A l’hôpital Robert Debré juste en bas de l’escalier menant aux urgences maternité se trouve un tableau. Un grand tableau. Vous ne pouvez le manquer. Vos yeux tomberont dessus. A l’intérieur deux mots couleur rouge en écriture cursive : "je vis". La première fois que je vis (c’est le cas de le dire !) ces mots, ce fut assez drôle l’information remontant à mon cerveau "je vis" , ben oui bien sûr , quelle étrangeté ce tableau. Cependant plus je m’attardais sur cette œuvre et cette intrigue, plus ces simples mots me parurent énormes . Immense. Fabuleux. Je vis. Cette sensation s’empara toute entière de moi . Je viiiiiiiiiiiiiiiiiis. Oui, je vois. Je marche. J’entends. Je sens. Je respire . J’'imagine. Je comprends.

Je vis...

N'est-ce pas tellement approprié de célébrer la vie tout près de la maternité ??!  J’ai cherché et j’ai trouvé. L’ auteur de cette peinture est Benjamin Vautier dit Ben et en la retrouvant je m’aperçois que  le fond sombre est tapissé de multiples et innombrables deux mots à nouveau écriture cursive : "il bat, il bat, il bat, il bat...". Un éclair. Une pensée : le cœur du bébé.

Je suis transportée à ces moments où sagement installée dans des petites box les sages femmes vous font un monitoring. Oui ! L’examen important pour suivre le rythme cardiaque de votre bébé encore plongé dans son liquide amniotique. Et durant les quelques 30 minutes vous êtes à même d’entendre les "boum boum boum" du cœur de votre bébé. Sons magiques. D’un autre monde. De l’intérieur de votre corps de femme. Juste délicieux à l’oreille de la future maman. Il bat, il bat, il bat. Le cœur du bébé. C’est la cadence de la vie.

Le cœur, organe de la vie !

Le cœur est l’organe de la vie de l’Etre humain. Il diffuse le sang à travers notre corps à chacun de ses battements. Dans la Torah que d’occurrences où est mentionnée le cœur. Le bon cœur. Celui d’Aharon le grand prêtre qui , en apprenant la nomination de son petit frère Moché, ne conçut aucune jalousie. Quel niveau ! Un cœur qui bat dans un corps dont l’esprit est entièrement serein heureux et satisfait. Condition pour neutraliser la jalousie. Aharon frère aîné, sera récompensé par le port du pectoral sur son cœur, le hochen où sont assemblées dans une incroyable et exceptionnelle œuvre  de joaillerie douze pierres représentant les douze tribus. Ainsi sur  ce cœur qui ne bat que pour l’amour nous retrouvons cette union du Peuple. Aharon ne fut-il pas celui qui fut pleuré à son départ de ce monde par toute la maison d’Israël hommes femmes et enfants ? (Les Nombres chapitre 20 verset 29). Il fut et restera le symbole de l’Homme aimé de tous, accessible, chaleureux. Un homme de cœur.

C’est la Vie. En chaque être. Dans les paroles de la chanson "ainsi passent mes heures au rythme entêtant des battements de mon cœur". Sauriez-vous chérir cette émotion ? des plus précieuses ? Sentir battre son cœur. Se sentir vivant. I’m alive (encore dans la chanson :). Le plus grand des bonheurs. Le bonheur absolu. Dans les termes du grand Rav Its'hak Hutner (salutations à mon amie Sarah dont c’est le grand-oncle), le Pa'had Its'hak : "la sensation du fait de la vie".

A ce titre nul au monde ne doit vous en faire douter. De quoi ? De votre vie. De sa valeur. De la valeur de votre vie. Et chaque être humain son histoire. Depuis l’instant où il a été expulsé hors de la matrice féminine, à force coups de cris et de larmes, l’âme humaine foule de ses pas l’univers. Chacune avec sa singularité. Ses racines. Ses parents. La composition de sa famille. Sa place dans la fratrie. Sa ville. Son école. Ses enseignants.       

Avec ou contre l'enfant ?

