Question d'une internaute : "J'ai une fille de 10 ans qui a beaucoup d'agressivité en elle, elle hurle souvent pour rien, limite hystérique avec sa soeur de 14 ans. C'est une enfant qui a toujours été difficile à élever, mais c'est de pire en pire, elle n'accepte aucune limite, elle fait tout le contraire de ce que je lui dis de faire. En aucun cas elle ne m'aiderait à la maison, c'est une 'peste', alors qu'à l'école, c'est un ange. C'est ma fille, je l'aime, mais c'est de plus en plus difficile, j'ai même cru qu'elle était hyperactive, mais le pédiatre qui la suivait m'a dit que non, et qu'elle était "juste" pleine de vie. En tant que mère, je ne me sens pas ou plus de l'aider, c'est pour cela que je commence à en parler. Dites-moi ce que vous en pensez. Merci d'avance !"

La réponse de Mme Nathalie Seyman

A chaque époque ses maux… De nos jours, nous avons tendance à étiqueter de plus en plus rapidement un enfant un peu vif comme hyperactif. Or, il faut savoir que les cas de TDAH (Troubles du Déficit de l’Attention avec/ou sans Hyperactivité) sont très peu nombreux en réalité, car ils ne concernent que 5% des enfants. La réalité se trouve donc ailleurs. Et si elle était simplement en nous ?

Enfants difficiles ?

Lorsque nous avons des difficultés à élever l’un de nos enfants (ou plusieurs), nous avons tendance à dire qu’il s’agit d’un enfant difficile. Mais quelle est la véritable signification de ce que nous sommes en train d’affirmer ? Qu’Hachem nous aurait envoyé un enfant avec un mauvais caractère ? Que cet enfant a décidé de s’opposer à nous dès la naissance ? Cela serait-il inscrit dans ses gènes ? Il est bien évident que tout cela est faux. En réalité, il n’existe pas d’enfant difficile. Et il faut bien intégrer ce fait, car si l'on s’obstine à le penser, si l'on reste convaincu du bienfait de cette théorie, alors on prend deux risques :

- celui d’enfermer l’enfant dans une image à laquelle il décidera de s’identifier : “Si maman pense que je suis comme ça, alors je ne vais pas la décevoir…”

- celui de ne jamais se remettre en question dans notre rôle de parent : si mon enfant est un enfant né difficile, alors je ne peux rien y faire...

En réalité, le terme plus exact serait de relation difficile. C’est-à-dire que la communication, la transmission et l’autorité passent de manière moins fluide entre cet enfant et vous. Quelle en est la raison ? Pourquoi avec cet enfant et pas avec les autres ? Cela peut être lié à notre histoire, à celle de l’enfant, ou bien tout simplement à notre sensibilité ou à la sienne. Nous, les adultes, sommes tous différents et il en est de même pour les enfants. Certains comprendront une règle donnée d’une certaine façon et, pour d’autres, cette façon de faire ne conviendra pas. Et comme les enfants sont comme un miroir, certains peuvent nous renvoyer à nos propres échecs et d’autres, à nos réussites. C’est ainsi que nous considérerons parfois un enfant comme “facile”, alors que l’autre nous paraîtra “difficile”. Et comme ce n’est pas l’enfant qui décidera consciemment de changer cet état de fait, ce sera donc à vous, parent, de devoir le faire.

Reprenons confiance en notre autorité

A la base, un enfant n’a pas de limites. C’est normal, c’est son fonctionnement. Il fait ce dont il a envie au moment où il en a envie. Seule l’éducation peut le sortir de cela. Mais le plus important est qu’il ne doit pas avoir la sensation que ces règles ne sont qu’un rapport de force à la fantaisie des parents. Car si c’est le cas, alors il décidera de désobéir et de s’opposer à ses parents. Bien sûr, chaque enfant est différent et certains écouteront, plus par peur que par compréhension des règles.
En fait, l’important est que les parents soient persuadés que leur autorité est légitime. Ce que j’impose à mon enfant, je ne le fais pas parce que je suis plus forte que lui, mais parce que ces règles sont essentielles à la vie, à sa vie. Pour cela, je dois lui expliquer le pourquoi du comment, le nombre de fois nécessaire, jusqu’à ce que chaque règle soit intégrée jusqu’à en devenir naturelle. Il faut que ces règles aient du sens. Ainsi, même en cas de conflit entre l’enfant et le parent, les limites ne seront jamais remises en cause, car il en comprendra les tenants et les aboutissants qui se trouvent au-delà de simplement faire plaisir à ses parents.

