Chaque mercredi, retrouvez les aventures de Eva, célibattante parisienne de 30 ans… Super carrière, super copines. La vie rêvée ? Pas tant que ça ! Petit à petit, Eva découvre la beauté du judaïsme et se met à dessiner les contours de sa vie. Un changement de vie riche en péripéties… qui amèneront plus loin que prévu !

Dans l'épisode précédent : David demande à Eva de donner une autre chance à leur relation. Partagée entre ses sentiments et ses nouveaux choix de vie, elle hésite… Dans quelle direction aller ?

A quel moment ma vie est-elle devenue si compliquée ? David est là à me regarder, sa promesse d’amour dans les mains, et je ne sais pas quoi répondre. Du coup, je regarde à droite, à gauche, et je vois les autres clients du bar qui rient, insouciants, qui profitent du bon moment simplement… Pendant que moi, j’ai l’impression de jouer une partie de cartes et d’avoir beaucoup à perdre.

“Ecoute David, je ne peux pas te répondre oui ou non. Comme tu l’as dit, il y a un passé entre nous et il y a eu beaucoup de déceptions, malgré les bons moments. Je n’ai pas envie de m’engager en deux secondes si c’est pour faire marche arrière dans quelques jours. Laisse-moi y réfléchir, je te promets de te répondre.

- Eva… j’ai du mal à te suivre. On dirait que je te propose quelque chose de compliqué. On ne va pas tourner autour du pot : on est bien ensemble, alors pourquoi ne pas réessayer ? Au pire, si ça ne marche pas, on pourra dire qu’on a pris le risque de tenter le coup !

- Je rêve ! Tu as cru qu’on était dans un jeu vidéo ou quoi ? Tu penses qu’on peut perdre une vie et retenter après ? A chaque fois que ça n’a pas marché entre nous, j’en ai eu le cœur brisé. Et là, tu vois... je n’ai plus assez de glu pour le recoller une énième fois. Je t’ai dit que je vais y réfléchir parce que c’est une question sérieuse !”

La fin de la soirée arriva bien vite. Après un tel échange, on n’allait pas se donner des nouvelles de nos familles comme si de rien n’était, donc, quelques minutes plus tard, j’étais dehors, seule, et je prenais une grande inspiration. Je manquais d’air ! Est-ce que c’est moi qui me prenais la tête pour rien ? Après tout, il suffisait de dire oui et je pourrais avoir tout ce dont j’avais rêvé : un futur avec David. Alors... qu’est-ce qui n’allait pas chez moi ?

Au travail, c’était devenu l’enfer ! Si au moins j’avais pu avoir du répit à ce niveau-là...

Un matin, quelque temps après mon rendez-vous avec David, j’avais découvert en attendant mon café devant la machine, que le projet du festival du court-métrage sur lequel je travaillais depuis déjà 8 mois m’avait été retiré ! Le pire, c’est que je ne l’appris même pas par Franck mon directeur (qui m’évitait comme la peste depuis l’affaire de la rumeur), mais par Sophie ma collègue, qui en avait hérité sans plus d’information et qui me demandait tout simplement de lui envoyer mes rapports… le tout pendant qu’elle touillait son gobelet de thé !

Quel manque de considération ! C’était moi qui avais décroché ce contrat et j’avais déjà réalisé le plus gros du travail. Et d’un coup, sans explication, je me retrouvais dépossédée, comme si j’étais devenue invisible ! Bien sûr, j’essayais de trouver Franck pour comprendre (mais il fallait s’y attendre, il était “toute la journée en réunion”) et c’est Philippe un collègue qui m’apporta un semblant de réponse : “Cette rumeur a aussi remis en question la capacité de Franck à diriger ses équipes. A mon avis, il préfère ne plus rien te confier, de peur que ça lui nuise à nouveau et qu’on l’accuse de favoriser certains employés. Je l’ai déjà vu faire dans le passé. C’est moche pour toi, mais ça passera avec le temps.”

J’avais envie de pleurer. Et moi, quand j’ai envie de pleurer, j’ai le réflexe d’appeler les copines à la rescousse. Par automatisme, j’attrapais mon téléphone prête à lancer un SOS dans le groupe…

Avant de réaliser qu’il n’y avait plus de groupe !

Depuis que j’avais découvert que c’était Karen qui était à l’origine de la rumeur lancée contre moi au travail, c’était la guerre froide entre nous. Et bien sûr, elle avait dû monter les copines contre moi au passage, parce qu’à présent, c’est à peine si elles me répondaient quand je prenais de leurs nouvelles.

J’étais à bout. Tous mes repères avaient volé en éclat : le travail, les copines, David… Il me restait quoi maintenant ?

Nouvelle nuit : nouvelle insomnie. Cette fois, je n’arrivais même pas à fermer l’œil. Elle était passée où, la Princesse Parisienne ? Avant, si je ne dormais pas, ça voulait dire que j’étais occupée à faire la fête… pas à me prendre la tête !