Et comment donc, les enseignants depuis l’école maternelle et jusqu’à la fin du lycée tiennent une place dans le développement de l’être. Et nous parents de nos enfants comment bien nous placer ? Nous qui souhaitons ardemment le meilleur pour notre progéniture dans le sens qu’ils soient bien dans leur corps dans leur tête dans leur vie. Y a-t-il un enjeu ?                                                                  

Personne au fond n’a envie de jouer à la mère séfarade (poussée au maximum ça donne  tunisienne !!!) qui encense son enfant (quoique c’est tentant car la facilité) même quand il a brisé la fenêtre de la classe avec sa balle « ben oui vous comprenez il voulait tester son nouveau cadeau !! » alors quand nous sommes prises à part ou à partie par les enseignants de nos enfants nous tendons à réagir par l’autre extrême « bien sûr bien sûr c’est inadmissible en classe je ne manquerai pas de le gronder … » 

Interrogeons-nous. N’y aurait-il pas une voie de l’équilibre ? Qui ne serait ni donner raison au déraisonnable ni se rendre "complice" contre son enfant ? Oui ça peut paraître exagéré mais allons au fond des choses. Car entre nous qui aime entendre du mal de son enfant ? Vous avez entendu "mal"?  Où ont donc disparues nos indispensables lois du saint maître de Radin le 'Hafets 'Haïm  pour préserver sa langue des paroles méchantes et blessantes et futiles et inutiles ? Vous remarquerez que dans le cadre scolaire tout semble avoir disparu. Volatilisé. Aucune retenue pour converser de nos enfants. Mais c’est constructif vous saisissez ??!!!!        

Préserver l'étincelle de vie de nos enfants !

Apprenez que définitivement les enfants sont aussi inclus dans ces lois aucune dérogation pour blatérer sur les accès de colère, insolence, indolence, les lacunes de vos grands ou petits bouts d'chous. Et puis surtout, surtout gardez le bruit du cœur de votre enfant "il bat". Dès que vous montrerez cette exigence vitale de respect pour votre enfant aucun enseignant ne parviendra plus à vous trouver pour ce genre de conversation. Autrement dire oui évident que mon enfant a des défauts mais ça ne m’ intéresse pas ! La clé de la réussite de chaque être est d’être conscient de ses qualités. Rabbi Israël Salanter a enseigné cette ultime vérité "On serait amené à penser qu’il est primordial de connaître ses défauts mais il l’est tellement plus de connaître ses qualités".          

Certains enseignants en sont capables. Pourquoi d’autres ne le seraient pas ? Et s’ils ne sont malheureusement pas portés par cette vision de la vie ? Soit. Mais que nos enfants n’en soient pas victimes. Emplissons nos enfants de confiance en eux, en leur potentiel. Focalisons nous uniquement sur leurs forces, leurs réussites, leurs victoires, leur ÊTRE. Leur petit cœur dans leur petit corps est le siège de la présence de D.ieu. Dans les paroles du Roi David "De ma chair je vois D.ieu". Ne voit-on pas D.ieu dans la pureté et l’innocence des enfants ?

Chaque enfant et en vérité chaque être humain a un bon cœur et veut de tout son cœur faire le bien. Voilà il y a la Vie et tout le reste qui fait que trop souvent on ne prenne le temps de sonder le "pourquoi du comment" de chaque individu que nous croisons et si réellement nous prenions le temps nous aurions juste envie d’enlacer et serrer fort chaque personne- et chaque enfant- pour lui dire qu’on l’aime et qu’elle mérite tout le bonheur et que sa vie vaut la peine d’être vécue.                 

Sachons être à l’ écoute chez nos enfants des signes qui montreraient un appel à l’amour, au respect de l’ étincelle de vie qui brille en eux et que trop d’enseignants tentent -en vain -d’éteindre. 

A mon fils qui porte le prénom Aaron dont le cœur plein d’amour brille comme un soleil dans ma vie. Et en hommage à la rabbanite Henny Machlis dont le point de vue sur le sujet dans le livre "Une Emouna aux saveurs d’amour et de soupe de poulet" m’a brillamment aiguillée vers cette perspective qui m’appelait depuis quelques années déjà.