Le rav Israël Salanter vivait le plus simplement possible. Malgré (grâce à) sa grandeur, il préservait un aspect discret, se faisant passer pour un « simple » paysan.

Un jour, il prit le train et s’installa dans un wagon fumeur. Le rav se mit à fumer tout en étudiant dans son livre. (A cette époque, le danger de la cigarette n’était pas connu et nombreux fumaient. Mais précisons que dès que nos maîtres ont appris les risques encourus par le fumeur, ils arrêtèrent pour la plupart instantanément.)

Soudain, un passager lui cria dessus : « Ne voyez vous pas que vous me dérangez lorsque vous fumez ? Non mais… »

Le rav Salanter s’excusa et éteint sa cigarette. Il ne s’énerva pas envers cet insolent qui ne prenait pas en compte la grande pancarte "Wagon fumeur" mais se rabaissa devant lui.

Quelques minutes plus tard, ce même homme s’en prit à nouveau à rav Israël Salanter d’avoir ouvert la fenêtre. Le rav n’avait pas touché à la fenêtre mais s’excusa et se leva pour la fermer.

Durant tout le trajet, le voyageur continua ainsi à critiquer, ordonner et crier sur le rav Salanter. Ce dernier continua également à exécuter les ordres et à s’excuser de ses "maladresses".

Enfin, le train arriva à destination. Le quai était bondé de personnes venues pour accueillir le Tsadik. A ce moment, le voyageur qui avait rouspété sans cesse sur le rav, comprit son erreur…

Immédiatement, il se mit à supplier le rav Salanter de lui pardonner. Le rav l’assura qu’il n’avait eu aucune peine, et que s’il avait ressenti à la suite de ce voyage un  infime poids , il le lui pardonnait déjà. Le rav s’intéressa de la raison pour laquelle cet homme avait voyagé pour venir dans cette ville.

« En vérité, j’ai étudié les lois de la Ché’hita (l’abattage rituel) et je voulais que vous m’interrogiez pour me donner une attestation » confia ce voyageur.

Le rav se montra ravi de la volonté de cet homme, mais un petit examen permit de montrer son ignorance dans les lois de Ché’hita. Le rav demanda donc à son gendre d’enseigner gracieusement à cet homme ces lois, puis après quelques mois, le rav put lui donner une attestation.

Le rav Salanter ne se suffit pas de ce qu’il avait déjà fait. Il chercha encore un travail pour cet homme qui l’avait sans raison insulté et méprisé.

Que ce comportement magnifique du rav Salanter nous donne les forces, le courage et la volonté d’être modestes et de pardonner les affronts auxquels nous sommes confrontés, amen

Le temple a été détruit par la haine gratuite, construisons-le par l’amour gratuit.