Yossef et ses frères reviennent de l'enterrement de leur père Ya'acov. Sur le chemin, ils passent à côté du Puits où a été jeté Yossef, et voilà que celui-ci s’arrête et prononce une bénédiction : « Béni soit l'Éternel qui m'a fait un miracle à cet endroit » [1]. Quand ses frères voient cela, ils se disent : « Cela veut dire qu'il se souvient encore de ce qu’on lui a fait et il voudra sûrement se venger ! ». Quel rapport y a-t-il entre la bénédiction que prononça Yossef et la déduction de ses frères ?

En réalité, Yossef agit comme il fallait puisque la loi dit que celui qui passe par un endroit où il reçoit un miracle doit dire : « Béni soit l'Éternel qui m'a fait un miracle à cet endroit » [2].

Le Rav Lior Sibi, dans son livre « Chalom Alékhem » nous éclaire sur l’apeurement des frères de Yossef. Quand ils l’écoutèrent prononcer la bénédiction, ils ressentirent comment à ce moment là Yossef était rempli d'enthousiasme et d'émotion comme s'il venait d'être sauvé du puits ! Alors que s’étaient écoulés 39 ans depuis cet événement ! C'est pourquoi ils se mettent à paniquer en se disant qu’il n'a rien oublié, malgré les nombreuses années qui se sont écoulées.

De là, nous apprenons que remercier Hachem ou remercier son prochain doit se faire avec un véritable sentiment de gratitude et pas seulement de façon superficielle. Pour y arriver, cela nécessite de prendre conscience que rien ne nous est dû et que tout ce qu'on reçoit est un véritable ‘Hessed.

La base de la réussite dans le couple : la reconnaissance !

Comment se fait-il qu'au début du mariage, le ‘Hatan et la Kalla s'apprécient tellement, se respectent tellement, se chérissent tellement et qu'après quelques années, nous voyons si fréquemment tout s'envoler ?

Où sont passés les compliments, les encouragements et la gratitude ?

Malheureusement, non seulement ils ont disparu, mais en plus ils ont été remplacés par la critique si destructrice. C'est d'ailleurs l'une des raisons des terribles divorces qui deviennent presque naturels aujourd'hui : une relation dans laquelle les sentiments négatifs prennent le dessus et enfoncent le couple dans la déception et la souffrance sentimentale.

Voilà qu’au lieu de trouver réconfort auprès de son conjoint, on se retrouve plus seule que jamais ! Celui qui était supposé nous aimer et nous accepter devient ni plus ni moins que notre ennemi.

Il faut savoir que l'amour dans le couple est quelque chose qui doit s’entretenir. Sans être nourri, l’amour il s’envole ! L'ennemi numéro 1 du couple est l'habitude.

Le Rav Michael Lasri, célèbre conférencier en Israël, a l’habitude de raconter l'anecdote suivante : « Un jeune homme se promenait avec sa fiancée et soudainement, elle trébucha. La réaction automatique du jeune garçon a été de s'empresser de vérifier si tout allait bien et de lui proposer de l'aide. Voici les mots de ce jeune homme quelque temps après son mariage, dans une situation similaire : mais fais attention ! Tu ne vois pas où tu vas ? »

Que s'est-il passé ? Où a disparu la galanterie ?

Eh bien, tout simplement, l'habitude s'installe et entraîne les conjoints à ne plus ouvrir les yeux sur leurs bienfaits mutuels. Si au début de leur vie commune, le mari s'exclamait après avoir dégusté un bon plat « Wouaw… quel délice, tu es une vraie championne de la cuisine ! » ou encore « Tu es magnifique dans cette tenue ! », après quelques années tout cela devient évident, normal, et ce qui remonte à la surface, ce sont les insatisfactions !

Mettre les attentes sous l'oreiller !

La Michna nous dit : « Qui est le vrai riche ? Celui qui se contente de ce qu'il a » [3]. Le problème majeur que rencontrent beaucoup de couples et qu'ils débutent leur mariage avec beaucoup d'attentes, et quand celles-ci ne sont pas remplies, alors ils sont déçus et plongent dans la tristesse. La solution serait de se dire : mon conjoint ne me doit rien !

À ce moment-là, à chaque fois qu'il fera quelque chose, alors je le remercierai vraiment comme si j'avais reçu un cadeau !

C’est ce que nous enseigne le Rav Sim’ha Cohen dans son livre Habayit Hayéhoudi. Si ton mari répare quelque chose qui s'est cassé, ne laisse pas cela passer comme s’il n'y avait rien. Exclame-toi : « Merci beaucoup chéri, j’étais complètement bloquée... Grâce à toi je vais pouvoir l’utiliser de nouveau ! »

Il faut savoir que l'homme a un besoin profond de gratitude de la part de sa femme dans le cadre de sa vie familiale. Pour lui, tout ce qu'il fait à la maison (en dehors de sa responsabilité de subvenir aux besoins financiers de la famille) est du volontariat !

C'est comme cela que Hachem l'a créé. Le fait de le remercier avec un sentiment de « Tu m'as sauvé la vie ! » donne légitimité à sa nature d'homme et l’incite à recommencer.

Ouvrons les yeux sur les moindres gestes de notre conjoint et n'hésitons pas à exprimer notre reconnaissance ! Plus on le fera, plus cela deviendra naturel et conduira à une atmosphère chaleureuse qui encouragera l'union. Celui qui se sent apprécié et valorisé envoie automatiquement ces valeurs sur son prochain et entretient ainsi une dynamique positive qui permet d'évoluer malgré les imperfections.

Mettre le focus sur la lumière et ignorer l'obscurité est le secret de la réussite pour nous tous !

Chabbath Chalom à toutes !

 

[1] Ba’al Hatourim

[2] Choul’han 'Aroukh

[3] Pirké Avot