Une bougie, on peut l’éteindre ; la Lumière elle-même, on ne l’éteint jamais.

A maintes reprises, la tradition juive souligne le caractère éphémère de notre séjour terrestre; la vie de l’homme n’est qu’un passage plus ou moins long et cela n’est un secret pour personne. Pourtant, la mort surprend toujours. Que la personne arrachée à notre affection soit jeune ou âgée, le vide créé par cette disparition est souvent difficile à combler.

Comment comprendre le phénomène de la mort ?

La tradition ne se contente pas de simplement constater les faits, elle va plus loin en nous présentant le terme de notre vie de la manière suivante : « Ceux qui naissent sont destinés à mourir et ceux qui meurent sont destinés à vivre. » (Maximes des Pères 4, 22)

La mort n’est donc qu’une étape sans rien de définitif. Liée à la naissance par le trajet de la vie terrestre, elle lui est comparable en ce sens que la mort libère l’âme et lui donne naissance, en quelque sorte, pour une vie ultérieure.

En effet, la venue au monde d’un enfant n’est que le passage du « sein de la mère » vers le « sein de la terre », cette terre qui porte l’homme et le nourrit. Ce passage est habituellement désigné par le terme de « naissance ». Or, la mort est aussi un passage du sein de la terre vers le monde des âmes, l’univers où il n’y a ni matérialité, ni corruption de la matière. Et ce passage aussi est une « naissance ». C’est ce qu’exprime la Michna que nous avons évoqué.

De la même manière que la mère donne naissance à un enfant au terme de la grossesse, chacun « donne naissance » à son âme en la libérant au terme de la vie.

Mais la leçon ne s’arrête pas là. De même que la mère est particulièrement attentive à sa santé durant la grossesse afin que la naissance se présente dans les meilleures conditions, de même chaque être humain durant son séjour ici bas doit prendre toutes les précautions pour que la naissance de son âme se passe dans les meilleures conditions, afin que cette âme soit la plus pure et la plus sainte au moment où elle retourne vers D.ieu.

Il est évident qu’une telle conception de l’existence n’écarte pas les sentiments que sont la joie de la naissance ou la douleur de la disparition d’un être cher. Cette douleur née de la séparation est ainsi accentuée par notre interrogation sur l’origine de la vie et notre angoisse face au monde inconnu de la mort, d’autant que nous n’avons pas nous-mêmes choisi de venir dans ce monde.

La même Michna ne dit-elle pas : «  Sache que c’est malgré toi que tu as été conçu, c’est malgré toi que tu as vu le jour, c’est malgré toi que tu vis, c’est malgré toi que tu mourras et malgré toi que tu seras appelé à rendre compte de tes actions devant le Roi des rois, le Saint béni soit-Il » ?