C’est bien connu la vie est parsemée d’épreuves. Personne n’y échappe. Qu’il s’agisse des problèmes de voisinage, des différends professionnels ou familiaux, nous devons tous faire face aux difficultés de l’existence. Car Hachem nous a placés sur un chemin plein de défis. Il nous appartient de les relever un à un sans nous laisser déstabiliser. C’est ainsi que l’on révèle son véritable potentiel et que l’on existe réellement pour soi et pour les autres. Au début du livre de la Genèse, la Torah nous raconte les épreuves d’Abraham Avinou. Nos sages nous enseignent : « C’est à dix épreuves qu’Abraham notre père fut soumis et il les surmonta toutes. C’est pour montrer combien était grand l’amour d’Abraham notre père [pour D.ieu]. » Selon Maïmonide, Abraham Avinou fut soumis aux dix épreuves suivantes (Cf. Maïmonide – Commentaire de la Michna Avot 5, 3) :

  1. Ordre de quitter son pays natal.
  2. Subir la famine à son arrivée en terre de Canaan.
  3. Subir la dépravation morale des Égyptiens par rapport à Sarah.
  4. La guerre des quatre rois.
  5. Son mariage avec Hagar en raison de la stérilité de Sarah.
  6. Se circoncire dans son vieil âge.
  7. Subir la dépravation morale du roi de Guerar par rapport à Sarah.
  8. Répudier Hagar après qu’elle lui a donné un fils.
  9. Se séparer de son fils Ismaël.
  10. La « ligature » d’Isaac.

Rav Haïm de Volozhin questionne le but de ses épreuves. Hachem est omniscient. Il savait parfaitement qu’Abraham l’aimait sincèrement et qu’il braverait tous ses défis avec succès. Pourquoi l’a-t-Il éprouvé ? Rav Haïm de Volozhin conclut qu’Hachem a poussé Abraham à se réaliser afin que ses convictions imprègnent ses générations. Lorsqu’Abraham Avinou quitta son pays natal pour la terre d’Israël, il encra en lui et en ses descendants la volonté, et la force de monter en Israël. Cela s’applique à toutes ses épreuves. Ses formidables succès sont les plus grands héritages qu’Abraham nous ait légués et que nous léguons à nos enfants à notre tour.  Les épreuves nous permettent de passer du potentiel au réel. C’est bien d’être un juif du cœur, mais cela ne survit pas les générations. Il faut vivre sa foi avec courage. Les épreuves ont aussi pour effet le polissage de l’âme et sa purification. Elles sont une occasion unique de nous réaliser et de nous lier à Hachem. Ainsi, lorsque D.ieu nous en envoie, ce n’est pas un signe de rejet, mais au contraire c’est un signe d’amour. Seulement, il arrive parfois que l’on plie sous les épreuves. On s’imagine alors qu’Hachem souhaite nous punir. On pense que notre vie est un échec et que nous devrions renoncer. Mais le renoncement est le véritable échec. Hachem attend de nous le contraire comme l’enseigne le roi Salomon : « le juste tombe sept fois, et se relève. » Il faut garder confiance et aller de l’avant. Le chanteur Hanan Ben-Ari a une chanson qui illustre merveilleusement cela.  Les paroles sont les suivantes :

Je suis le champion du monde pour tomber

Et de me relever comme un grand

Tu verras, comme le phénix

Je me brûle, mais je choisis de vivre tous les jours

Je suis le champion du monde de vouloir

Au moins, essayer

Tu verras, comment à la fin

Après les défaites, la victoire est beaucoup plus douce

Je suis le champion du monde.

Hachem veut que nous devenions ce genre de champion. On se brûle, mais on choisit de vivre tous les jours ! Selon Rav Isaac Hutner, le chemin vers la grandeur ne peut être atteint qu’en rencontrant des obstacles et en les surmontant. Il écrit dans une lettre : « Il existe une conception erronée répandue parmi nous concernant notre disposition à apprécier les grands de notre peuple. Nous avons tendance à nous focaliser sur leur statut élevé actuel, en omettant de nous rappeler les nombreuses erreurs et difficultés qu’ils ont rencontrées sur leur chemin vers la grandeur. Le Roi Salomon écrivait : « Un juste tombe sept fois et néanmoins il se relève encore. » (Michlei/Proverbes 24, 16). Les personnes mal informées supposent que cela signifie que la grandeur peut être atteinte en dépit de chutes occasionnelles. Cependant, le sage sait bien que l’intention du verset est de nous enseigner que le chemin vers la grandeur ne peut être atteint qu’en rencontrant des obstacles et en les surmontant. » Les grands de notre peuple ont tous rencontré d’innombrables difficultés et ont commis des erreurs, mais ils ont appris de leurs erreurs et ont surmonté les difficultés. C’est ainsi qu’ils sont devenus de grands Hommes. Car chaque juif, dans toutes les situations de sa vie qu’il traverse, dans tous les ténèbres qu’il vit, peut se renforcer par la force de la volonté pour être éclairé et pouvoir surmonter toutes les épreuves. Docteur Viktor Frankl, un professeur autrichien de neurologie, de psychiatrie et survivant des camps, écrit à ce sujet : « Il est possible de trouver un sens à l'existence, même dans une situation désespérée, où il est impossible de changer son destin. L’important est alors de faire appel au potentiel le plus élevé de l'être humain celui de transformer une tragédie personnelle en victoire, une souffrance en une réalisation. » Il écrit également : « Tout peut être enlevé à l’homme sauf une chose : la dernière des libertés humaines – le choix de son attitude face à un ensemble de circonstances – pour décider de son propre chemin. » Bien que nous ne percevions peut-être pas cette vérité, la Torah exprime clairement que chacun d’entre nous est le héros d’une épopée. Chacun d’entre nous est appelé à accéder à la gloire en accomplissant sa mission dans le monde. Mais pour atteindre la grandeur, nous devons être prêts à surmonter les nombreuses épreuves que nous rencontrerons tout au long de nos vies, et devenir les champions de notre monde.