« Moché dit à Aharon : "C’est ce qu’a déclaré Hachem en disant : ‘Je serai sanctifié par Mes proches, et devant tout le peuple, Je serai honoré’". Aharon se tut. » (Vayikra 10,3)

Rachi explique le mot « C’est » : Moché dit à Aharon : « Aharon, mon frère, je savais que la Maison [le Michkan] serait sanctifiée par les personnes chéries par l’Omniprésent, mais je pensais que ce serait par mon biais ou par le tien. À présent, je vois qu’ils [tes fils] étaient plus grands que toi et moi. »

Le Rachbam explique l’expression « Ils moururent » (verset 2) : Et immédiatement, quand Aharon entendit, il voulut interrompre son service pour porter le deuil de ses fils. Mais « Moché dit à Aharon », « Ne pleure pas, ne t’endeuille pas et n’interromps pas la 'Avoda, parce que c’est ce que je te disais – Hachem m’a dit "Avec Mes proches, Je serai sanctifié", avec les Cohanim Guédolim qui sont proches de Moi et qui Me servent, Je veux être sanctifié et non que Mon Nom et la 'Avoda soient profanés. »

Le Rachbam ajoute, sur les mots « et devant tout le peuple, Je serai sanctifié » : cela fait l’honneur de la Chékhina quand on voit ses fils mourir et que l’on met son deuil de côté pour servir le Créateur.

Ainsi, selon l’explication de Rachi, les mots Bikrovaï Akadech font référence à Nadav et Avihou.

Mais d’après le Rachbam, ces mots se réfèrent à Aharon et à ses fils (restés en vie). En effet, à la suite de cet incident tragique, Aharon estima que dans de telles circonstances, il ne pouvait continuer le service divin. Or, Moché lui donna des instructions contraires. Il dit à Aharon qu’Hachem souhaitait qu’il continue la 'Avoda. « Bikrovaï Akadech » signifie qu’Hachem sera sanctifié par des Cohanim qui sont proches de Lui. Comment cela ? En poursuivant la 'Avoda, ils engendreraient un grand Kiddouch Hachem, puisqu’ils montreraient qu’ils étaient capables de mettre leurs sentiments personnels de côté et de continuer leur service. Le Rachbam ajoute que lorsque quelqu’un voit ses enfants mourir (Lo Alénou) et qu’il met son deuil de côté pour se dévouer au service du Créateur, cela fait la gloire de la Chékhina. Tel est le plus grand Kiddouch Hachem, le plus grand honneur de la Chékhina que l’être humain soit capable de faire ; mettre de côté son chagrin et continuer à accomplir la 'Avodat Hachem.

Rav Issakhar Frand, raconte comment un Rav mit en application ce développement du Rachbam. Après l’Holocauste, certains Juifs pensaient qu’il n’y avait plus aucune raison de continuer. Ce Rav alla voir les personnes qui avaient perdu tout espoir de vivre et toute volonté de maintenir leur judaïsme. Il leur fit ce développement sur la Paracha de cette semaine.

Il dit ensuite à ces survivants que, d’après ce Rachbam, il n’y a pas de plus grande sanctification du Nom de D.ieu que de rester des Serviteurs d’Hachem, en dépit du cauchemar vécu.

Il est facile de « parler ». C’est une autre paire de manches de « joindre le geste à la parole ». Et des milliers de Juifs, malgré les épreuves traversées, n’ont néanmoins pas perdu leur Émouna et ont continué à servir Hachem. C’est une reproduction de l’héroïsme d’Aharon et de ses fils. Malgré le terrible drame, ils ont persévéré dans leur 'Avodat Hachem. Ce fut un exemple classique de « Bikrovaï Akadech ». Le terme « Krovaï » (ceux qui sont proches de Moi) ne se réfère pas à Nadav et Avihou, mais plutôt à Aharon, Elazar et Itamar, qui ont maintenu leur 'Avodat Hachem après la perte tragique de leurs fils et frères.

Que personne n’ait à vivre quoi que ce soit qui rappelle l’Holocauste ou la mort soudaine des fils d’Aharon. Cependant, des revers douloureux peuvent se produire. Il est bien sûr compréhensible qu’une personne ressente une grande douleur et qu’elle ne puisse pas imiter pleinement le niveau exalté d’Aharon. Mais celui, qui, malgré la douleur, continue à servir D.ieu, engendre un incroyable Kiddouch Hachem.