Un groupe d’astronautes s’apprête à voyager dans l’espace. Leur voyage est censé durer deux mois, au bout desquels ils doivent regagner la planète et faire des rapports sur ce qu’ils ont vu, analysé, etc. Tout est prêt. Des ingénieurs les accompagnent, un médecin… Ils ont du matériel médical en cas de besoin, de la nourriture à volonté – en quantité largement suffisante pour la durée de leur expédition. Tout le monde met sa tenue, monte à bord de la fusée. La porte se ferme. Excitation, appréhension…

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Ça y est, la fusée s’envole, monte, monte, traverse l’atmosphère : troposphère, stratosphère, mésosphère, thermosphère, exosphère… Et là, plus d’attraction terrestre : finie, la force de la gravité…

Le voyage commence bien, tout se passe comme prévu, les astronautes sont en lien constant avec la tour de contrôle, qui les dirige, prend de leurs nouvelles, leur explique quoi faire, quand et comment…

Jusqu’au neuvième jour, où…

Très subitement, tous les écrans s’éteignent. Aucune connexion n’est possible entre l’engin spatial et la planète Terre. On essaie de tout remettre à zéro, on fait intervenir les ingénieurs, mais rien n’y fait. On attend une heure, deux heures, trois heures. Toujours rien.

L’équipage commence à s’inquiéter, à redouter le pire.

Le lendemain, on réessaie, mais tout est bloqué, rien ne fonctionne !

Certains astronautes tombent dans la déprime, d’autres essaient de remonter le moral des troupes. Certains tournent en rond, d’autres tournent de l’œil, et d’autres écrivent des lettres d’adieu à leur famille (on ne sait jamais, peut-être qu’un jour, on retrouvera leurs corps quelque part…). L’ambiance est lourde, pesante. La fusée est habitée de morts-vivants. Vivants, parce qu’ils sont encore en vie, et ils ont de quoi vivre pendant les deux mois à venir. Mais morts, parce qu’ils n’ont plus aucun avenir, ils sont morts de peur, morts d’angoisse.

Une journée passe, puis une deuxième et une troisième. Le temps paraît long, personne ne sait où se trouve la fusée, à côté de quelle planète, de quelle étoile. Qui sait s’il ne va pas y avoir de collision… ?

Et soudain, un beau jour (on ne sait pas trop au bout de combien de temps, parce qu’on n’arrivait plus trop à suivre le compte), les écrans clignotent, s’illuminent, commencent à retransmettre !!

Miracle ! On essaie de rétablir le contact et… ça fonctionne ! Enfin, voilà nos astronautes qui retrouvent le sourire, qui pleurent de joie, d’émotion, de bonheur, de soulagement… Ils rétablissent le contact avec la tour de contrôle, demandent pourquoi on a coupé tout lien avec eux. Et on leur répond en leur posant la même question, bien sûr. Ce n’est la faute de personne, il y a eu un court-circuit !

Une fois remis des émotions du moment, ils demandent où ils sont, comment faire pour revenir sur la bonne trajectoire. Réponse : il faut faire pivoter la fusée vers l’ouest, à 43.6°.

« 43.6, avez-vous dit ? Bien sûr, tout de suite ! » Les astronautes s’exécutent et tournent précisément de 43.6°, côté ouest.

Tout est bien qui finit bien, les astronautes arrivent à destination et regagnent la planète en temps et en heure. Ouf ! Quel soulagement !!

***

Cette histoire est-elle vraie ?

Bien entendu ! C’est la vôtre, la nôtre, celle de chacun d’entre nous ! À la différence que l’on n’a pas été envoyé d’en bas vers le haut, mais d’en Haut vers le bas…

Vous avez compris ! Et la tour de contrôle nous dit exactement où aller, quoi faire, quand, comment, avec quoi... La Torah est là avec des instructions claires ! À nous de rester connectés tout le temps, de ne jamais éteindre l’écran, de ne jamais débrancher « l’appareil ». Parfois, nous entendons ou lisons des règles qui nous semblent trop strictes et on se dit : « Bon allez, pourquoi chipoter sur quelques centimètres ? Quelle différence cela peut faire si ma jupe arrive juste en dessous du genou ou bien si elle est conforme aux 15 cm exigés ? Qui me dit que les collants doivent être épais de tant et tant de deniers ? Quelle différence cela peut faire si je fais cette vérification une minute avant ou après le coucher du soleil ? Et si je répète cette information médisante, qui dit que c’est si grave ? Etc., etc. »

Alors posons-nous la question suivante :

Est-ce que les astronautes ont trouvé à redire quand on leur a dit de pivoter de 43.6° ? Est-ce que l’un d’entre eux a pensé objecter et dire : « Et bien, moi je pense que 42-43°, ça suffira ! Pourquoi être si méticuleux, pourquoi 43.6 ? » Pensez-vous qu’une question de ce genre a effleuré l’esprit de l’un d’eux ? Non, bien évidemment !!

Et pourquoi ? Parce qu’ils savaient pertinemment que ce qui leur était dicté par la tour de contrôle était exact et devait être respecté de façon précise. Il en allait de leur survie !

Et bien, nous sommes également perdus dans l’espace sans la Torah, sans les Rabbanim qui nous guident et qui tranchent la Halakha. Oui, notre Téfila doit se conformer aux règles, aux horaires imposés ! Oui, notre langage doit se conformer aux lois qui y ont trait ! Oui, notre Tsni'out doit se conformer aux règles, même si l’on pense que ce n’est pas si grave de retirer quelques centimètres ! Oui, nous avons une tour de contrôle qui est là pour notre bien, pour que l’on arrive à bon port, pour ne pas que l’on se perde dans l’Espace, que l’on tourne en rond sans pouvoir atteindre notre objectif ultime. Alors, c’est notre travail à Chavou'ot – de décider de suivre les instructions de la tour de contrôle, même si l’on ne comprend pas bien la raison de certaines règles, même si l’on ne voit pas clairement que c’est la bonne route pour arriver à destination.

Bonne fête de Chavou'ot !