Le titre, un peu significatif, de cette chronique ne doit pas être mal compris, et saisi comme un magistère et une lecture absolue des faits. Le verset de la Torah exprimant la relativité de notre analyse de l’actualité ne doit jamais être oublié : « Les choses cachées appartiennent à l’Eternel notre D.ieu, mais les choses révélées nous importent à nous et à nos enfants jusqu’aux derniers âges, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de la Torah » (Devarim 29, 28). Il n’est pas question d’observer les évènements, et de tenter de les comprendre, en tant que croyants en l’action d’une Providence Qui dirige l’Histoire. Sans être ni prophètes, ni Sages, il importe de tenter de LIRE, et de tirer les leçons des faits qui se déroulent devant nous, en particulier lorsque ces faits sont totalement inhabituels et donc s’imposent à notre réflexion.

Les accidents qui sont arrivés ces derniers temps nous interrogent, par leur violence, par leur caractère inattendu, et également par le nombre de victimes. Il n’est pas dans l’intention de cette chronique d’établir une statistique : la réflexion devant l’évènement est l’impératif actuel, en 3 niveaux très distincts : source technique des circonstances en premier lieu, pour éviter – si possible – une répétition de « l’accident » ; en deuxième lieu, il faudra réfléchir à l’Auteur, pour savoir vers où se repérer. La troisième réflexion nous élèvera vers une analyse des conclusions que chacun doit tirer d’évènements de cette ampleur.

Revenons d’abord à la source technique : il ne s’agit pas d’un phénomène géographique, d’une circonstance tellurique (inondation, tremblement de terre). Il s’est agi de circonstances exceptionnelles : foule de gens désireux de prier sur la tombe d’un tsadik (Méron), chute d’un échafaudage (à Jérusalem) et effondrement d’un bâtiment luxueux (à Miami). Ce qui est frappant dans ces divers cas, c’est qu’il ne s’agit pas d’accidents de la route, de crises cardiaques, de maladie individuelle. A cela s’est ajoutée, pendant cette période, une épidémie universelle qui a emporté plusieurs millions de victimes ! Là aussi, les sources, les causes, sont difficiles à saisir. Les spécialistes s’intéressent pour comprendre l’origine de cette pandémie universelle, phénomène tout à fait imprévisible : fuite de laboratoire, transmission animale (chauves-souris ?). L’origine mystérieuse de cet évènement rarissime donne lieu à une véritable guerre des récits entre Pékin et Washington. Les chercheurs sont loin de s’accorder pour expliquer ce qui a été à l’origine de ce virus.

Mystère donc sur l’origine de la maladie, mais également impossibilité d’expliquer pourquoi les divers étages du bâtiment de Miami se sont effondrés, ou la raison qui a poussé les pèlerins de Méron à se serrer au point de ne plus pouvoir respirer !

Et c’est ici qu’apparaît le 2ème niveau de lecture des faits, incontournable. Il n’y a que deux explications possibles à de tels drames, non fondés sur la psychologie (haine, méchanceté, jalousie, nationalisme ?) humaine. Qui est derrière ces faits ? Où c’est le hasard – hypothèse plausible et certainement inconsciemment retenue par l’immense majorité des humains, qui refuse de croire en une explication transcendante de l’Histoire (ou ne cherche pas à y croire), ou alors – 2ème hypothèse – Quelqu’un dirige le monde. Il ne nous appartient pas de comprendre « comment » et « pourquoi » telle chose arrive. Quand tout va bien, on oublie de remercier, mais quand les choses se gâtent, alors vient la question : pourquoi ? Et alors qu’on n’a pas dit « merci » quand tout était facile à accepter, on se révolte ! Ou bien, on se refuse de croire et on se range parmi ceux qui estiment le « hasard coupable » ! Le croyant en la Providence a compris que le hasard est une illusion, et que seule la foi en un Maître de l’Histoire, en un Créateur donne un sens à l’existence.

Le 3ème niveau d’analyse des faits s’impose alors pour celui qui voit la Hachga’ha dans l’Histoire. Ici chaque fidèle doit se sentir concerné par des évènements si difficiles à lire. Il n’est pas question de se culpabiliser : « C’est arrivé parce que l’on a fait telle entorse à la Loi ». Se culpabiliser, c’est « avoir des yeux de prophète » ! Ce qu’il faut toujours, et cela c’est absolument nécessaire, c’est voir dans chaque circonstance un tremplin vers une amélioration du MOI. S’élever vers la spiritualité, améliorer ses relations avec autrui. Il ne faut pas non plus culpabiliser autrui. « C’est parce qu’il y a des rechaïm (méchants) dans le monde que les malheurs arrivent » est une phrase à ne pas prononcer. Si d’autres gens ne se conduisent pas comme il faut, cela ne nous concerne pas. En toute hypothèse, il ne faut pas se révolter et demander : « Pourquoi arrive-t-il des catastrophe de ce genre ? » Lorsque la chance nous sourit, on ne s’interroge pas : « Pourquoi ai-je gagné à la loterie ? », mais quand on est dans une situation difficile, c’est alors qu’on « proteste contre le sort » ! C’est une solution facile : se plaindre, protester, mais ce ne doit pas être celle de l’individu qui fait confiance à un Créateur ! Certes, il n’est pas facile, généralement, d’accepter des revers, des maladies, des accidents, mais, on le sait, il existe une bénédiction pour un évènement heureux (HaTov VeHaMétiv – Il nous fait du bien) et une autre pour un deuil, un évènement regrettable (Dayan Ha-Emet – Juge selon la Vérité). Certes, c’est ici une attitude plus difficile, mais nécessaire. L’essentiel, dans cette 3ème étape, c’est de reconnaître en toute circonstance la présence du Créateur. Ce n’est pas facile, mais c’est la leçon à tirer de toutes les circonstances.

Seule cette conduite assure le bonheur réel. Il n’est pas question de refuser l’aide médicale, de s’opposer aux médecins. Il est recommandé de faire ce qui est nécessaire pour assurer la santé physique et morale. Croire en une transcendance active et bienveillante, telle est la réponse de la Torah à l’activité de la créature.