Pour l’élévation de l’âme de
rav Nissim ben Mazal-Tov TOLEDANO

Je me souviens le premier Roch hachana que j’ai passé à la Yéchiva. Les prières faisaient vibrer les murs et la sainteté était palpable. A un moment, je sentis le besoin de me moucher. Je n’avais pas de mouchoir sur moi, et je fis donc signe à quelques amis qui étaient assis à côté de moi, leur demandant s’ils avaient un mouchoir à me passer. Mais personne n’était en mesure de m’aider et, le besoin n’étant pas pressant, je poursuivis ma prière.

Soudain, après une dizaine de secondes, je sursautais en voyant à mes côtés le roch hayéchiva, le saint rav Nissim Tolédano. Il avait quelques mouchoirs dans sa main qu’il me donna. Le rav (qui observait de temps en temps ses élèves pour voir s’ils avaient un quelconque besoin) m’avait aperçu et était venu m’aider.

C’est ce jour là que j’ai pris grandement conscience de l’humilité du rav. En effet, le rav était alors déjà très âgé mais il ne se gêna pas de "servir" l’un de ses élèves qui était bien plus jeune que lui. De plus, le rav souffrait grandement des pieds (il disait toujours que tant qu’il arrive à étudier et à servir D’, il n’a pas de raison de se plaindre) et il aurait pu envoyer un élève m’apporter ces mouchoirs. Mais le rav ne se sentait pas apte à demander des services. Il savait juste en faire, pas en demander.

Cette modestie était l’œuvre de toute sa vie. Tous ceux qui l’avaient connu (même quelques instants) pouvaient témoigner de cet amour débordant pour les enfants d’Israël et de cette modestie qui était accompagnée d’une véritable discrétion.

Le rav ne supportait pas que je lui embrasse la main ou que je me lève devant lui. On s’est presque disputé mais lorsque j’ai vu combien il souffrait de l’honneur que j’essayais de lui donner, je fus contraint de m’en abstenir. Il avait atteint la perfection et comme les livres de moussar rapportent au nom du Zohar « Celui qui est petit est grand et celui qui est grand est petit » c'est-à-dire que celui qui est petit se sent grand et celui qui est grand se croit petit : le rav qui était un géant se sentait inexistant.

Mes chers amis, le rav nous a quittés mais son message silencieux et discret peut continuer dans notre quotidien.