Peut-on changer son caractère ? Ou le forger ? Pourquoi devrait-on le faire ?

Le Rav Wolbe dans son livre 'Alé Chour (II) rapporte que les philosophes se sont posés cette question et ont donné des réponses diverses : "Si l’homme n’a pas de bonnes qualités morales, il ne sera pas heureux, le but serait le bonheur. D’autres disaient : l’homme est un être social, et c’est la seule façon de préserver la société."

L’importance de ce perfectionnement

La Torah nous donne une autre démarche : les Kabbalistes (Le Tomer Dévora, ch.1) nous ont transmis que l’homme est à l’image divine, et que cela signifie que son amélioration est une amélioration de l’image d’Hachem dans le monde !

Chacun de nos actes a donc une répercussion énorme. Ne serait-ce que cette idée nous donne déjà une autre perspective de la valeur de nos actes.

Chaque individu est unique, il est voulu par Hachem, pour accomplir une parcelle de ce dévoilement de la Présence divine dans ce monde.

Il y a dans la Torah 613 Mitsvot, et nos Maîtres nous ont transmis qu’il y a en parallèle 613 membres dans l’être humain, membres physiques, et traits de caractère. Cela revient à dire que l’accomplissement des devoirs de la Torah fait participer toutes les qualités possibles de l’individu. De même, il ne sera pas possible d’être un "bon juif" pratiquant, sans tenir compte de toutes les forces qui sont en nous. C’est ainsi que Rabbénou Yona (Cha’aré Téchouva III, §6) nous explique que les vertus ne sont pas des qualités facultatives, qu’il serait souhaitable et bon d’acquérir, mais de réelles obligations déduites de versets explicites de la Torah.

Si on doit, c’est que l’on peut ! Si on doit avoir des qualités, c’est qu’on peut les travailler et les acquérir.

Se connaître avant tout

Néanmoins, nous savons que certains traits du caractère font partie de notre personnalité, et ne sont pas changeables. L’exemple nous en est donné par les 12 tribus d’Israël. Les 12 princes, à l’occasion de l’inauguration du Tabernacle, ont chacun apporté un don, un sacrifice, et chacun selon son caractère, ainsi que cela est explicité dans le Midrach (Parachat Nasso ch. 12), mais, néanmoins, ils ont tous apporté la même chose : le sacrifice est identique mais le symbole est différent pour chacun. De ce texte nous voyons combien on peut garder son caractère propre, tout en se pliant à la même action, la même Mitsva. Tel un orchestre où chacun a un autre instrument, mais la partition est identique, et c’est ce qui est le plus harmonieux.

La tribu de Zévouloun travaillait pour nourrir son frère Issakhar, c’était une association à 50%, ce n’était pas comme celui qui donne ses 10% de Ma’asser à la Tsédaka, mais une vraie coopération de 2 frères qui n’ont pas les mêmes caractères.

Mais, nous fait remarquer Rabbi ‘Haïm de Volozjin (Néfech ‘Haïm Ch.1), Zévouloun aussi a l’obligation d’étudier, au moins un peu, la Torah.

Il faut donc reconnaître ce qui est changeable et ce qui ne l’est pas : nous pourrons le faire grâce à la Torah. Le Gaon de Vilna (Michlé ch.15) nous rapporte que du temps des Prophètes d’Israël, on s’adressait à eux pour leur demander quelle est "la racine de notre Néchama", ce qui signifie : quel est le but de ma vie, quelle Midda dois-je arranger ?

Mais de nos jours, dit-il, nous n’avons que Torah et Mitsvot. C’est-à-dire que de nos jours, c’est à travers les difficultés que chacun rencontre à accomplir pleinement les 613 Mitsvot qu’il découvrira les bases de son caractère, et ce qu’il doit améliorer.

Rav Tsadok Hacohen (Tsidkat Hatsadik §49) explique que notre Midda fondamentale est souvent celle pour laquelle nous avons le plus de difficulté à résister à la tentation, à l’image de Yossef Hatsadik, qui est devenu le Tsadik par le fait d’avoir surmonté le Nissayon de la femme de Potiphar. Par contre, dans les actes positifs, c’est là où on a le plus de facilité, le plus d’inclination, que nous devons voir notre "vocation".

