Yom Kippour a une connotation terrifiante. Qui n’appréhende pas cette journée avec le nœud à l’estomac ? Notre dossier passera-t-il ou ne passera-t-il pas ? Le Juge fera-t-il preuve d’indulgence et de miséricorde envers nous, nous si petits humains qui ne résistons pas à notre mauvais penchant, nous qui avons passé une année à décevoir Le Juge à qui nous avions promis l’année dernière de ne pas récidiver, nous qui avons passé une année à fauter avec nos yeux, nos mains, nos pieds, nous qui parlons et pensons mal… ?

Si nous percevons Yom Kippour de cette façon, notre crainte est légitime. Pourtant, cette année il serait bien que cette journée prenne une dimension différente, il serait bien de remplacer la peur par la joie et la crainte par l’amour. Il n’est pas question d’annuler le processus de Téchouva, mais d’en modifier l’approche et la perception.

Si nous traduisons Yom Kippour, il s’agit d’une journée de Pardon. En quoi peut-on désirer une journée de pardon, en quoi peut-on être heureux à l’idée de cette expérience ? Le pardon vient généralement après une dispute ou une séparation, il vient après des larmes et des angoisses, tous ces sentiments dont personne n’est très friand.

En tant que maman, cette métaphore nous parlera et nous aidera à comprendre et à changer notre perception de Yom Kippour.

Dans chaque maison, il y a des règles bien établies. Ne pas frapper, ne pas insulter, ne pas se lever de table pendant le repas, ne pas marcher sur le fauteuil avec les chaussures, ne pas utiliser les objets des autres sans permission… Chaque maison a son règlement avec ses priorités…

Lorsqu’une des règles est bafouée, notre rôle de parent est d’avertir, puis, si le cas se reproduit, notre rôle est de punir. De nouveau, chaque maison a son système de punition, certains parents privent les enfants de quelque chose d’agréable, d’autres infligent quelque chose de désagréable (dans la limite humaine et éducative évidemment), tandis que d’autres encore se retirent de la pièce et privent les enfants de leur présence. Et c’est probablement ce qui fait le plus mal, surtout aux plus petits. Ils se sentent abandonnés, ils perdent leurs repères. C’est là que je me tourne vers vous, que ressentez-vous au moment où vous punissez vos enfants ? Ressentez-vous de la satisfaction, du bien-être, ou êtes-vous en train de vous faire violence pour ne pas rappeler dans les 10 secondes votre enfant consigné dans sa chambre ?

Un parent ne punit pas, un parent éduque. La punition est là uniquement dans le but de faire comprendre à l’enfant l’importance des règles à suivre. Et c’est ainsi que, plus tard, il sera un adulte respecté dans la société. Le temps de la punition est probablement plus douloureux pour le parent que pour l’enfant lui-même.

Lorsque l’enfant passe ses petites joues toutes mouillées de larmes par l’encadrement de la porte et murmure de sa petite voix « maman, je ne recommencerai plus, je suis désolée », la maman court vers la chambre pour lever instantanément la punition et distribuer câlins et bisous en prime (même si elle sait pertinemment qu’il y a de fortes chances pour que l’enfant réitère son erreur dans les heures qui suivront). Même dans le cas où l’enfant a un peu plus de mal à exprimer ses regrets (par fierté ou par ignorance), la maman ne reste pas de marbre, elle va elle-même à la recherche de ces retrouvailles qui lui tiennent à cœur, qui lui sont chères, « ça y est, tu as réfléchi, tu t’es calmé ? », elle veut lever la punition, elle veut montrer à son enfant qu’elle l’aime et l’aimera toujours à l’infini.

Lorsque l’enfant s’éloigne de son parent, lorsqu’il n’agit pas conformément aux règles de la maison, le parent ne désire qu’une chose : que son enfant lui donne l’occasion de lui PARDONNER. Même s’il chuchote un semi-regret timide, il sera immédiatement pardonné avec amour et chaleur.

C’est ainsi, le jour du grand pardon. Hachem semble mécontent de nos actions, Il nous a peut-être punis, mais en fait, Il attend au coin de la porte, les bras chargés d’amour. Il guette nos regrets, notre appel, ne serait-ce même qu’un regard furtif en Sa direction suffira pour Le convaincre de notre bonne volonté. Et si nous Lui demandons pardon avec sincérité, une fois de plus, Il nous pardonnera avec amour et joie, cette année encore.

Tel un parent, Hachem croit pleinement en nos excuses, Il n’émet aucune réserve sur la sincérité de nos regrets ou sur les promesses et bonnes résolutions concernant l’avenir.

Hachem veut nous entendre L’appeler depuis l’encadrement de notre chambre, Il veut nous entendre Lui demander la permission de redevenir l’enfant aimé et de pouvoir revenir vivre et rire à Ses côtés, car la vie est tellement plus agréable à Ses côtés. Hachem n’attendra pas le milieu de notre phrase, Il n’attendra pas la fin de nos supplications, qu’Il sera déjà en train de nous enlacer de tout Son amour éternel.

Ainsi, en sachant précisément ce qu’Hachem attend de nous ce jour-là, il est beaucoup plus simple d’avancer sereinement vers cette journée de pardon. Nous savons que, dès que notre cœur s’ouvrira aux regrets et que nous mentionnerons nos premières excuses, nous connaîtrons alors les plus émouvantes des retrouvailles, nous serons alors submergés par cet amour sincère et unique qui lie un parent à son enfant. Quoi de plus rassurant et magnifique !