Le Rav Michaël Lasry, grand conférencier, a l'habitude de raconter l’anecdote suivante : Un jeune homme et sa fiancée se promenaient quand soudainement celle-ci trébucha sur une petite pierre et tomba. Tout paniqué, le 'Hatan se tourna vers elle et exprima son inquiétude : "Ça va, tu vas bien ? As-tu besoin d'aide ?". Quelque temps plus tard, après leur mariage, le même scénario se reproduisit et sa réaction fut, cette fois-là, si différente : "Mais je ne comprends pas, tu ne vois pas où tu marches ?!". Que s'est-il donc passé ? On a l'impression qu'il ne s'agit pas de la même personne ! Elle a tellement changé en si peu de temps ! Et bien, c'est la force de l'habitude.

L'habitude est l'ennemi numéro un du couple

Malheureusement c'est une des raisons essentielles de la dégradation du Chalom Bayit pour beaucoup de personnes qui, à la base, se respectaient tellement.

Aharon Hakohen a été choisi par Hachem pour allumer le candélabre dans le Beth Hamikdach. La Torah fait son éloge en disant qu'il l’a toujours allumé avec autant de joie et d'émotion que le premier jour de sa nomination !

39 ans de service n'ont pas réussi à abîmer ses intentions si nobles et si pures, son sentiment de proximité intense avec Hachem au moment de l'allumage. Il n'a pas laissé l'habitude prendre le dessus. Il a su nager à l'encontre des vagues dévastatrices et préserver ce qu'il y avait de plus cher pour lui : servir Hachem avec le cœur ! 

Servir Hachem avec joie !

Combien est cher aux yeux d’Hachem le sentiment de joie, de fierté, d'émotion, de grandeur, au moment où nous accomplissons les Mitsvot de la Torah.

À tel point que les malédictions frappent le peuple d'Israël justement quand il manque à son service divin le contentement de cœur, comme il est écrit : "Et parce que tu n'auras pas servi l'Éternel, ton D.ieu avec joie et contentement de cœur au sein de l'abondance, tu serviras tes ennemis suscités contre toi par l'Éternel, en proie à la faim, à la soif, au dénuement, à une pénurie absolue, et ils te mettront sur le cou un joug de fer, jusqu'à ce qu'ils t'aient anéanti." (Dévarim, chapitre 28,versets 47,48).

Appliquer les commandements de la Torah de façon automatique, sans motivation, sans volonté personnelle, vient prouver que l'on n'a pas choisi de faire le bien ! 

D'ailleurs, l'objectif de l'éducation est d'encourager chez l'enfant de bonnes volontés. S'il prie ou étudie seulement parce qu'il est contraint de le faire, ou parce qu'il craint d'être mal vu, il est fort probable que ces valeurs ne feront pas partie intégrante de lui-même. 

Par contre, si l'enfant développe de l'amour pour l'étude ou la Tefila, alors il continuera dans ce chemin, même quand il quittera la maison de ses parents, et transmettra lui-même ces valeurs à sa descendance, de façon naturelle et évidente.

Être reconnaissant !

Le Talmud, dans le traité de Nédarim, raconte qu'après la destruction du premier Temple, les Sages se posaient une question qui les tracassait  particulièrement : quelle faute du peuple d'Israël était à l'origine d'un tel châtiment ?!

Ils interrogèrent les géants de la génération, les Néviim, mais personne n'avait de réponse ! L'Éternel fut témoin de leur souffrance et leur envoya le Navi Yermiya, qui les éclaira en disant que le Temple fut détruit parce qu'ils ne faisaient pas de bénédiction avant l'étude de la Torah !

Le Maharal exprime son étonnement vu qu'il est écrit noir sur blanc que la raison de la destruction du Temple étaient les trois fautes graves, celles de l'idolâtrie, des relations interdites et du meurtre. Le Maharal lui-même répond et affirme : 

"Oui tout à fait, l'idolâtrie, les relations interdites et le meurtre ont causé ce terrible malheur, l'exil de la présence divine. Mais si les enfants d'Israël prononçaient les bénédictions de la Torah comme il le faut, avec un sentiment véritable de gratitude envers leur Créateur qui leur a octroyé ce cadeau inégalable, notre sainte Torah, les bénédictions faites de tout leur cœur les auraient liés intensément à Hachem, et remplis d'amour envers Lui."

Et comme nous le savons tous, quand on aime, on ne veut pas décevoir !

Continue le Maharal et nous dit : "et même si les enfants d'Israël n'avaient pas observé certains commandements, ils se seraient immédiatement repris en se repentant de leur faute." Ce qui fut à l'origine de leur dégradation spirituelle (jusqu'à tomber dans l'idolâtrie, la perversion etc.) était leur éloignement progressif du Créateur causé par un accomplissement automatique des Mitsvot de la Torah.

S’ils avaient vraiment remercié Hachem, en prenant conscience de l'amour infini qu'Il nous prodigue à chaque instant, cette reconnaissance sincère les aurait rapprochés de Lui et préservés de leur chute fatale.

Une fois, un Admour s'est exprimé en disant : "Avant, l'eau était froide mais le cœur était chaud !" 

Il parlait du dévouement extraordinaire des femmes juives qui allaient se tremper pour être permises à leur mari, et pour cela, il fallait qu’elles cassent la glace au moyen de haches !

D'où puisaient-elles ce courage? Il était tellement plus facile de renoncer à cette Mitsva ! Leur motivation admirable, je pense, prenait source dans le sentiment de fierté qui remplissait leur cœur, la conviction inébranlable que chaque Mitsva nous élève et nous rapproche d’un Père plein de miséricorde, la joie intense de vivre une vie pleine de contenu et de sens !