Les enfants d'Israël sortent enfin d'Égypte, guidés par l'Éternel, le jour par une colonne de nuées qui leur indiquait le chemin et la nuit par une colonne de feu destinée à les éclairer. À partir de ce moment et durant toutes les étapes de la délivrance, nous pouvons remarquer la même attitude qui se répète chez eux, celle de se plaindre au moment de l'épreuve : « Est-ce faute de trouver des sépulcres en Égypte que Tu nous as conduits mourir dans le désert ? Quel bien nous as-Tu fait en nous tirant de l'Égypte? » Ou encore : « Le peuple murmura contre Moché en disant : que boirons nous ? » « Que ne sommes-nous morts de la main du Seigneur, dans le pays d'Égypte, assis près des marmites de viande et nous rassasiant de pain, tandis que vous nous avez amenés dans ce désert, pour faire mourir de faim tout ce peuple ! »

Le Rav Arouch, dans son livre Ché'arav Bétoda nous dit que c'est ce comportement pleurnicheur des Bné Israël qui a engendré tout l’exil : la destruction des deux Temples, les maladies, les problèmes de couple… Comment est-ce possible que les enfants d'Israël aient mérité un si grave châtiment juste parce qu'ils ont exprimé de l'insatisfaction ? Quel message essentiel se cache derrière cela ?

Avoir confiance en Hachem dans les moments difficiles

Il est vrai que la situation des Bné Israël était terriblement effrayante : derrière eux les Égyptiens qui les poursuivaient, en face d’eux la mer, sur les côtés les bêtes féroces. Ils étaient complètement piégés ! D'ailleurs, le verset tiré du Cantique des cantiques écrit par le roi Salomon – "Ma colombe, nichée dans les fentes du Rocher, cachée dans les pentes abruptes" – vient refléter cette impasse dans laquelle ils se trouvaient. Nos Sages comparent le peuple juif à ce moment-là à une colombe qui fuit l'aigle et qui essaye de rentrer dans les fentes du rocher pour se protéger mais à l'intérieur, se trouve le serpent !

Alors, que faire ? Si elle rentre, elle se retrouve avec le serpent, si elle s’en abstient, c'est l'aigle qui la menace [1]. Malgré l'ambiguïté de ce moment bouleversant, Hachem attendait de Ses enfants qu’ils fassent face à l’épreuve sans se plaindre ! En effet, la plainte est l'expression d'un manque de confiance en l’Éternel qui venait de prouver à son peuple Son amour infini et tellement inconditionnel, ainsi que Sa grandeur au-dessus de toute autre force.

C'est justement quand ils étaient enfouis dans les 49 degrés d'impureté que Hachem les a choisis en tant que peuple élu et les a aidés à se décoller de l'idolâtrie en frappant l'Égypte des dix plaies qui ont prouvé à tous le contrôle d’Hachem sur tous les systèmes naturels !

Et si l'on se demande : mais qu'y a-t-il de si grave dans les plaintes pour qu'à cause de leur profération, les Bné Israël aient mérité tout l’exil ?

Eh bien, la réponse se trouve dans les paroles saintes du Ramban : « L'objectif de la création est que les créatures connaissent Hachem et qu’elles Le remercient. » Remercier Hachem est l'expression la plus forte de la Émouna (foi) que tout ce qui vient de Lui est pour le bien. Et toute la Torah et les Mitsvot nous ont été données pour qu'on arrive à la Émouna comme nous enseigne le roi David dans son livre de Téhilim : « Tous Tes commandements sont loyauté parfaite ». [2]

On comprend maintenant que se plaindre, c'est exactement l'inverse de ce que Hachem attend de nous, à savoir reconnaître le bien dont Il nous comble ! Alors, tout ça est bien beau, mais que fallait-il que les enfants d'Israël fassent à cet instant de terreur ?

Tout simplement, il fallait qu'ils remercient Moché pour tous les efforts investis afin de les délivrer et qu’ils lui demandent de prier pour eux ! Le Rav Arouch nous enseigne, que la plainte amène beaucoup d'accusations sur l'homme (elle donne de la force aux anges accusateurs dans le ciel puisqu’elle signifie l'ingratitude) alors que la demande ouvre les portes du ciel. C'est la raison pour laquelle, quand nous nous trouvons confrontés à une difficulté, nous devons faire attention à ne pas tomber dans le piège de se plaindre mais au contraire utiliser cette souffrance pour se rapprocher d’Hachem par le moyen de la Téfila (prière).

Mesdames, au lieu de nous plaindre, demandons !

L'homme et la femme parlent deux langages complètement différents. L'une des difficultés de l'homme est de bien interpréter les propos de sa femme et de lui donner, en fonction, ce dont elle a besoin. Celle-ci a tendance à se plaindre puisqu'elle a besoin de sentir que son conjoint s'identifie à ses difficultés ou à ses douleurs. Elle attend par exemple, après avoir affirmé : « Je suis morte de fatigue ! », une phrase comme : « Je te comprends, c'est normal d'être fatiguée après tout ce que tu fournis comme efforts ! Si c'était moi, je n'aurais jamais pu assumer autant de responsabilités ! » Alors que la réaction fréquente est : « Alors, va dormir » ou encore : « Ça va, ça va passer… »

Quand une femme se plaint à son mari, il se culpabilise automatiquement en se disant « Ma femme n'est pas heureuse », alors qu’un des besoins majeurs de l'homme (comme nous le dit le Rav Sim’ha Cohen) est de sentir que sa femme est satisfaite de sa vie de couple. La solution serait de limiter considérablement les plaintes en essayant de définir le besoin qui se cache derrière. À ce moment-là, au lieu de venir chez son époux et de lui dire : « Tu ne sors jamais avec moi », on lui dira : « J'aimerais bien sortir avec toi ce soir ». Ou, au lieu de : « Pourquoi tu vas chez ta mère après le travail au lieu de venir directement à la maison ? », on dira : « J'ai besoin de ton aide pour coucher les enfants ».

Et oui, le roi Salomon nous l’a bien enseigné : « L'intelligence de la femme édifie sa maison ». Tout est dans la manière !

Chabbath chalom à toutes !

 

[1] Rachi, le Cantique des cantiques

[2] Téhilim 119, Verset 86