Au lendemain des dernières élections en Israël, les médias ont stigmatisé l’influence nouvelle dans la vie politique du député Itamar Ben-Gvir, en désirant voir en lui un extrémiste suprémaciste, c’est-à-dire partisan de la « suprématie » d’une race juive, donc d’un racisme juif, s’estimant supérieur aux autres races. En dehors du désir de calomnier Israël – antisionisme comme antisémitisme – cette critique mérite d’être analysée, et jugée avec réflexion. Que peut signifier un « racisme » juif ? Sur quelles données peut-il se fonder ? Y aurait-il des bases « Halakhiques » qui justifieraient un tel reproche ? Se pencher sur ce problème n’est pas inutile, car toutes sortes d’idées absolument fausses sont à l’origine d’une telle rumeur : les Juifs refusent de s’assimiler aux nations, donc ils sont racistes ! Premier argument, totalement fallacieux comme on le verra. Deuxième argument : il est exact que les Juifs traditionalistes ne boivent pas de vin avec les non-juifs, ne mangent pas comme les non-juifs, mais ce n’est en aucun cas un racisme. Un refus d’identification avec les nations n’est pas un racisme qui implique une supériorité. D’où vient donc cette éventuelle accusation de racisme des Juifs ?

Assurément, les Juifs assimilés qui n’observent plus les lois de la Tradition ne peuvent être accusés de racisme, en tant que Juifs, car ils ne représentent en rien les traditions d’une religion qu’ils n’observent pas. Racistes, ils peuvent l’être mais cela n’est pas un racisme qui exprime un élément d’une tradition qu’ils ont rejetée. On peut leur reprocher d’être racistes, mais ce n’est pas l’élément juif qui exprime ici le racisme. Pour les orthodoxes, fidèles à la tradition, le racisme ne saurait exister. Ce prosélytisme en est une preuve. Le racisme est un refus ethnique, refus qui n’existe pas dans la tradition. Quiconque veut sincèrement se convertir est accueilli avec beaucoup de respect et de faveur. De nombreux rabbins étaient des non-juifs : Chemaya, Avtalyon, le père de Rabbi 'Akiva, le père de Rabbi Méïr, tous ces rabbins venaient assurément des pays voisins de la Terre d’Israël. Onkelos, le prosélyte par excellence, a traduit la Torah en araméen, et la lecture de la traduction de la section hebdomadaire est une obligation pour chaque Juif. La fidélité à la Torah n'inclut aucun racisme ; au contraire, elle le repousse. Dans le Chemoné Essré de la semaine que l’on récite trois fois par jour, une bénédiction spéciale mentionne les prosélytes. Y aurait-il ici un racisme ? C’est un terme étranger à la tradition juive.

Il importe, maintenant, de faire deux remarques essentielles : certains peuvent se rattacher à l’observance et pourtant être racistes. En cela, ils ne s’inscrivent nullement dans l’être juif. Ce n’est ni dans les prophéties messianiques, ni dans l’amour d’Erets Israël que l’on peut trouver une justification au racisme. La Torah ne fait jamais de distinctions ethniques. Certes, les mariages mixtes entre Juifs et non-Juifs sont défendus, mais ce n’est pas pour une raison raciste. La raison en est la nécessité de protéger la particularité de la religion juive. Si depuis 3000 ans la famille juive a pu survivre, c’est précisément grâce à l’observance scrupuleuse des règles de pureté familiale. Cela n’est possible que si les conjoints partagent le même idéal. Loin d’être un racisme, ces dispositions garantissent la sainteté, la pureté du foyer. Loin d’être une purification ethnique, il s’agit d’une élévation morale pour l’avenir du couple.

Une seconde remarque doit être soulignée : « spécificité » n’est pas « supériorité » : l’élection d’Israël n’est pas une preuve que le peuple juif est supérieur aux autres nations, mais est un élément de l’harmonie universelle qui doit régner à la fin des temps. Il ne saurait être question d’exprimer un racisme quelconque dans la conscience juive. Pour conclure cette présentation de l’intégration d’Israël parmi les nations, on ne saurait mieux faire que de citer la conclusion du livre « Vers l’Harmonie » du Rav Elie Munk, publiée il y a 70 ans, livre dans lequel il analyse les relations entre l’humanité et le peuple juif : « C’est sous le signe de la réconciliation d’Israël et des nations que s’accomplira la restauration de l’harmonie universelle… Cette harmonie cosmique qui embrassera tous les hommes et toute la nature s’élèvera comme une apothéose de gloire, comme une symphonie d’amour de toutes les sphères vers le Seigneur. De la fraternité de toutes les créatures, jaillira l’adoration commune de D.ieu, Père de tous les hommes. Et la vieille prophétie d’Israël proclamée par Zacharie (14, 9) s’accomplira dans l’étreinte du sublime du Ciel et de la Terre : « L’Éternel sera roi sur toute la terre. Et ce jour, l’Éternel sera UN et UNIQUE sera Son Nom » (Vers l’Harmonie, p. 158.9). Nul racisme, nulle discrimination. Harmonie d’Israël et des nations ! Est-il un plus beau message ?