Quel contraste saisissant et instructif ! Un roi vient d’être couronné à Londres, dans le luxe, le faste et l’apparat, avec tous les signes de la puissance et de l’orgueil dynastique, au beau milieu de sordides affaires familiales. Un roi, est-il besoin de le rappeler, dont le royaume fut le premier d’Europe, en 1290, à se vouloir « judenrein », libéré de toute présence juive, par une cruelle expulsion. Un royaume qui, après avoir reçu des nations du monde, un mandat afin d’établir un foyer pour le peuple juif en Erets Israël, fut le premier, juste à la veille de la Shoah, à tourner le dos au peuple juif dans l’épreuve.

Avant-hier, à Bné Brak, sur cette terre d’Israël, un roi vient de quitter ce monde, Rav Guerchon Edelstein. Un roi sans palais, sans couronne ni garde d’honneur, un roi ignorant de tout luxe et apparat, et ô combien éloigné de tout orgueil ! Un roi qui, pour assurer la direction du peuple d’Israël dans son long exil, s’était vu remettre par ses pairs le flambeau de la transmission de la Torah et la responsabilité de la génération. Un roi avec pour seule garde d’honneur : de par le monde, les centaines de milliers d’élèves des Talmudé Torah, des Yéchivot et des Collelim ; cet empire du monde de la Torah où il comptait, après presque huit décennies d’enseignement, des milliers de disciples, marqués par la profondeur de son enseignement mais aussi et surtout par la douceur bienveillante et généreuse qui émanait de cet être pétri de pureté, humilité et rectitude.

Cet homme qui fuyait les honneurs, accueillant tout homme quel qu’il soit avec amour et bienveillance, avait vu son domicile, il y a seulement deux semaines, assailli par une foule hurlante et haineuse de tout ce qu’il représentait à leurs yeux (ndlr : manifestants contre la réforme du système judiciaire en Israël). Cette haine des ignorants, oublieux de toute trace de judaïsme. Nul doute qu’il avait dû prier aussi pour eux, espérant que même de leurs rangs, émerge un jour prochain un nouveau rabbi 'Akiva. Car Rabbi 'Akiva ne disait-il pas que, du temps où il faisait encore partie des ignorants, il aurait été prêt à mordre tout Talmid 'Hakham (érudit) d’une morsure douloureuse comme celle de l’âne... ?