Il y a encore 10 ans, les parents paniquaient devant une heure de désœuvrement chez leurs enfants, après avoir lu que les psychologies modernes dénonçaient les dégâts du « farniente » estival. Mais à petite dose, il faisait aussi partie du charme des vacances.

Depuis l’apparition de l'Iphone, un autre fléau nous guette : celui du fast-food visuel que nos chéris absorbent à outrance. 

Ils ne s'ennuient pratiquement plus, nos petits diables, calmes et silencieux, happés par les écrans, et c’est bien là la pire peine. Et nous, parents, étouffant notre mauvaise conscience à les laisser devant des monticules de contenus abrutissants — ou pire , en échange d’une heure de répit, avons oublié qu’il y aura un prix à payer à leur permettre d’ingurgiter tout ce visual junk food.

Et si nous les surprenions, nos chéris, avec un autre programme ?

Mais bien sûr, cela demande de la création, de l’inventivité et de la fantaisie. L’époque nous met au défi et nous oblige à sortir des sentiers battus, exigeant de nous renouveler nous-mêmes pour offrir à nos enfants une Torah de vie, fraîche et désaltérante.


Mais si malgré tout, après avoir tout essayé, vous craquez après d’interminables bouderies et autres tantrums, et que vous optez pour une animation, une BD, un dessin animé, alors de grâce, choisissez quelque chose de qualité, qui éveille une réflexion, qui puisse sensibiliser nos petits à des valeurs, leur aiguiser le sens critique et permettre d’engager avec eux un dialogue après (et même pendant !) le visionnement ou la lecture.

Les vrais chefs-d’œuvre touchent tout l’éventail des 7 à 77 ans, éveillant à chaque période de notre vie une strate d’intelligence et de sensibilité différente.

Alors pourquoi assommer nos enfants avec des sottises ?

Ce Top Ten, est-il besoin de le préciser, ne s’adresse qu’aux familles déjà ouvertes à la technologie et à des contenus sortant du cadre du 100 % Kodech (avec toute la prudence que cela exige, nous l’espérons…).

1°) « The Kid » de Chaplin : un « sans paroles » qui exprime tout. Tolérance, sensibilité vraie, subtilité des sentiments. Quand les égarés de la vie sont ceux qui ont le plus d’égards pour les autres…
Il y a tout cela chez Chaplin et même plus.

Miroir, Miroir - Top Ten : “En vacances, que voir, sans déboires

2°) « Le Jouet » avec Pierre Richard : film des années 70, charmant et décent.
On y apprend comment un petit garçon trop gâté, en manque de véritable amour et d’un modèle parental fiable, devient un tyran et « achète » un jouet formidable pour se distraire, comme il l’a vu faire chez son papa, PDG froid et sans scrupules.
Film familial très riche en matière à réflexion sur nos échelles de valeurs.

3°) « Tintin » de Spielberg : haut en couleur, avec, assurés, tous les grands A : Aventure, Amitié, Addock (ahaha, avec H… bien entendu).
Sans oublier Rackham le Rouge, des îles désertes et mystérieuses, des trésors et des Crabes aux Pinces d’Or. Steven Spielberg mélange plusieurs scénarios, les passe au mixeur et en sort un chef-d’œuvre que même Hergé aurait salué.

Le film contient une scène de poursuite époustouflante qui dure 7 minutes, et dans laquelle le réalisateur/virtuose nous laisse à bout de souffle.
Quand le grand Belge devient source d’inspiration du grand Américain… pour notre plus grand plaisir.

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4°) « Kung Fu Panda 1 » : après l’avoir vu, j’ai couru vérifier qui avait écrit ce scénario aux influences bibliques, où le bien et le mal sont encore bien délimités, où un personnage que rien ne destinait à être un héros apprend à utiliser ses failles pour devenir un Maître.

Scénario d'une richesse rare on est à peine étonné de découvrir que ce sont deux Juifs qui l’ont écrit !

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5°) « Kung Fu Panda 2 » : l’incarnation du Mal en un paon. Fallait y penser.
Et pourtant, cette volaille qu’on croise au Jardin des Plantes devient soudain l’incarnation parfaite de l’arrogance et d’un orgueil illimité.
Imbu de lui-même, révolté, mauvaise herbe ayant poussé chez des parents raffinés et nobles, le jeune paon va utiliser la découverte de la poudre à des fins destructrices, et devenir un ennemi à la hauteur de Po, le panda-héros.

