Pour cette semaine, Torah-Box a décidé d’aborder un sujet d’actualité en cette fin d’année scolaire, la ‘Alya, en compagnie de l’une des personnes très actives dans ce domaine depuis plusieurs décennies, le Rav Moché Kaufmann de Bné-Brak.

Le Rav Moché Kaufmann est une figure célèbre du judaïsme francophone en Israël. Elève de Rabbi ‘Haïm Friedlander et de Rabbi Yissakhar Méir, il est expert en éducation juive et en lois du langage. Il dirige un prestigieux Kollel depuis 22 ans dans la ville de Bné-Brak (le Rav réside en Israël depuis 50 ans !), dispense de nombreux cours et conseille inlassablement familles et éducateurs dans les défis qui s’offrent à eux, notamment lors de leur ‘Alya en Israël.

Son objectif? "Permettre aux autres de se bâtir et de s’élever afin d’atteindre la sérénité et la joie !" Tout un programme…

 Rav Kaufmann, bonjour. Qu’est-ce qu’une ‘Alya selon vous ?

Tous les pays du monde sont marqués par des mouvements d’émigration et d’immigration, mais Israël est le seul pays on l’on parle de ‘Alya, c’est-à-dire de "montée". Mon maitre, le Rav Yissakhar Méïr, disait que la véritable ‘Alya est non seulement physique mais aussi spirituelle. En bref, une bonne ‘Alya, c’est arriver à une plénitude et réussir à s’élever.

 Existe-t-il d’après vous des ingrédients indispensables à une ‘Alya réussie ?

Je crois que la ‘Alya n’est réussie que si l’on monte par idéal. A ceux qui partent pour éviter les difficultés en France, je dis : vous n’en trouverez pas moins en Israël ! Il s’agit un pays en guerre et avec plus d’épreuves, mais c’est aussi le pays d’Hachem dans lequel on voit des miracles imperceptibles en Europe et ailleurs si seulement on suit Hachem.

 Les défis qui attendent les nouveaux ‘Olim ne manquent pas… Quels sont les principaux écueils à éviter selon vous ?

Au niveau du couple : il est important d’avoir à la base une vie conjugale sereine ou tout au moins aspirer à la construire. Comme vous le dites, les bouleversements sont nombreux et lorsque le couple est uni, toutes les épreuves peuvent être surmontées. Lorsque ce n’est pas le cas, celles-ci peuvent accentuer ‘Has Véchalom les dissensions au sein du foyer. Et évidemment, point de vue éducation, il faut savoir que les enfants s’intègrent plus facilement que les parents mais à condition qu’ils soient "bien dans leurs peau" : si le foyer n’est pas serein et qu’ils ne se sentent pas bien à la maison, ils se renfermeront dans leur coquille. Mais pas d’inquiétude, il n’est jamais trop tard pour commencer !

 Comme vous l’avez souligné, la ‘Alya est l’occasion d’une progression spirituelle. Que pouvez-vous conseiller de ce point de vue ?

Tout d’abord, il est essentiel de trouver un point de chute adéquat à sa judaïcité, car l’objectif global est de progresser. On ne peut pas garder les critères que l’on avait en France ! Erets Israël est une terre de contrastes, il n’y a pas de tampons entre Hachem et l’homme ; nous sommes face à face avec Hachem. En clair, il est question de s’élever pour éviter la chute, car ici, celui qui veut s’élever en a la possibilité.

 L’une des questions qui revient de manière récurrente est celle du choix de structures scolaires pour les enfants…

Effectivement, car en Israël, les établissements scolaires sont différents de ceux de France et il convient donc d’être bien orienté. Je conseille souvent de contacter Mme ‘Hanna ‘Ovadia ([email protected]) ou d’autres personnes spécialistes de la question et à même de guider les parents dans le choix d’un bon établissement pour leurs enfants. Un conseil : ayez un Rav qui vous guidera et vous suivra depuis vos premières démarches en France et sinon, dès que vous arrivez sur place.

 Enfin, comment s’en sortir financièrement une fois sur place ?

Concernant la Parnassa, il est clair qu’il incombe aux candidats à la ‘Alya d'effectuer des voyages de prospection, de prendre des contacts, de s’informer et d’approfondir leurs recherches auprès de professionnels, tout en privilégiant les engagements écrits aux promesses orales. Il ne faut pas oublier que le monde du travail en Israël est celui d’un pays jeune, le mot d’ordre est donc la prudence ! Bien entendu, éloignez-vous de toute pratique malhonnête ; n’oubliez pas que si voler un juif est déjà un acte grave, voler un non juif est quant à lui gravissime, car cela constitue en plus un ‘Hiloul Hachem. Autre critère, d’une importance capitale : conserver son temps d’étude de la Torah et même l’augmenter, car c’est la clé de la bénédiction dans la Parnassa comme pour tous les autres sujets. Enfin, le plus important : n’oublions pas que c’est Hachem qui arrondit les fins de mois !