Dans la paracha Pekoudé (40, 18), il est écrit : "וַיָּקֶם מֹשֶׁה אֶת הַמִּשְׁכָּן" (Et Moché dressa le Sanctuaire).

On raconte que lors de l’édification du beth haknesset de la ville de Belz, le saint Rabbi Chalom de Belz participa de ses propres mains à la construction, manipulant le ciment et les briques avec les ouvriers.

Un jour, son grand frère Rabbi Leïbish Rokéa’h vint rendre visite à sa mère qui vivait chez Rabbi Chalom. Il vit alors le spectacle de son frère le juste travaillant laborieusement à la construction de l’édifice ; ici, passant une brique au maçon et là, mélangeant le ciment comme un quelconque ouvrier…

Horrifié par ce spectacle, Rabbi Leïbish tança son frère : « Nos Sages enseignent que lorsqu’un homme est nommé président de la communauté, il lui est interdit d’accomplir un travail devant trois personnes. Quant à toi qui occupes la fonction de Rav, pourquoi agis-tu à l’encontre de leurs recommandations ? »

Rabbi Chalom écouta les paroles de son grand frère en silence, puis répondit finalement : « Je vais te raconter une histoire. Lorsque je me trouvais dans la ville de Skval, j’étudiais la Torah avec deux amis très proches. A cette époque, on me révéla du Ciel que si un homme ne dort pas pendant 1000 nuits d’affilée et s’adonne exclusivement à la Torah, il pourra atteindre un niveau très élevé auquel seuls quelques privilégiés méritent d’accéder : la visite du prophète Eliahou.

« Nous avons donc décidé de nous plonger tous trois dans l’étude de la Torah durant mille nuits d’affilée afin de compter parmi ces privilégiés. Au début, nous n’avons pas rencontré de difficultés majeures et nous avons étudié avec constance et sans interruption. Mais à mesure que le sommeil diminuait, les difficultés augmentaient. Et ainsi, après quelques centaines de nuits d’étude, l’un des amis n’a pas pu soutenir le rythme et a interrompu l’étude.

« Nous n’étions plus que deux compagnons. Avec chaque nuit, l’entreprise devenait de plus en plus difficile et après 800 nuits, le deuxième ami s’est également séparé de moi car il n’avait plus la force de continuer. Je suis donc resté seul alors que j’avais encore devant moi deux-cents longues nuits d’étude sans sommeil. J’ai continué mon engagement avec l’espoir du dévoilement d’Eliahou qui éclairait l’obscurité nocturne.

« Est arrivée la millième nuit qui était une nuit d’orage. Un vent violent soufflait avec force. Les fenêtres de la salle d’étude s’inclinaient fortement d’avant en arrière et les vitres volaient en éclats. Le vent rugissant pénétra dans le beth haMidrach et éteignit les lumières. Je restai seul dans le beth haMidrach obscur avec le vent et la pluie qui entraient de tous côtés par les vitres brisées, mon coeur rempli d’effroi. J’avais tellement peur que j’avais envie de me lever et de me sauver chez moi. Seule la tempête effrayante qui soufflait dehors m’empêchait de m’exécuter.

« Je savais que c’était la millième nuit de mon étude mais la tempête et l’obscurité m’empêchaient complètement d’étudier. Finalement, j’étais arrivé avec l’aide du Ciel à la dernière nuit de garde, mais malheureusement, je ne pourrais pas atteindre ce qui tenait tant à coeur. Je commençai à verser des larmes de douleur et de frustration. Je me levai de ma place en tâtonnant dans l’obscurité en direction de l’Arche Sainte. Quand je sentis que ma main la touchait, je l’ouvris et déversai mon coeur devant D.ieu : "Maître du monde, aie pitié de moi et fais en sorte que tous mes efforts ne soient pas stériles !" J’ai tellement prié et supplié que D.ieu eut pitié de moi, et la tempête se tut. Les vents se calmèrent et le silence revint. A cet instant, j’entendis les pas d’un vieillard qui entrait dans la salle d’étude… Il s’approcha de moi et étudia avec moi durant toute cette nuit.

« Et sais-tu mon frère quelle fut la dernière halakha que m’enseigna le vieillard ? demanda Rabbi Chalom à son frère.

C’était une halakha relative à la sainteté de la synagogue… Et maintenant que nous construisons chez nous à Belz, une nouvelle maison de prière, pourrais-je confier cette tâche à d’autres gens sans mettre moi-même la main à la pâte ? Crois moi, mon frère, si j’en avais eu la force, j’aurais construit de mes propres mains tout ce saint édifice depuis ses fondations jusqu’à son plafond. Mais aujourd’hui que mes forces déclinent, j’essaie de faire au moins ce que je peux ! »