Mes conseils

- Il vous faut renouer le lien mère-fille : vous dites que votre fille n’a aucun problème à l’école, c’est donc qu’elle comprend tout à fait la notion de limite. Le problème se trouve donc dans sa relation avec vous.

- Une discussion s’impose : vous dites que votre fille a beaucoup de colère en elle. Il faudrait comprendre d’où vient cette colère. Pour cela, il faut vous retrouver juste toutes les deux, dans un cadre détendu et informel, comme un restaurant ou une promenade dans un parc, où vous pourrez discuter et comprendre ce qui ne va pas. Posez des questions ouvertes qui la feront s’exprimer : “Pourquoi d’après toi on se dispute toi et moi ?”, “Qu’est-ce que tu ressens quand je te demande de faire quelque chose ?”, etc. Vous rajoutez qu’elle devient hystérique avec sa sœur. Peut-être que la solution se trouve là. Que ressent-elle lorsque vous êtes avec sa sœur ? A-t-elle la sensation d’être comparée et, du coup, voudrait-elle faire tout le contraire ? Se sent-elle moins aimée ? Tous ces éléments sont à creuser.

- Retrouvez le plaisir d’être ensemble : organisez des activités pour toutes les deux afin de réactiver une complicité peut-être perdue. Vous l’aimez, c’est évident pour vous, mais peut-être pas pour elle. Il faut qu’elle puisse sentir que vous êtes fière d’avoir une fille comme elle, que vous l’aimez quoi qu’elle fasse, mais que c’est son comportement qui vous pose souci et non sa personnalité.

- Expliquez les règles : lorsqu’elle s’oppose à vous, assurez-vous bien qu’elle a compris ce que vous lui demandez et surtout pourquoi vous le lui demandez. Toutes les limites doivent être cohérentes et les parents toujours d’accord l’un avec l’autre.

- Choisissez vos batailles : établissez des priorités. Il y a des points sur lesquels vous devez tenir et d'autres, lâcher. C’est épuisant pour elle comme pour vous de rebondir sur chaque chose qu’elle fait qui ne vous plaît pas.

- Établissez ensemble des compromis : proposez-lui des alternatives à certaines règles afin de ne pas être à tout prix dans le conflit et montrez votre joie dès qu’elle a fait ce que vous lui avez demandé, en lui expliquant combien cela vous a soulagée et aidée.

- N’oubliez pas de prier chaque jour ! Il est très important de prier pour ses enfants. N’hésitez pas à demander à Hachem de vous donner la force de toujours élever votre fille dans le droit chemin.

- Si vraiment le problème persiste sans aucune amélioration, vous pouvez décider de faire ensemble une thérapie familiale, qui pourra vous aider à mieux vous comprendre l’une l’autre.

Surtout, ne vous dites jamais que vous n’êtes pas à la hauteur, ne soyez jamais découragée par l’éducation que vous apportez à votre fille. Hachem vous a confié cette Néchama (âme) parce qu’Il sait que personne ne fera mieux que vous pour elle. Vous êtes sa meilleure chance de se construire au mieux et d'acquérir de bonnes Midot (traits de caractère). Renforcez votre Emouna (confiance en D.ieu) et donnez avec abondance votre amour, votre patience et votre temps, car l’éducation, c’est semer des graines qui donneront plus tard les plus beaux fruits, ceux pour lesquels vous vous serez investie !

Béhatsla’ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.