Chaque matin, après avoir dit Modé Ani et accompli l’ablution des mains, nous sommes tenus de réciter les bénédictions du matin. En tant que femmes, je suis convaincue que l’une d’entre elles vous a tout particulièrement interpelées : « Baroukh Ata Hachem Elokénou Mélèkh Ha’olam Chélo ‘Assani Icha », qui signifie en français : « Béni sois-Tu notre D.ieu, Roi de l’univers, qui ne m’a pas fait femme ». Cette bénédiction ne cesse de susciter de nombreuses controverses au sujet du regard que la Torah porte sur la femme.

Afin de rentrer dans le vif du sujet, une brève mise en contexte est de mise. La Rabbanite Miriam Kosman explique que l’essence d’un homme est de conquérir, d’aller à l’extérieur et de changer le monde. Son ‘Avoda (service divin) est focalisé sur l’action et la prise en charge de projets. Pour une femme, c’est tout le contraire, bien que l’on puisse dire aujourd’hui que certaines femmes s’apparentent aux hommes. Mais typiquement, la femme est celle qui « est », qui n’est pas dans l’action, mais plutôt dans une sphère de plénitude, de Chlémout (complétude). Son être est focalisé sur son intériorité, alors que celui de l’homme est constamment centré sur le monde extérieur.

Par surcroît, une femme est née femme, et sa féminité résidera en elle à partir du moment où elle naît jusqu’à celui où elle va rejoindre l’autre monde. Une fille reproduira la plupart du temps l’exemple maternel qu’elle a reçu de sa propre mère. Mais un homme, lui, doit apprendre la masculinité et ce qu’est être père et de s’occuper de ses enfants. Il doit accomplir à un certain moment de sa vie un changement drastique afin de passer du stade d’adolescent à homme, puis à celui de mari et de père.

Avec ces informations en tête, nous pouvons maintenant examiner l’explication de cette bénédiction en tant que telle. Le Beth Yossef dans le Ora’h ‘Haïm stipule que l’homme possède plus de Mitsvot que la femme, et tout particulièrement la Mitsva d’étudier la Torah. Ce phénomène peut être compris par ce qui a été mentionné précédemment. L’homme a un travail bien précis à accomplir, celui de sortir de sa zone de confort et de passer du stade d’enfant à adulte, de celui d’adolescent à mari et père. Ainsi, en récitant cette bénédiction, l’homme remercie son Créateur de lui donner l’opportunité de se surpasser, chose qu’il ne pourrait pas accomplir s’il avait été créé dans un corps de femme. Cette bénédiction n’est donc en aucun cas dégradante pour la femme; au contraire, elle valorise son statut plus élevé, sa relation plus intime avec Hachem nonobstant le fait que son implication dans le service divin soit moins exigeante que celui de l’homme. Nous pouvons comparer cette situation à deux élèves : l’un est un cancre, l’autre est premier de classe. Le cancre a une moyenne de 12/20 et le premier de classe a une moyenne de 18/20; vous comprendrez bien que celui qui a une moyenne médiocre doit faire des efforts considérables pour arriver à la moyenne du premier de classe. Ce dernier doit tout même travailler, mais il est beaucoup plus aisé pour lui d’avoir de bonnes notes. C’est exactement le même principe dans la dynamique homme-femme.

En somme, il est facile pour l’homme de tenter de s’échapper du rôle qui lui incombe et de se vautrer dans le monde harmonieux de la féminité, mais ce n’est pas ce à quoi D.ieu s’attend de lui. Il requiert que ce dernier conquière, construise et sorte de son nid douillet. D’ailleurs, la Halakha reflète très bien ce principe. L’homme est presque constamment en état « d’obligation ». Il est tenu de prier trois fois par jour avec un Minyan et d’étudier la Torah sans cesse. À ce propos, le mot hébreu pour homme est Guévèr, qui est issu du mot Guévoura (force ou rigueur). La Michna stipule qu’un homme fort est celui qui surmonte ses pulsions et ses désirs. Un « vrai » homme, selon la conception divine, est celui qui est discipliné, responsable et fiable. Ne rêvons-nous toutes pas d’un homme pareil ?!

Maintenant que l’on a éclairé ce sujet qui semble constamment susciter nombre de controverses, lorsque vous rencontrerez quelqu’un qui cherchera à accuser la Torah d’être misogyne, vous saurez quoi lui répondre !