Mais tout ceci est à l’intérieur de toutes les Mitsvot. Il ne s’agit en aucun cas de faire des choix dans les Mitsvot, comme on le verra plus loin.

Voyons maintenant quels sont nos défauts les plus fréquents, et par quels moyens nous pouvons les corriger. Notre démarche sera celle que nous avons reçue de notre Maître le Rav Wolbe zal.

Il y a deux sortes de défauts : les visibles et les cachés.

Les défauts visibles et leurs remèdes

Ces défauts sont les agressions des tentations, la paresse, la colère, la jalousie, les agressions de la pub, les offres gratuites qui ne sont que des hameçons pour nous entraîner à des dépenses, la cigarette, la passion de l’internet, la gourmandise, l’envie de dépenser, etc...

Pour les hommes, la tentation de regarder ce qu’il ne faut pas, et pour les femmes l’envie de se montrer, le manque de Tsniout.

Comment corriger ces défauts ? Rav Wolbe rapporte un enseignement de Rav Yérou’ham Leibovitch (Machguia’h de la Yéchiva de Mir, en Lituanie, décédé en 1936) où il préconise de s’entraîner à se dominer sur des petits actes qui ne sont pas des tentations, 3 fois par jour. Par exemple, de regarder n’importe quoi dans la rue, de regarder sa montre pendant la Téfila ou un cours, et d’autres de ce style. Comme ce sont des actes qui ne demandent presque pas d’efforts, on réussira à tenir le coup plus longtemps, la constance de la décision sera possible. De plus, la facilité donnera la satisfaction qui encouragera à la persévérance.

Cette méthode nous fait penser à l’histoire de Rabbi Akiva qui a vu, quand il était jeune, une fontaine où l’eau avait creusé un trou, à force de tomber goutte à goutte. Il a alors dit : "Si l’eau peut creuser la pierre c’est sûr qu’elle va transpercer mon cœur". Le trou creusé par l’eau a l’air naturel, alors que si l’on perçait avec une perceuse, on remarquerait de suite l’acte de la machine. La constance dans un petit acte va faire un trou qui aura l’air naturel. Il en est ainsi de nos défauts, nous avons envie de changer, mais nous devons trouver le petit acte efficace, qui seul, avec persévérance fera un vrai changement en profondeur.

Les défauts cachés sont plus délicats, plus profonds

Ce sont le manque d’Emouna, le fait de ne pas voir la Providence, l'orgueil, et même le fait de faire les Mitsvot par habitude, sans aucune ferveur.

Les remèdes sont la réflexion, et le développement de la joie dans les Mitsvot.

Comment y arriver ?

Rav Israël Salanter nous donne une méthode : l'augmentation des contrastes.

Si on va mettre en face deux éléments de choix, et que les deux côtés nous semblent égaux, on est en face d’un dilemme, il y aura hésitation, mais si on décide de réfléchir en voyant que les deux côtés ne sont pas du tout égaux, d’un côté un monde éternel et de l’autre une solution de facilité qui ne donnera qu’une illusion de satisfaction, une illusion de bonheur.

On ne peut toucher ces défauts que par la réflexion, mais là encore, c’est aussi la répétition de petits actes - comme par exemple, chaque jour une Brakha avec joie - qui fait que progressivement nos défauts diminueront. Une petite réflexion nous poussera à remercier Hachem sur tout ce que nous possédons, sur tout ce que nous savons, sur notre vie, sur ce qu’Hachem attend de nous.

Le plus grand défaut de notre génération est probablement le manque d'idéal.

Trouver la richesse de sa Néchama, découvrir des potentialités cachées, s'épanouir dans son être et pas dans son avoir, penser à autre chose qu’à une carrière ou à une vie de luxe, mais à donner, à construire le peuple juif, voilà un idéal.

La période des vacances peut être utilisée par les parents pour admirer la Création, pour améliorer le dialogue Parents-Enfants, et par ces deux dimensions prendre plus conscience du sens de notre Avenir.