Cela vous est-il déjà arrivé de dire une phrase, puis de vouloir “reprendre vos mots” aussitôt que vous les avez prononcés ? De vous énerver, puis de regretter immédiatement votre accès de colère ? Dans notre Paracha, nous allons apprendre à nous retenir et à mettre un frein à nos excès de façon positive et non pas frustrante !

Alors que le peuple tout entier est en pleine euphorie avec l’inauguration du Sanctuaire (Michkan), la tragédie frappe. Devant les yeux de la nation tout entière, les deux fils d’Aharon, Nadav et Avihou, sont consumés par le feu et meurent en un instant. Malgré cette calamité, Aharon reste silencieux[1], ce qui montre sa résilience et sa grandeur d’âme face à cette situation si tragique.

Ce que l’on oublie de préciser, c’est qu’à ses côtés se tient son épouse, la mère de Nadav et Avihou : Elichéva[2]. Elle aurait dû vivre la plus belle journée de sa vie en assistant à l’inauguration du Michkan. En effet, elle est liée à chacun des protagonistes principaux de cette inauguration ! Son beau-frère n’est autre que Moché, le leader du peuple tout entier. Son frère est Na’hchon, le Prince de la tribu de Yéhouda (et qui fut d’ailleurs le premier Prince à apporter un sacrifice dans le Sanctuaire). Son neveu, Betsalel, est l’artisan qui a réalisé l’édifice du sanctuaire. Et surtout, son mari, Aharon, est le Kohen Gadol, et ses fils sont les uniques prêtres servant dans le sanctuaire aux côtés de leur père.

Et pourtant, Elichéva a expérimenté la pire douleur qu’une femme puisse vivre, puisque cette journée s’est conclue par la mort de ses deux fils condamnés pour avoir pris des initiatives non demandées par Hachem. Leur manque d’esprit de soumission a été à l’origine de ce jugement fatal.
Et vous savez quoi ? C’est difficile à imaginer, mais ni Aharon, ni sa femme Elichéva ne sont rentrés en deuil... Ils se sont tus l’un et l’autre, acceptant la décision d’Hachem sans la remettre en question. D’ailleurs, ce jour-là, elle n’a même pas pu bénéficier de l’affection de son époux, puisqu’il devait rester présent au sein du Sanctuaire afin d’être intronisé Kohen Gadol.

Comment a-t-elle eu la force de se taire ? Et puis, surtout, n’est-ce pas négatif de se taire ? Si on garde pour soi, ne finit-on pas par exploser de façon encore plus forte ?

En fait, il existe deux types de silence. Le premier est en fait un bouillonnement intérieur qui annonce l’explosion d’une colère imminente, qui ne tardera pas à s’exprimer un jour ou l‘autre. Mais il existe aussi une autre forme de silence : celui de la sérénité. Le premier silence est destructeur, le second est constructif.

Dans notre quotidien, lorsque vous faites l'expérience de vous taire, vous voyez également très rapidement de quel silence il s’agit : par exemple, lorsque votre mari vous a déçue et que vous décidez “de prendre sur vous”, mais que cela finit par une crise de nerfs encore bien plus importante que si vous vous étiez exprimée calmement, alors vous savez que vous êtes dans une forme de silence destructeur. Mais parfois, il s’agit d’une autre forme de silence : celui d’une femme qui accepte l’attitude de son mari sans le remettre en question et tout en lui faisant confiance de façon profonde. Par exemple, s’il manque d’écoute ou d’affection ces derniers temps, on peut soit se taire et garder de la rancœur jusqu’à finalement exprimer des mots qui “ont dépassé notre pensée”, soit être dans un esprit serein et compréhensif en se disant que peut-être il est fatigué ou stressé ces derniers temps, ce qui explique qu’il n’est pas aux petits soins. Parfois, le silence est le plus beau cadeau que l’on puisse offrir : c’est le signe d’une douceur et d’une confiance totale entre les époux. De même dans notre relation avec Hachem, parfois, il y a des moments où la chose la plus juste à faire est d’accepter la situation en Lui faisant totalement confiance. Comme le dit le Roi David : Repose-toi en silence sur l’Eternel, et fais-Lui confiance[3].

Nous savons que lorsqu’Elichéva et Aharon se sont tus, il s’agissait du second type de silence, celui reflétant la confiance. Comment le savons-nous ? Et bien, suite à la mort de ses fils, D.ieu est rentré en connexion avec Aharon. Or, nous savons que la Chékhina ne se dévoile jamais à un homme triste. Le fait que la Parole divine s’adresse spécifiquement à lui indique donc qu’il a atteint un immense niveau de quiétude, de joie profonde et de paix intérieure.

Le verset de Echèt ‘Hayil : “Parée de force et de dignité, elle sourit en pensant au dernier jour” fait référence à Elichéva. Il faut une grandeur d’âme pour réagir tel qu’elle l’a fait. La grandeur d’Elichéva est de faire sincèrement confiance à D.ieu et surtout d’avoir confiance dans le fait que la mort n’est en réalité qu’un passage vers un monde éternel de bienfaits. Avec sa Emouna (foi en D.ieu) profonde, elle a la capacité de percevoir que sa vie est prise en charge par Hakadoch Baroukh Hou et que tous les événements de sa vie font partie d’un plan Divin qui est pour le bien. Et c’est parée de cette Emouna qu’elle peut atteindre une joie profonde et une paix intérieure en toutes circonstances, même celles qui paraissent des plus tragiques. Cet événement a été en fait pour elle l’occasion d’être plus proche d’Hachem et de Lui montrer son amour et sa confiance indéfectible. C’est la Emouna d’Elichéva qui a permis à Aharon d’atteindre un niveau aussi élevé.

Apprenez à faire confiance à vos proches en leur offrant le bénéfice du doute. Faites confiance à Hachem même lorsque tout vous paraît sombre. Et surtout, ne sous-estimez jamais votre capacité à atteindre la paix intérieure, elle est celle qui procure la force éternelle à tous vos proches.

Inspiré de Parsha in Pink


[1] Chémot (10, 3)

[2] Zeva’him 102a

[3] Tehilim (37,7)