Un jour, un homme qui n’était pas juif demanda à Hillel Hazaken de lui apprendre toute la Torah sur un pied. Hillel lui dit : « Ne fais pas à ton prochain ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse, à toi-même ». Derrière cette phrase qui peut nous paraître toute simple et banale, on nous demande déjà un grand travail sur soi-même ; à travers tout ça, je pense qu’Hillel a voulu surtout nous faire passer un message fondamental : Arrête de penser que tu es seul au monde, qu’il n’y a que toi… Pense qu’il y a aussi un autre.

C’est un message essentiel pour toute l’humanité, car on a tendance à ne penser qu’à soi et à oublier que l’autre est là, la vérité étant que nous sommes tous de très grands égoïstes. Je sais, ça fait mal à lire, mais c’est la vérité !

La vie dans laquelle on est est une véritable course infernale. Rabbi Na’hman de Breslev nous dit : « La vie est un jeu, mais attention : ne te prends pas au jeu ». C’est-à-dire qu’il est bien évident qu’à aucun moment tu vas faire quelque chose qui est contre ta morale, par exemple, personne ne te diras « Je vole », mais plutôt : « Tu comprends qu’avec mon métier et mon besoin de Parnassa pour ma famille j’ai besoin de faire ça ou ça… ». Ces circonstances atténuantes vont nous faire dépasser notre « ligne rouge », et donc, là, on peut dire qu’on s’est pris au jeu !

Donc, « Ne fais pas à ton prochain ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse » c’est déjà un grand niveau, car cela va me demander de penser et de réfléchir. Toute la base est là : la Torah nous demande de penser et de nous rappeler que nous ne sommes pas seuls au monde et qu’il y a un autre qui peut penser différemment de moi, et pourtant, je me dois de l’accepter tel qu’il est.

Si j’arrive à accepter l’autre, c’est en fait une grande réussite pour moi car cela voudra dire que je me suis acceptée telle que je suis, avec mes défauts et mes qualités, en comprenant, bien évidemment, que je suis venue dans ce monde pour essayer de me parfaire.

Et justement, nous sommes pris dans une spirale tout au long de notre vie, afin de nous empêcher de réfléchir et de nous poser en essayant de savoir ce qu’Hachem attend de nous vraiment. Et donc, nous passons notre temps à regarder l’autre et à voir tout ce qui ne va pas chez lui ; dans ce cas, attention danger : « Je me suis prise au jeu ! ».

Très souvent, dans ma vie de tous les jours, à travers tout ce qui m’entoure, on demande à l’autre de nous comprendre. Mais avons-nous fait l’effort de le comprendre ? Est-ce que nous-mêmes aurions accepté le quart de ce que nous lui demandons d’accepter ?! Ou bien, dans un autre registre, nous demandons aussi à Hachem de nous comprendre à travers nos Téfilot. Mais est-ce qu’une fois, moi, j’ai essayé de faire la volonté d’Hachem ?

Il est important que tu saches qu’Hakadoch Baroukh Hou passe son temps à nous comprendre et à nous juger Lékaf Zekhout (avec indulgence). Il sait bien qu’au fond nous ne sommes pas des méchantes, et qu’en fait, nous aimerions bien lui faire plaisir, et Il sait aussi que nous sommes prises dans la course infernale de la vie... Alors, comme « une maman », Il passe son temps à Se dire : « Les pauvres, Mes enfants ! Ils n’ont pas encore pris le temps de s’asseoir et de réfléchir, ils sont pris dans le cercle infernal de la vie. Mais Je les aime envers et contre tout ! ». Hachem est miséricordieux, Il va nous projeter dans toutes sortes d’aventures pour nous obliger à nous poser les bonnes questions et lever les yeux vers Lui. Et c’est là l’essentiel de notre vie…

La règle du jeu est simple : rechercher Hachem à travers les évènements de la vie, avec pour mot d’ordre : le libre arbitre. Comme nous l’a enseigné Rabbi Na’hman, le libre arbitre c’est : tu veux tu fais, tu ne veux pas, tu ne fais pas. Si tu arrives à discerner le bien du mal et choisir le bien, c’est une grande proclamation du nom d’Hachem.

Sache que le Yétser Hara’ (qui veut, je te le rappelle, t’éloigner d’Hachem) te donnera toujours l’impression qu’Hakadoch Baroukh Hou attend de toi l’impossible, mais, en fait, notre travail est de réussir à faire le Chalom entre notre Néchama (qui est pure et n’aspire qu’à la sainteté) et notre corps, qui, lui, ne recherche que les passions de ce monde-ci. C’est un véritable bras de fer, je l’admets, mais, encore une fois, regarde l’amour d’Hachem : nous ne sommes pas payés au résultat, mais à l’effort ! L’essentiel doit rester cette volonté qui est l’essence même du juif, essayer de faire le Chalom entre mon enveloppe et ma Néchama ; c’est là toute la notion du Tsaddik !

Si toutes ces notions étaient claires et évidentes pour nous, nous aurions pu véritablement voir la Présence d’Hachem (il n’y aurait plus de libre arbitre), le salaire et la récompense n’existeraient pas (à l’image des anges). En revanche, l’être humain étant ainsi fait, nous n’aurions pu supporter de « manger le pain de la honte », et aurions préféré acquérir par « nous-mêmes » notre monde futur !

En fait, l’exploit est de repérer Hakadoch Baroukh Hou à travers toute l’obscurité qui nous entoure, et ça c’est ce que le Yétser Hara’ nous fait passer pour « impossible ».

Tout ce qui nous entoure n’est en fait qu’une illusion… La seule chose qui est vraie est Hachem ! Il a créé la nature et, là encore, attention danger : oublier qu’Hachem est derrière toute cette nature.

Pour t’expliquer qui sera le vainqueur du jeu, laisse-moi te rapporter ce que Rabbi Na’hman a dit : « Il se trouve un grand nombre de personnes religieuses qui ne s’isolent pas pour parler avec Hachem. Je les appelle des tourmentés, des perturbés. Lorsque le Machia’h viendra soudain et les appellera, ils seront déconcertés… ». En revanche, ceux qui parlent avec Hachem…