Dans la parachat Pékoudé (39, 43), il est écrit : "Et Moché les bénit"

A ce propos, on raconte qu’à l’époque de Rabbi Aryé Leib, l’auteur du Chaagat Aryé, vivait à Volozhin un notable du nom de Reb Its’hak qui occupait les fonctions de président de la communauté. Ses affaires l’amenaient souvent à se déplacer dans les différentes communautés juives et à son retour de voyage, il ne manquait jamais de rapporter à son épouse un présent respectable.

Un jour, avant son départ en voyage d’affaire, cette dernière l’informa qu’en lieu et place des cadeaux habituels qu’il lui offrait, elle préférait qu’il achète un Chass, une collection complète du Talmud.

Bien qu’à cette époque, un Chass complet fut une chose rare et extrêmement coûteuse, Reb Its’hak écouta la voix de sa sage et modeste épouse et durant l’un de ses voyages, il parvint à se procurer une telle série. Certes, les volumes n’étaient pas tous de la même taille, ils ne provenaient pas tous de la même maison d’édition et leurs couvertures n’étaient pas assorties... Mais cela n’en demeurait pas moins un Chass complet !

Pour ne pas être les seuls à profiter de cette collection, Reb Its’hak et son épouse décidèrent de la mettre à la disposition de quiconque désirait étudier la Torah. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre et chaque étudiant qui désirait apprendre venait chez Reb Its’hak pour emprunter un volume du Chass. Puis, quand il avait terminé, il s’empressait de le restituer à son propriétaire et recevait en échange un autre volume.

Comme le maître de maison était souvent absent de la maison pour ses déplacements d’affaires, il nomma une « bibliothécaire » en la personne de son épouse. Il lui confia les clés de la pièce et lui demanda de noter le nom des emprunteurs.

Un beau jour, le Chaagat Aryé s’installa en ville. Il s’isola dans l’une des maisons d’étude locales et se plongea avec diligence dans l’étude, s’interrompant de temps en temps pour emprunter un volume du Chass dans la bibliothèque du notable, ou en rendre un autre.

Constatant sa grandeur en Torah, la femme de Reb Its’hak dit à ce dernier : « Transmets je te prie à ce grand homme de ne plus se déranger chaque fois qu’il a besoin de consulter un nouveau volume. Ce serait du bitoul Torah ! Je lui enverrai un coursier chaque matin avec les guemarot dont il aura besoin

pour son étude quotidienne. » Et c’est ce qu’elle fit durant de longues années.

Lorsque le Chaagat Aryé dut quitter la ville de Volozhin, il se rendit chez cette femme et lui accorda la bénédiction suivante : « Je te souhaite d’avoir deux fils qui éclaireront les yeux d’Israël parce que tu m’as permis d’utiliser ton Chass. Le premier rassemblera de nombreux fidèles autour de lui et leur enseignera le Chass, tandis que le second n’aura même pas besoin de le consulter parce qu’il le connaîtra par cœur »...

La bénédiction du juste se réalisa au-delà de toute espérance. L’un des fils de cette femme fut Rabbi ’Haïm de Volozhin, disciple du Chaagat Aryé, et fondateur de la célèbre yéchiva de Volozhin. Quant au second, Rabbi Zalman, (surnommé Reb Za”lmele) il surpassa tous ses contemporains par sa connaissance de toute la Torah...