Les élections à la Présidence de la République en France n’ont lieu que dans 8 mois, en Mai 2022, mais les candidatures se profilent à l’horizon, pour affronter l’actuel Président, qui se représentera assurément. L’un des candidats sera probablement Eric Zemmour, polémiste d’origine juive qui a écrit « Le Suicide français », livre à grand succès qui dénonce le danger de l’effacement en France de la culture occidentale, face à l’influence croissante de la population musulmane. C’est ce qu’il désigne comme danger du remplacement d’une culture, car il souligne l’incompatibilité entre ces deux cultures : l’occidentale et l’orientale. Actuellement, il vient de publier un nouveau livre, plus optimiste, sur les possibilités d’avenir de la société française, livre qui, lui aussi, semble avoir grand succès. Il ne nous appartient en aucune façon de donner un avis sur ce problème, en tant que croyants en un développement messianique de l’Histoire. Il convient, malgré tout, d’exprimer notre réflexion sur le caractère toujours éphémère des civilisations. Paul Valéry l’a écrit : « Nous autres, civilisations, nous savons que nous sommes mortelles ». Il ne s’agit pas, dans notre lecture, d’exprimer une opinion sur les avatars d’une civilisation, car notre problème est, clairement et évidemment, le maintien de la tradition héritée de la Révélation du Sinaï. Le philosophe Benny Lévy l’a affirmé : « Il s’agit de libérer le Sinaï de la vision politique du monde » (Le Livre et les livres, p. 45). Notre intégration, évidente, dans la civilisation occidentale ne nous oblige pas à dénigrer les acquis de la culture orientale. La Torah a été révélée au Mont Sinaï, en dehors de toute limite territoriale. Dans la perspective de la Torah, la « droite » et la « gauche » n’existent pas. Les deux chérubins placés au-dessus de l’Arche Sainte dans le Tabernacle du désert, transcendent ces distinctions politiques, pour témoigner, ensemble, de l’Unité.

Il est d’ailleurs significatif, aujourd’hui, dans la lecture restreinte du monde philosophique et politique de notre époque, de remarquer que deux philosophes, juifs eux aussi mais sans représenter le judaïsme en aucune façon, ont choisi deux directions opposées : Alain Finkielkraut, membre de l’Académie de France, apparaît plutôt situé à droite, tandis que Bernard-Henri Lévy semble plus proche d’une orientation de gauche, par ses divers engagements. Par contre, Benny Lévy, qui était un chef de l’extrême-gauche « maoïste » a rejoint le camp de l’authenticité « toranique ».

Il n’est nullement dans notre intention ici de « diffamer » un homme politique, ainsi qu’on nous l’a reproché, ou d’orienter le choix délibéré. Le but du Juif, lié à la chaîne spirituelle transmise au Mont Sinaï il y a plus de 3 millénaires, est de maintenir cette chaîne, par l’éducation juive et par la fidélité à la tradition. Le lien avec la culture française ne saurait, à nos yeux, être négligeable : par son lien avec la dimension humaine, humaniste, la culture française mérite, certes, notre admiration, mais cela reste dans la dimension humaine. Au-delà, la pierre de Jérusalem s’inscrit dans le devenir de l’être juif. Pierre se dit en hébreu « Even », et inclut le père (« Av ») et le fils (« Ben ») . C’est dans la fidélité à la tradition, dans ce passage de la tradition du père au fils, que s’exprime la particularité d’Israël. Cette fidélité garantit la pérennité de l’histoire juive, et promet la Rédemption finale.