, sans même avoir été rappelés.

Vivre en Israël, pour moi, c'est croiser un soldat dans son uniforme et ressentir la "Chékhina", le saluer du cœur, en murmurant une prière, afin qu'Hachem le protège et le ramène rapidement auprès des siens.

C'est se disputer, en silence, le privilège et le mérite de payer pour un soldat réserviste en congé, sans se rendre compte qu'entre-temps, d’autres nous ont devancés.

Vivre en Israël, pour moi, c'est concrétiser à travers mon quotidien, ma vie de tous les jours, la réalisation de tant de rêves et de prières.

C'est souhaiter : "l'an prochain à Jérusalem reconstruite", et qu'un seul mot sépare le rêve de la réalité.

Vivre en Israël, pour moi, c'est essayer d'être ce miraculé, qui reconnaît le miracle, et imagine toutes les générations d'exilés, ces générations de prières exaucées.

Vivre en Israël, c'est savoir que même dans la difficulté, quand je me promène dans les rues, entre ces enfants et ces vieillards au visage lumineux, le simple fait d’être ici exauce les plus belles des prophéties.

Vivre en Israël, c'est remercier le ciel tous les jours d'appartenir à ce peuple unique, qui dévoile chaque jour sa grandeur et sa sainteté.

Vivre en Israël, pour moi, c'est être le cœur de l'existence, cette rédemption croissante.

C'est perpétuer une  chaîne de générations, une chaîne de  larmes, de remerciements et de prières, une prière qui se joint à celles de tous ceux qui n'ont jamais cessé de rêver, "cette année au Beth Hamikdach, cette année à Yérouchalaïm"...