Question 

J’emprunte régulièrement les transports publics, l’autobus ou le train. J’effectue généralement de longs trajets, d’une ville à une autre. Aux heures de pointe, l’autobus est souvent bondé. En raison du fait que je monte à l’une des premières stations, je trouve la plupart du temps une place assise. Mais il arrive parfois, alors que le bus soit plein à craquer, qu’une personne âgée monte quelques stations plus tard et qu’elle n’ait pas de place où s’asseoir. Puisqu’il s’agit d’un long trajet, la plupart des gens ne veulent pas laisser leur place et, de ce fait, rester debout pendant tout le voyage. J’aurais voulu savoir si je dois céder mon siège à la personne âgée.                                                  

Réponse

Bien que ce ne soit pas une obligation absolue, du point de vue de la Midat ’Hessed (bienveillance envers son prochain) et du Derekh Erets (savoir-vivre) il est opportun de laisser votre place à la personne âgée. Bien entendu, ce n’est que dans le cas où vous êtes vous-même un homme jeune et capable de rester debout pendant tout le trajet.

Réponse détaillée 

Il est écrit dans la Torah : « Devant la vieillesse, tu te lèveras, tu respecteras la face du vieillard » (Vayikra, 19, 32). Et le Talmud en déduit que l’obligation en résultant consiste à se lever devant toute personne ayant plus de soixante-dix ans et passant près de soi. C’est ainsi qu’a été tranchée la Halakha, mais il n’y a pas de Mitsva de céder sa place à une personne âgée.

Cependant, d’après l’avis des Richonim (premiers décisionnaires), il faut laisser sa place à une personne âgée. Plusieurs raisons sont invoquées. Certains expliquent que, puisque nous avons l’obligation de nous lever devant elle jusqu’à ce qu’elle se soit assise et que nous ne pouvons pas nous asseoir tant qu’elle reste debout, il nous incombe donc de lui donner notre siège. D’autres décisionnaires statuent que ce geste entre dans le cadre de la règle de Guémilout ’Hassadim (charité) tandis que d’autres considèrent que le fait de se lever seulement sans céder sa place est une forme de dédain et non pas de « respect ».

Une règle supplémentaire au sujet de la Mitsva de respecter les personnes âgées stipule que celle-ci ne s’applique pas au cas où une perte financière serait causée. 

Tenant compte de cette règle, les décisionnaires contemporains estiment que le fait de rester debout durant un long trajet provoque des douleurs corporelles et que celles-ci sont considérées comme une perte pécuniaire. Par conséquent, laisser sa place à une personne âgée ne relève absolument pas de la Mitsva de respect des personnes âgées. Par contre, si l’on veut faire preuve de bienveillance ou de prévenance envers une personne âgée, il convient de lui céder son siège. Ces mêmes décisionnaires ajoutent que, s’il s’agit d’un Talmid ’Hakham (érudit en Torah), c’est alors une obligation de lui laisser sa place. 

Dans le cas où la personne âgée sait qu’il n’y pas de places libres et que dans quelques minutes, un autre véhicule va arriver, elle ne montera pas dans l’autobus à l’arrêt en ayant à l’esprit qu’on lui cédera une place. 

Références

Guémara Kidouchin (32b et 33a) ; Choul’han 'Aroukh, Yoré Déa (chap.244, §1 et §6) ; Na’hal Kedoumim (Ha’Hida) et Tosfot Hachalem, Parachat Kédochim (Vayikra, 19 :32) ; Responsa Chevet Halevi (2e partie, chap.114) ; Responsa Ye’havé Dat (3e partie, chap.71) ; Yabiya Omer (6e partie,, chap.22) ; Téchouvot véHanagot (1re partie, chap.533) ; Birkat Naftali (chap.4, §7, note) au nom du Rav Eliashiv ; Responsa Az Nedabrou (10e partie, chap.30)

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