Le lendemain, pour la première fois sans doute depuis que j’avais commencé dans cette agence, je décidais de ne pas aller travailler. Je n’avais pas la force de faire comme si tout allait bien. Par contre, j’avais très envie d’aller voir la Rabbanite. Elle avait su me comprendre et m’aider quand je lui avais raconté pour Karen, peut-être que cette fois-ci elle saurait m’expliquer pourquoi je me sentais si mal.

Grâce à D.ieu, elle me répondit presque aussitôt et me proposa de passer chez elle dans la matinée pour discuter.

A peine arrivée, le seul fait de la voir m’apaisa. Elle avait l’air si chaleureuse, avec un regard si bienveillant… Tout ce que je n’étais pas aujourd’hui.

Le temps que je finisse de lui raconter toutes mes mésaventures en long, en large et en travers, mon verre de thé, lui, avait eu le loisir de refroidir.

“D’accord Eva, à t’écouter en ce moment, tout est noir. Mais je suis sûre qu’il doit bien y avoir certaines choses qui te procurent de la joie et du bonheur, non ?

- Mmm… Ben, franchement, en dehors de Chabbath, des cours du Rav et des vôtres, je ne vois pas…

- Qu’est-ce que tu aimes dans Chabbath et dans les cours ?

- C’est incroyable ! Chabbath, je ressens de la chaleur, de l’amour comme jamais de la part d’Hachem et je me sens revivre. Et pour les cours, c’est pareil ! A chaque fois que j’apprends quelque chose de nouveau sur le judaïsme, c’est super puissant ! Comme si j’étais emportée dans un courant qui m’emenait très loin ! Ahlala...pourquoi c’est pas Chabbath tous les jours de la semaine ?

- Eh bien voilà, elle est peut-être là la solution !

- Euh… vous m’avez perdue là, qu'est-ce que vous voulez dire ?

- Tu sais, avoir envie que tous les jours ce soit Chabbath, ce n’est pas une envie folle, au contraire ! Nous sommes dans une génération où tout semble difficile et où on se sent plus seuls que jamais. Et les textes nous enseignent que viendra un temps nouveau où ce sera tous les jours Chabbath et alors, on sera très proche d’Hachem. Mais en attendant, peut-être que toi tu pourrais ajouter plus de judaïsme et d’étude de la Torah dans ta vie.

- Comment ? Ce n’est pas comme si je pouvais passer mes journées à étudier et apprendre !

- Et pourquoi pas ? Connais-tu le séminaire “Baté Sarah” ? C’est une amie à moi qui le dirige à Jérusalem. C’est justement destiné à des jeunes femmes adultes qui souhaitent approfondir leurs connaissances en Torah et pratique des Mitsvot.

- Un séminaire pour adultes… à Jérusalem... ? Et quoi ? Je dormirais là-bas dans un dortoir et je passerais mes journées à étudier ? C’est gentil, mais je crois que je suis un peu vieille (et un peu trop parisienne) pour ça.

- Voyons Eva, je ne te le proposerais pas si je ne pensais pas que ça pourrait te convenir ! Déjà, il ne s’agit pas d’étudier 24h sur 24. Il y a des excursions organisées dans le pays, des actions de bénévolat, des activités… Aujourd’hui, tu te sens perdue, parce que tu as découvert une vie juive plus profonde, plus riche, mais tu n’es pas sûre que ça puisse s’intégrer dans ta vie actuelle. Le fait de partir étudier quelque temps te permettra au contraire de mieux comprendre notre Torah, qui est le GPS de la vie et qui, mieux que quiconque, pourra t’aiguiller… et t’aider à prendre les bonnes décisions !

- Et quoi ? Je fais mes valises, je pars et au revoir Paris, ma famille, mon travail, David... ? Comme si c’était si simple et que ça ne prêtait pas à conséquence !

- Je te parle d’aller étudier la Torah et toi, tu me parles de prendre l’avion demain pour faire ton Alya ! Eva, il n’y a pas que deux options dans la vie, il y a toute une palette de possibilités et ce que je t’invite à faire, c’est à explorer de nouveaux horizons. Pendant quelques semaines, tu découvriras une autre ambiance, une autre ville, une autre façon d’être juive.”

A peine sortie de chez la Rabbanite, je me jetais sur mon téléphone pour voir de quoi avait l’air ce fameux séminaire. Rien que le mot “séminaire” me faisait penser à un mix entre le pensionnat et la prison… Bonjour l’ambiance !

Mais alors là ! La première chose que je vois sur leur site, c’est une photo d’une quinzaine de femmes qui posent heureuses et fières… devant le Kotel !

Wouaw ! C’est à ce moment que je réalise ce que vient de me suggérer la Rabbanite : Israël, Jérusalem. Sur une autre photo, je vois des femmes, comme moi, en train d’étudier. Et pourquoi ce ne serait pas moi sur la photo ? Après tout, libre à moi de prendre un billet aller-retour...

Je relève la tête de mon téléphone et, d’un coup, c’est le choc ! Paris ressemble à mon pull cachemire la fois où je l’avais passé au sèche-linge par erreur : il a réduit de taille et il m’étouffe !

Et là, c’est le déclic : Jérusalem, me voilà !

La suite, mercredi prochain…