La semaine dernière, je faisais un peu de shopping près de la maison, quand je me suis vue entrer instinctivement dans la boutique préférée de ma fille et lui choisir une nouvelle tasse à café rigolote dont elle faisait la collection. Puis, après un éclair de lucidité, je reposai l’objet sur l’étagère et quittai le magasin, le cœur lourd et les yeux chargés de larmes. Ma fille, qui avait désormais 21 ans, allait se marier dans moins d’un mois et aurait probablement autre chose à transporter dans son nouveau chez-soi de jeune mariée, qu’une tasse en forme de vache, aussi rigolote soit-elle.

Mon bébé est sur le point de partir, de nous quitter, de faire sa vie indépendamment de la nôtre, de la mienne. Qu’est-ce qui m’arrive ? J’ai toujours su que mes enfants quitteraient la maison un jour, et je n’en suis pas à ma première. C’était ma sixième fille que je donnais à l’élu de son cœur. J’ai toujours versé quelques larmes lorsque je voyais mon mari bénir notre enfant une dernière fois avant de la donner à son époux, j’ai toujours été submergée par l’émotion lorsque je voyais mon futur gendre baisser le voile avec délicatesse sur le visage pur de sa future femme. Mais là, c’était ma dernière et c’était différent, je me sentais vide, comme si on m’arrachait le cœur de ma poitrine.

Lorsqu’on devient maman, tout notre être se met au service de ce nouveau statut. Nous pensons à notre enfant depuis le moment où nous ouvrons les yeux le matin jusqu’au moment où nous les fermons le soir. A-t-il faim ? Qu’est-ce que je peux lui préparer comme repas qui lui fera plaisir ? Je le sens anxieux et pas dans son assiette en ce moment ? A-t-il pris son manteau, le temps se couvre ? Ces réflexions sont déclinables à l’infini, aussi bien dans le côté positif et la fierté, que les inquiétudes et les angoisses, dans l’esprit d’une maman.

Il n’est aucun autre rôle sur la planète Terre qui accapare autant d’énergies. Aussi, lorsque du jour au lendemain, on nous demande de nous arrêter de nous préoccuper, de penser, de vouloir faire plaisir, de nous inquiéter, on se sent perdues et on ne sait plus comment faire, étant donné que nous avons consacré les 20 dernières années de notre vie à cette mission, que nous chérissons plus que tout, nous les mamans. Ce sentiment est ô combien légitime et humain.

Même lorsque vous marierez celui pour lequel vous priez depuis sa naissance qu’il trouve rapidement son Zivoug, tellement il est dur, vous verserez quand même des torrents de larmes, croyez-moi, jeunes mamans.

Etre mère est le plus merveilleux des cadeaux que le Maître du monde puisse nous faire. Aussi, lors du mariage de notre dernier oisillon, on a l’impression d’être abandonné et de ne plus servir à rien. Permettez-moi de vous donner quelques conseils pour passer cette étape le plus sereinement possible.

  1. Ne refoulez pas vos sentiments. Ne vous en voulez pas de pleurer à chaque fois qu’une voisine prononce le nom de votre enfant. Les larmes d’une maman sont précieuses et renferment une force incroyable, ne les ravalez pas.
  2. Prévoyez de rentrer accompagnés après la soirée du mariage. Même si vous venez de marier votre dernière, demandez à un autre enfant et sa famille de venir dormir, ou à vos frères et sœurs. Généralement c’est chose aisée, car beaucoup de familles se déplacent pour assister à la fête et ont besoin d’être logées. Profitez de cette occasion et ne les envoyez pas à l’hôtel. Vous serez heureuse d’avoir du bruit et de l’animation le lendemain chez vous.
  3. Dès que votre enfant officialise ses fiançailles, vous devriez voir cela comme un compte à rebours, non pas pour le moment où elle partira, mais plutôt pour les jours qui vous restent à profiter ensemble. Ne laissez surtout pas l’angoisse et la cadence des préparatifs vous priver de ces moments de complicité, de bonheur et de partage qui vous laisseront un goût de douceur et de satisfaction après son départ.
  4. Enfin, lorsque vous accompagnerez votre enfant sous la ‘Houppa, priez de tout votre cœur que, grâce à tout ce que vous lui avez légué et enseigné durant ces nombreuses années, elle construise un foyer heureux bâti sur des valeurs nobles d’amour et de respect. En la regardant s’avancer vers sa nouvelle vie, soyez fière de vous et de la personne que vous avez construite. Ne regardez pas dans le rétroviseur avec amertume. Une nouvelle histoire va s’écrire, son histoire. Mais ne craignez rien, vous en ferez partie, à un niveau différent, à une intensité différente, mais la différence peut être tellement savoureuse, il faut juste se donner le temps et les moyens de s’y adapter. Laissez à votre enfant l’occasion de vivre pleinement son mariage comme vous avez vécu le vôtre, et de pouvoir, à son tour, expérimenter la plus belle aventure qui soit : la vie.