Le mois de Av est un mois qui commence par la peine et la douleur causées par la destruction du Beth Hamikdach et qui se poursuit par la joie de Tou Béav, le « jour des rencontres ». Quel meilleur moment aurait-on pu trouver pour parler du foyer juif, ce « mini sanctuaire », que l’on continue de bâtir chaque jour, à chaque instant, par nos bonnes actions vis-à-vis de notre conjoint et par la vie menée dans la pureté familiale ?
Le Beth Hamikdach était l’endroit par excellence de la résidence de la Chékhina. Celle-ci était palpable au jour le jour. Il existe plusieurs « niveaux » de Chékhina. La Chékhina réside également, à un certain niveau, en chaque Juif qui se comporte comme il le faut. Le verset affirme d’ailleurs : « Véassou Li Mikdach Véchakhanti Bétokham – Ils Me feront un sanctuaire et Je résiderai en eux ». Notons qu’Hachem ne déclare pas résider dans le sanctuaire même, mais « Bétokham – en eux », parmi les Bné Israël.
Chaque foyer juif peut aussi être un lieu de résidence pour Hachem, un mini sanctuaire. Comment parvenir à bâtir un sanctuaire ? La Guémara nous donne la réponse : « Ich Véicha Zakhou, Chékhina Bénéem. Lo Zakhou, Ech Okhaltam – Si un homme et une femme sont "Zakhou" (à définir), la Chékhina réside parmi eux. S’ils ne le sont pas, un feu les dévore ».
Le mot « Zakhou » signifie littéralement « mériter ». Ainsi, si le couple est méritant, il bénéficie de la Présence et de la Providence divine.
Le Zohar explique que « Zakhou » vient du mot « Zokh » qui signifie « pureté ». Si les conjoints vivent dans la pureté, ils sont accompagnés de la Chékhina, de la Siyata Dichmaya (aide divine).
En revanche, si ‘Hass Véchalom, ils n’ont pas cet ingrédient dans leur recette de vie commune et qu’il leur manque le « Zakhou », la pureté, un feu les dévore.
Le Nom d’Hachem, formé par les lettres Youd et Hé, apparaît dans les mots איש (homme) et אשה (femme). Sans pureté familiale (qui est également vectrice de respect et d’amour, de valorisation et de paix entre conjoints), on écarte le Nom d’Hachem et l’on instaure la situation décrite par nos Sages dans le cas où il manque le « Zakhou ». En effet, il ne reste alors, des mots « איש » et אשה » que les lettres « אש » (Alef et Chin), le feu qui consume et détruit tout sur son passage.
Rav Wolbe décrit la Chékhina comme étant une surveillance, une garde, une providence individuelle qui, même lors de la destruction du Beth Hamikdach, lors de l’exil, ne nous a pas quittés, ne nous a jamais abandonnés.
Nous cherchons tellement cette Présence, cette Providence ! Nous aspirons tant à la garde et à l’attention d’Hachem dans tous les domaines et dans chaque détail de notre vie – notre couple, la naissance et l’éducation de nos enfants, la santé physique et mentale de tous les membres de notre famille, notre Parnassa, etc., qu’il serait dommage de ne pas investir dans la source de toutes ces bénédictions…
Notons aussi que le mot « אש » est l’acronyme des mots אין שקט (pas de tranquillité), אין שלוה (pas de sérénité), אין שלום (pas de paix), אין שלמות (pas de complétude), אין שכינה (pas de Providence divine).
Le Zohar ajoute qu’à 5 moments précis, la Chékhina descend et réside sur le peuple juif, peu importe ses mérites !
- Le jour de Roch Hachana, lors des sonneries du Chofar
- Pendant Kol Nidré de Yom Kippour
- Le soir du Séder de Pessa’h
- Pendant la veillée de Chavou’ot
- Au moment où les conjoints méritent de s’unir, dans la pureté et la sainteté !
Vous rendez-vous compte de la portée de ces paroles de Rabbi Chim’on Bar Yo’haï ? La Rabbanite Ruth Chémech affirme que lorsqu’un couple s’unit, en suivant les procédures des lois de Taharat Hamichpa’ha, il mérite la Présence divine, non seulement au sein du foyer, mais cette Présence a des répercussions sur l’ensemble de la nation – au même niveau que pendant Kol Nidré de Yom Kippour !! Et ce, même si les conjoints ne respectent pas forcément les autres Mitsvot (mais à condition que leur union soit effectuée dans la pureté).
Pourrait-on imaginer passer à côté d’une telle opportunité ? Ne pas saisir l’occasion de prier en notre faveur, en faveur de notre mari, de nos enfants, de notre famille élargie, de l’ensemble du Klal Israël ?!
Ne conviendrait-il pas d’investir un minimum de temps et d’efforts pour approfondir nos connaissances et nos Hachkafot à propos de cette Mitsva unique (qui, contrairement aux autres moments de Présence divine inconditionnelle, n’arrive pas qu’une fois par an) ?
Il nous faut encore résoudre une question importante. Le concept de Chékhina est des plus spirituels. Comment concevoir que la Chékhina « en personne » puisse se vêtir de matérialité et descendre dans le monde physique, surtout au moment le plus corporel et sensoriel ? Bé’ezrat Hachem, je laisse cette question en suspens et j’espère y répondre dans un prochain article.
Et pour terminer sur une belle idée, à propos de la suite du mois de Av – la partie des réjouissances, le jour de Tou Béav qui symbolise les mariages – rappelons une parole de nos Sages. La Guémara demande : « Que fait Hachem depuis qu’Il a terminé de créer le monde ? » Et elle répond qu’Il passe Ses journées à être מזווג זיווגים, à marier les gens. Difficile à comprendre… Y a-t-il tous les jours, à chaque instant, de nouvelles fiançailles, de nouveaux mariages, au point de ne faire que ça tous les jours, depuis 5785 années ?
Le Maharal nous propose une réponse édifiante. « De la même manière qu’Hachem maria Adam et ’Hava, il marie chaque homme, chaque jour – un homme avec son épouse – et chaque union est une nouvelle création. ».
En d’autres termes, chaque jour, Hachem revalide le choix du conjoint, Il signe à nouveau sur notre Kétouba, Il ajoute un "like" sur le calendrier de notre vie de couple. Il ne nous a pas menées sous la ‘Houppa pour nous laisser nous débrouiller seules par la suite. Non, Il nous accompagne et nous répète, chaque matin : « Ma chérie, c’est lui ! C’est ton Mazal ! C’est la deuxième moitié de ta Néchama ! »
Puissions-nous intérioriser ce message et mériter de voir la Présence de la Chékhina dans notre foyer ainsi que dans le Beth Hamikdach, prochainement !






