Être maman de soldats ? Être maman d’enfants qui prennent les transports en commun à Paris, Marseille, Jérusalem, Netanya… ? Être maman d’étudiants de Yéchiva ? Être maman d’enfants de tous âges, qui entendent, voient, expérimentent et ressentent des choses indésirables.

Aujourd’hui, être maman est-ce uniquement celle qui fait les boulettes et le couscous ? Celle qui range le linge avec amour dans l’armoire ? Celle qui fait tout pour que son enfant soit bien ?

À partir d’aujourd’hui, il nous incombe de comprendre qu’une mère ne peut pas empêcher la souffrance de ses enfants. Ni les mères dont les enfants ont été enlevés, ni les mères dont les enfants ont vu des choses qu’ils n’auraient pas dû voir, ni les mères dont la mort a franchi le seuil de leur maison, ni celles dont le fils a été blessé et se bat pour sa vie à l’hôpital.

Nous ne pouvons pas empêcher la souffrance et les défis auxquels nos enfants sont ou seront peut-être confrontés.

Et cette compréhension nous fait souffrir physiquement, elle nous retourne l’estomac et nous crispe intérieurement. Un enfant a demandé à sa maman s’il était possible de retourner dans son utérus. Si seulement c’était possible ! Nous voudrions juste les sentir à l’intérieur de nous, les envelopper de couches de chaleur et filtrer les échos cruels de la réalité.

Soyons honnêtes, même la « meilleure maman au monde » n’est pas capable d’empêcher la souffrance de ses enfants. Nous ne serons pas toujours capables d’être avec eux, de leur donner des câlins quand c’est nécessaire, de filtrer la réalité, avoir le mot juste. Parfois, je n’ai pas ma place dans leur réalité, dans leur combat intérieur, dans leur choix de chemin de vie. 

Être mère, c’est croire que la façon dont ils sont élevés est une continuation. Nous sommes porteuses d’un message reçu de nos pères et nos mères. Ils ont pavé avant nous un chemin qui a commencé il y a des milliers d’années, qui est passé par l’Égypte et nous amènera à Jérusalem.

Être mère, c’est rester là où nous sommes, stables, bien ancrées à notre place, confiantes.

Cette position héritée de nos mamans nous obligent à la prière, à ces mots marmonnés, reflets de ce qui résonne au plus profond de notre cœur. Et ainsi, tout doucement, nous pourrons nous libérer de la peur et de la douleur. 

Ouvrons nos cœurs et rappelons-nous que même si nous sommes mamans, nous ne dirigeons pas le monde. Même avec toute notre bonne volonté de les ramener dans nos ventres pour les protéger de tous les maux, notre désir est plus profond : qu’Hachem leur donne la force, leur ouvre le chemin pour qu’ils restent fidèles à leurs âmes.

Être mère, c’est s’éloigner. C’est laisser de l’espace quand l’enfant commence à marcher dans la direction où nous ne pourrons pas être avec lui.

B. Sadan (Traduit et adapté par Esther Amsellem)