« Mais si vous ne M’écoutez pas et que vous n’exécutez pas tous ces commandements… » (Vayikra, 26:14)

Le Seforno commente : « …et du fait que vous n’avez pas suivi Mes préceptes, vous n’accomplirez pas toutes les mitsvot, mais que vous avez effectué celles de votre choix… »

La Thora décrit, dans la paracha de cette semaine, certaines malédictions qui s’abattront sur le peuple juif s’il ne s’y conforme pas. Le Seforno déduit des mots employés dans le verset que l’on ne reproche pas le fait d’avoir rejeté toute la Thora, mais plutôt que l’on ait « pioché et choisi » les mitsvot à respecter et celles à ignorer.

Nous savons que les mots de la Thora sont éternels et qu’ils s’appliquent à toutes les générations. Donc si elle insiste tant sur ce problème, c’est qu’il fut d’actualité à travers toute l’histoire du peuple juif, et qu’il l’est encore à l’heure actuelle. Comment voit-on que ce malaise est propre à notre génération ?

Premièrement, et c’est la manifestation la plus visible, certains groupes de personnes rejettent intellectuellement certaines mitsvot de la Thora qui ne confortent pas leur façon de penser. Et même s’ils acceptent, plus ou moins, que les commandements doivent, dans l’absolu, être respectés, ils leur attribuent diverses raisons et décident que celles-ci ne sont plus valables de nos jours. Ils déduisent donc que ces lois n’ont plus besoin d’être appliquées « à l’ère moderne ». Prenons l’exemple de l’interdiction de manger du porc. La Thora ne donne pas de raison à cette prohibition qui entre dans la catégorie des « ‘houkim » — lois dont on ne connaît pas le motif[1]. Selon certains groupes hérétiques, cet interdit était imposé à cause de la prolifération de certaines maladies. Actuellement, ce risque n’existant plus, la mitsva n’a plus lieu d’être. L’une des nombreuses erreurs de cette ligne de pensée est de croire qu’un être humain est en mesure et en droit de décider si une mitsva nous incombe – l’approche véritable, celle voulue par la Thora est d’observer les commandements parce qu’Hachem nous les a donnés, qu’on en comprenne la raison ou non.[2]

Cette erreur s’est produite dans l’Histoire quand des interdits ou des commandements institués pas nos Sages furent remis en question. L’un des chefs de file de ce mouvement défia l’injonction d’observer deux jours de Yom Tov en ‘houts laarets (en dehors d’Erets Israël). Il rejeta l’explication de ‘Hazal à propos de cette règle qu’il faut suivre bien que les raisons originales de ce décret ne s’appliquent plus.

Notons toutefois que ce problème peut aussi affecter des personnes qui croient au caractère divin de toute la Thora, mais dont le yétser hara incite à négliger le respect de certaines mitsvot. Les facteurs principaux de ce genre de phénomène sont l’influence de l’entourage et l’habitude. Si quelqu’un a grandi dans une société qui ignorait, partiellement ou totalement, certaines mitsvot, il lui sera très difficile de se détacher de ce comportement et d’adhérer à la véracité de la Thora.

Les commandements généralement laissés de côté sont ceux sur lesquels la guemara témoigne : « nafcho chel adam mé’hamadtam » — l’individu à une attirance naturelle pour ces plaisirs ; ceux ayant trait à l’immoralité ou à l’argent.

Ainsi, plusieurs interdits explicites qui sont souvent négligés – parmi eux, l’obligation pour les femmes mariées de se couvrir la tête, l’interdit des danses mixtes, ou celui pour un homme de toucher une femme (et inversement). En ce qui concerne l’argent, les lois relatives au vol, au paiement des impôts et le respect des lois du pays ont tendance à être appliquées moins minutieusement que d’autres mitsvot.

Malgré cette influence de la société, il est essentiel de se souvenir que chaque Juif est imprégné d’une force lui permettant de s’en détacher et de s’efforcer de respecter toute la Thora. Nous l’avons hérité d’Avraham Avinou, qui délaissa de tout ce à quoi sa société croyait et accordait de l’importance pour vivre une vie de Vérité. Évidemment, il est primordial que chacun fasse appel et soit guidé par un sage en Thora pour savoir ce qui est obligatoire et ce qui entre dans la catégorie des exigences, ce qui n’est pas dicté par la halakha.

Ceci s’applique également aux femmes. La Rabbanite Zahava Braunstein zal donnait cours à un groupe de femmes traditionalistes d’origine séfarade. L’une d’elles posa un jour une question relative au kissouï roch (le fait de se couvrir les cheveux) et il s’avéra que la plupart d’entre elles croyaient qu’il s’agissait d’une coutume ashkénaze qui n’était nullement liée aux séfaradim. Elle leur apprit que c’était en réalité un commandement de la Thora, et les entraîna ainsi à commencer à accomplir cette si belle mitsva.

Puissions-nous tous mériter de nous efforcer à respecter TOUTES les mitsvot dans toute leur splendeur.



[1] Il est important de souligner qu’en réalité, on ne connaît pas les raisons sous-jacentes aux mitsvot. Néanmoins, dans quelques cas, la Thora nous fournit un « goût » de la mitsva (appelé taam hamitsva) pour nous donner une idée du but de la mitsva, à un niveau très simple.

[2] Cela ne signifie pas que l’on doit accomplir aveuglément les mitsvot – les commentateurs nous proposent plusieurs « raisons » les expliquant. Mais il ne faut pas faire dépendre notre observance de ces éléments. (Voir aussi le Dvar Thora sur parachat ‘HoukatTaamé Hamitsvot, pour un exposé plus détaillé à ce sujet.)