C’est palpitant : il y a une moutonne oracle, des loups aussi abrutis que méchants, et les plumes de Chen (le méchant paon), lors de son combat avec Po, s’ouvrent en un éventail somptueux et effrayant, étrangement peint aux couleurs d’un drapeau que l’on préférerait oublier.

C’est sublime. Fond et forme.

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6°) Racontez-leur « Les Misérables » : ce classique est une merveille, et ce n’est pas étonnant que chaque village en France possède sa rue Victor Hugo.
Expliquez aux enfants que l’auteur a révolutionné son époque en osant dénoncer une justice froide, aveugle, inhumaine et donc, obligatoirement faussée.

Et pourquoi Thénardier, l'impénitent pleurnicheur, vaniteux et suffisant, persuadé que tout lui revient, scellera lui-même son sort par la déchéance.

Tellement de leçons sur les Middot (la nature humaine) à travers les personnages de ce livre !

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7°) « Le Lotus Bleu » en BD, d’Hergé : ou comment voyager avec nos petits en Chine, sans quitter le divan et sans dépenser un sou.
Blottis contre nous, en avant pour l’aventure.

Hergé est le maître incontesté des ambiances, et on n’oubliera jamais la petite ruelle sombre d’un quartier lugubre et isolé, où Tintin a rendez-vous avec un informateur.

Mais arrivé à l’adresse, rue du “Sage Immense”, dans une petite maison croulante éclairée par la lune et un lampadaire solitaire, son indic, déjà atteint par le poison qui rend fou, va tenter de se débarrasser de notre petit héros déguisé en habit traditionnel chinois.

Quel suspense !

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Hors concours, uniquement pour les +14 ans :

8°) Visionnez avec eux « Zootopia » et, télécommande en main, montrez-leur comment, en 10 leçons, un film apparemment inoffensif, où l’on nous dessine la ville et la vie idéale, produit par l’honorable maison Disney, tente de manipuler de façon très insidieuse l’opinion des jeunes spectateurs.

Cet exercice permettra de développer leur sens critique, et de leur montrer comment, à leur insu, en les enveloppant de barbapapa rose et de bisounours, on peut téléguider leur pensée.
On est en plein wokisme, et Disney déboussole à l’envi nos enfants en leur disant que les différences, les limites, non seulement ça n’existe pas, mais que ce sont elles qui empêchent le bonheur.

Qui peut encore mettre en garde son petit de ne pas répondre à un étranger dans le bus ?...

9°) Et pour les deux premières places, montent sur le podium :
« Oushpizin » – Les Invités, de et avec Shuli Rand.

Le seul film véritablement Cachère Léméhadrin, drôle, tragique, jamais calqué sur une thématique à l’occidentale, mais authentiquement juif.
On y voit un couple de Ba’alé Téchouva habitant à Méa Chéarim, sans enfant, qui font de grands efforts pour être des religieux « comme il faut ».

Jusqu’à ce que deux anciens amis du héros viennent troubler leur existence, les obligeant à monter encore d’un cran dans l’excellence de leur service divin.

Vrai et superbe.

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And the Oscar goes to :

10°) « Ko Assou ‘Hakhaménou » la collection de tous les « Ainsi ont fait nos Sages » en 5 tomes de bonheur.

Ce sont les Midrachim et Haggadot du Talmud adaptés aux enfants, réunis pour un véritable bol d’air.
Sans besoin de forêts obscures, de fées ou d’ogres malfaisants, on se promène dans les véritables valeurs juives : le bien, le tact, le respect des parents et d’autrui.

Rabbi Hanina ben Dossa qui recueille une petite poule égarée, et ce qui en suivra ; Rabbi Tarfon qui, à genoux, offre à sa mère ses mains en guise de semelles ; Rabbi qui discute d’égal à égal avec l’empereur romain et l’invite à regarder le soleil à midi.

De vrais héros, qui nous indiquent la direction à suivre pour être un Juif assumé et heureux.

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Derrière chaque excursion, chaque plongeon dans la piscine, chaque bénédiction avant une glace à l'eau, il y a mille opportunités, en vacances, de renforcer chez nos petits et nos teenagers leurs beaux traits de caractère, l’amour du vrai et du bien, l’esprit critique et leur sentiment de fierté d’appartenir à un peuple unique.

Tout sera pour eux sujet d’observation, de confrontation, de discussion : notre comportement à la table du buffet de l'hôtel, et les limites que nous nous imposons, même en villégiature, dans notre respect des Mitsvot.

Bon Pessa'h à nous tous,

Une « Mamie Nazie » : Ursula Haverbecka