« Le fils d’une femme israélite sortit – et il [était] le fils d’un homme égyptien – au milieu des enfants d’Israël ; ils se querellèrent dans le camp, le fils de la femme israélite et un homme israélite. » (Vayikra 24,10)

Rachi explique que les mots « il sortit » se réfèrent au paragraphe précédent. Il se moqua et dit : « "Le jour du Chabbath il les disposera devant Hachem" — l’habitude du Roi est de manger du pain frais chaque jour, [or celui-ci] est un pain rassis, vieux de neuf jours. »

L’incident concernant le Mékalel (le blasphémateur) commence par un mot énigmatique : « il sortit » et l’on ne sait pas bien d’où il sortit. Rachi rapporte plusieurs interprétations, dont l’une affirme qu’il sortit du précédent paragraphe. Celui-ci évoque le Lé'hem Hapanim (le pain de proposition) qui était disposé sur le Choul’han chaque veille de Chabbath et qui y restait toute la semaine durant. Le Mékalel se moqua de cette pratique, arguant qu’il était tout à fait inapproprié de donner au Roi un pain rassis et qu’il ne convenait pas du tout de laisser le Lé'hem Hapanim dans le Michkan pendant si longtemps. À la suite de ce débat, il en vint à blasphémer D.ieu.

La Guémara affirme par ailleurs que ces pains étaient sujets à un miracle particulier. Ils étaient placés sur le Choul’han chaque Chabbath et restaient tout de même frais et chauds toute la semaine. Elle ajoute que quand le peuple montait à Jérusalem lors des Trois Fêtes (Pessa’h, Chavou'ot et Souccot), les Cohanim montraient ces pains à la fin de la semaine passée en ville sainte en leur disant : « Voyez donc combien vous êtes chéris par l’Omniprésent – Il accomplit un miracle et garde le pain frais et chaud durant toute la semaine ». Dans ce cas, de quoi le Mékalel se plaignit-il ; les pains n’étaient absolument pas rassis, ils étaient très frais, bien chauds, comme s’ils sortaient du fourneau !?

Le Imré Émet[1] explique que la nature de ces pains se reflétait dans leur nom : Lé'hem Hapanim – littéralement, « le pain du visage ». Or le verset nous informe que « Comme dans l’eau le visage répond au visage, ainsi chez les hommes, les cœurs se reflètent »[2]. Cela signifie que l’individu est considéré de la façon dont il voit les autres. Ainsi, s’il a un regard positif sur son entourage, celui-ci sera mutuel tandis que les autres le verront d’un mauvais œil si lui-même considère négativement autrui.

Le Lé'hem Hapanim portait ce nom, parce qu’il servait de miroir à quiconque l’observait. Il avait l’apparence du regard qu’on lui portait. Donc quand on l’admirait, à la fin des Fêtes de Pèlerinage, et qu’on le voyait tout chaud et frais, on y percevait la bonté d’Hachem et on réalisait à quel point Il nous aime. Par contre, un regard cynique et une attitude négative laissaient apercevoir un pain froid et rassis. C’était le cas du Mékalel et c’est pour cette raison qu’il vit ce pain de manière négative et qu’il en vint à blasphémer le nom de D.ieu.

Cette leçon est pertinente dans notre quotidien. Notre regard sur le monde joue sur notre approche, sur notre comportement. Une personne optimiste verra tout en rose et ceci influera inévitablement sur maintes situations dans sa vie. À l’inverse, l’individu au regard morose verra tout d’un œil négatif et cela aura un effet dévastateur sur sa manière d’agir. Comment faire partie de la première catégorie ? C’est en observant les lois de la Torah et en appliquant son mode de vie. Ceci inclut les lois du langage et l’obligation de juger autrui favorablement. On ne peut respecter correctement ces Mitsvot qu’en étant aimable et en voyant le monde bienveillamment.

Puissions-nous tous mériter de tirer leçon du Mékalel et de savoir comment ne pas considérer les choses.
 

[1] Rapporté par Rav Issakhar Frand.

[2] Michlé 27,19