C’est vraiment étrange, mais c’est le sentiment qui habite beaucoup d’entre nous, depuis cette folle épopée. Le Monde futur nous paraissait, AVANT, immensément loin et vaporeux, tandis qu’aujourd’hui, on en respire, partout, les parfums subtils. En quoi exactement ? Découvrons-le ensemble, dans la merveilleuse analyse de Rav Dessler sur le monde futur...

Être et/ou avoir : le dilemme éternel

Ce dilemme étant permanent dans la vie d’adulte, nous aurions fort à gagner de nous préoccuper d’en fixer les racines dans la Néchama (âme) de nos enfants dès leur plus jeune âge.

Il y a un petit jeu très ludique à créer pour les imprégner du fait que ce dont on remplit notre Néchama, c’est ce qui constitue nos "réelles" acquisitions ici-bas, c'est-à-dire les seules à pouvoir être transportées dans le Olam Haba (Monde futur). 

À cette fin, on peut par exemple faire trôner sur la table du salon un beau vase -représentant notre corps - que l’on remplit jour après jour de petites pierres brillantes en plastique, représentant nos Mitsvot qui s’accumulent au fur et à mesure. 

C’est une vraie joie pour chacun de voir ce remplissage, faites-en l’expérience ! 

Il nous permet de prendre conscience que, concrètement, aucune richesse de ce bas monde, aucun plaisir matériel, aucune joie "d’avoir", ne peut durablement nous rester.

C’est si fondamental de faire naître les prémices de ce sentiment pur, de pouvoir grandir en ressentant ce qu’est la joie la plus authentique, la joie d’accomplir une Mitsva, quelle qu’elle soit. Cette acquisition leur servira pour toujours, ô combien.

Elle est la racine du plaisir que procure davantage l’être, plutôt que l’avoir.

Racine qui leur permettra de ressentir un vrai plaisir, plus haut que tout autre, lorsqu’ils accompliront leurs Mitsvot, leurs diamants.

Tenez, n’est-ce pas exactement ce que l’on a tous pu ressentir depuis le début du Covid-19 ?

Face à la terreur semée par ce raz-de-marée, aux malades, trop souvent graves, au monde entier qui s’est mis en pause, à nos liens amenuisés avec les lieux de prière, etc... Quel juif n’a pas vibré pour le moindre 'Hessed qu’il a pu accomplir pour son ami souffrant ? Quel juif n’a pas été aussi ému, de prier à nouveau en Minyan, même sur zoom ? Quel juif n’a pas porté le fardeau de la souffrance de son ami en réanimation pendant des semaines ? Quel juif n’a pas été à l’écoute comme jamais, des cours de Torah éclairants de nos Rabbanim sur la situation ?

Qui ?!?

Le contraste s’est clairement beaucoup plus fait ressentir. L’avoir est devenu beaucoup plus pâle en rapport à l’être.

Un peu comme si l’étau de ce monde d’illusions, se resserrait, peu à peu, vers le Emet (la vérité).

Rav Dessler nous enseigne à ce propos, que dans toutes les « acquisitions spirituelles » que nous aurons réussi à remporter ici-bas, les plus subtiles, les plus fines, sont celles que nous emporterons au Olam Haba. Ce sera nôtre être, Là-haut.

Quelles sont-elles ?

Toutes les connaissances extérieures que nous sommes parvenus à faire ramener à notre cœur. En d’autres termes, tout ce que nous aurons réellement réussi à intérioriser, à devenir.

Concrètement, c’est le défi que l’on relève lorsque, par exemple, à mesure de donner et de se soucier de Tsédaka, nous sommes devenus généreux.

Ou encore, lorsque à mesure de faire davantage de Brakhot (bénédictions) au quotidien, nous sommes devenus reconnaissants, pour tout ce que nous recevons en permanence.

« Ce n’est pas le Tsadik qui est dans le Monde à venir, mais c’est le Monde à venir qui est dans le Tsadik »

Comme poursuit le Rav Dessler, au travers donc de ce mouvement entre avoir une connaissance extérieure et être, devenir cette connaissance à l’intérieur, nous nous construisons vraiment nous-même. 

Nous étoffons l’essence spirituelle qui deviendra le matériau du Monde à venir.

C’est donc bien NOUS qui nous faisons, qui créons ce que nous serons, là-bas.

Dès lors, comme l’explique Rabbi Haim de Volozhin, « lorsqu’une personne accomplit une Mitsva, elle se trouve déjà, sans le savoir, dans le Monde à venir ». Elle s’en remplit, car elle s’est, par cet acte, déjà attachée à la vérité, et donc à Hachem.

C’est pourquoi un sage éminent a pu affirmer que « ce n’est pas le Tsadik qui est dans le Monde futur, mais c’est le Monde futur qui est dans le Tsadik ».

Mais, au juste, que vivrons-nous, là-bas ? 

Eh bien, une nouvelle forme, sublimée, d’avoir… au travers du plaisir sublime que procure la contemplation de la Chékhina (présence divine)…

Et, chose surprenante, le Tsadik qui aura atteint ce niveau pourra, de ce point de vue beaucoup plus élevé, enfin comprendre les raisons du majestueux plan universel du Roi du monde. Cela lui donnera un sentiment de joie ineffable, car il comprendra enfin en quoi sa propre lutte contre son Yetser 'Hara, ici-bas, a fortement contribué à la réalisation de ce plan

Ce plaisir, donne, lui-même, accès à un nouveau niveau d’être…

Et de plus être à plus avoir, le Tsadik ne cesse d’être en mouvement d’élévation perpétuelle dans le Monde futur. Un mouvement, sublime et merveilleux.

Ainsi, pour revenir au constat initial, il est palpable de ressentir, depuis le début du Covid-19, cet appel céleste qui nous conduit, au travers du profond travail de Middot (traits de caractère) au cours de cette période, à expérimenter de nouveaux niveaux d’être. Mais également une nouvelle perception sur la place qu’occupe l’avoir, dans nos vies. 

Puisse Hachem nous faire accéder, bientôt et de nos jours, à cette nouvelle dimension, dans la sérénité et la joie la plus complète !