Tout le monde occidental connaît l’histoire de ce Corse, né dans une île à l’orient, qui monte, comme un soleil brillant pour rayonner totalement au milieu de sa trajectoire, et qui, comme l’astre solaire, va disparaître dans une île éloignée à l’extrémité de l’Occident. Ce résumé de l’histoire de Napoléon ne semble-t-il pas relater l’histoire du sionisme politique ? Né dans l’idéalisme des premiers pionniers socialistes, il a éveillé l’enthousiasme des masses juives européennes, qui recherchaient un idéal perdu, il s’est développé dans les kibboutzim, mais a progressivement perdu cette auréole d’idéalisme. La droite, guère plus traditionnelle, a succédé, mais elle n’arrive pas, en tous les cas à l’heure actuelle, à s’unir pour construire un édifice stable ! Est-ce à l’image de l’ascension irrésistible de celui qui a été, quinze ans, l’empereur des Français ? Serait-ce ici son Waterloo, son échec final ?

Dans « Altneuland », Herzl raconte comment un fils de colporteur, David Litwak, très honnête, mais dépourvu d’ambition, est choisi pour être le Président de la Nouvelle Société, bien qu’il n’ait guère sollicité ce poste, et cherche à refuser cette nomination. Avis à MM. Bennet, Lapid, Saar, Gantz et Liberman qui n’auront de repos tant que Netanyahou reste à Balfour, siège du Chef du Gouvernement ! Ils ne semblent pas avoir lu le livre-roman de Herzl ! Il apparaît certes que le but de ces divers politiciens est de chasser l’actuel Premier Ministre !

Une chronique précédente rapportait les propos du Rav Pogramansky, de mémoire bénie, expliquant que les éléments non-religieux peuvent construire un Etat juif, mais ils ne sont pas capables de le maintenir. Cette remarque rapportée par Rav Wolbe Zatsal se référait aux ennemis extérieurs qui n’acceptent jamais l’existence d’un Etat juif sur des terres arabes, mais il semble, aujourd’hui, qu’elle s’applique hélas ! bien davantage aux ennemis intérieurs de la Torah, dont l’ambition avouée est de « laïciser » la Terre Sainte. C’est ainsi qu’ils peuvent s’assurer que l’Etat d’Israël pourra être un état comme les autres, laïque, sans référence à une Tradition vieille de plus de 3 millénaires. Ils pourront maintenir un Etat, mais ce ne sera aucunement un Etat juif !! C’est la leçon qu’il nous faut tirer des difficultés actuelles de la gouvernance. C’est le sens du Waterloo ! évoqué plus haut : supprimer toute relation avec l’être juif (« échec » de Napoléon après un succès éclatant).

Que l’on nous comprenne ! Il ne s’agit pas de décrier le sionisme politique : les Juifs attachés à la Torah tiennent à vivre sur le sol sacré. A l’époque de l’Ecole de Safed, le judaïsme était florissant avec le Ari Zal, Rav Yossef Karo, et bien d’autres encore. Plus tard, les élèves du Baal Chem Tov, les élèves du Gaon de Vilna, n’ont cessé d’affluer en terre d’ Israël. Après la Shoah, Israël est devenu un refuge naturel pour ceux dont les communautés avaient été décimées. De plus, l’existence d’un Etat juif a servi d’aimant pour les Juifs traditionnalistes qui savent que l’Histoire universelle s’inscrit dans un devenir messianique. Aujourd’hui, ce sont surtout les Juifs sensibles à leur patrimoine qui viennent se fixer en Terre Sainte. Mais ces considérations doivent nous « ouvrir les yeux », afin que nous prenions conscience du danger que serait un Etat laïque sur la terre promise !

Il nous incombe, à nous qui essayons de rester fidèles à la Tradition, d’œuvrer afin que ne se forme pas ici une génération d’Israéliens, éloignés de la Torah et des valeurs traditionnelles. Il nous appartient de veiller à la pérennité du peuple juif afin que nous puissions – au-delà des calculs électoraux – continuer l’Histoire, sur notre terre historique, afin de répandre le message du Sinaï et de montrer que c’est la seule voie pour assurer la permanence de nos valeurs, et continuer notre héritage trimillénaire. C’est la réponse à tous les calculs, à toutes les ambitions, c’est la voie du « Nétsa’h Israël » (“l’éternité d’Israël”) qui ne saurait disparaître, ainsi qu’il est écrit : « Un feu permanent brûlera sur l’autel, sans jamais s’éteindre » (Vayikra 6, 8).