À l’occasion des 30 jours de la disparition du Rav ‘Haïm Kanievsky, on a pu, à travers de nombreux témoignages, découvrir une facette peu connue du Gadol : celle d’un véritable père pour des adolescents qui ne faisaient pas partie de sa famille. On savait que le Rav était très proche de ses propres enfants, s’intéressant à leur évolution et participant à toutes les fêtes de famille et ce, malgré l’assiduité phénoménale du Rav dans son étude. 

Mais au-delà du cercle familial, quatre hommes d’âge différent nous racontent comment ils se sont rapprochés du Rav dans leur jeunesse jusqu'à faire partie intégrante de la famille Kanievsky.

Sender et Méïr, tous deux précocement orphelins de père, se retrouvèrent par un concours de circonstances très souvent dans la maison des Kanievsky. Ils trouveront chez le Rav la chaleur, l'affection et l’écoute d’un père. Tout naturellement, ils vont trouver dans ce foyer exceptionnel une seconde demeure, alors que la Rabbanite Bat-Chéva’ secondera son mari pour entourer ces orphelins. Yaïr, le troisième adolescent, égaré dans la vie, décidera de quitter la terre sainte à l’âge de 18 ans pour le continent américain espérant y trouver sa voie. Sur les conseils d’une connaissance, il se tournera vers le Rav Kanievsky avant de voyager, sans comprendre comment ce dernier pourrait l’aider.

Pourtant, il trouvera chez Rav ‘Haïm l’écoute et la compréhension à ses dilemmes. Lorsque le Rav lui proposera de venir le voir quand il le désire, il acceptera cette corde de sauvetage et évoluera sous sa tutelle. Yaïr deviendra avocat et soumettra les cas compliqués au Gadol. Ce sera encore le Rav Kanievsky qui s’occupera de son Chiddoukh avec sa future et lui organisera des festivités lors de son mariage, comme un père aurait agi avec son fils.

Avraham Seroussi ne vient pas du milieu orthodoxe, mais il a beaucoup entendu parler du Rav et décidera de venir le rencontrer chez lui. Ce premier contact sera suivi de beaucoup d’autres, jusqu'à ce qu’il devienne Ben-Baït (habitué) de la maison du Rav. Il mangera, dormira et s’occupera du courrier ainsi que du rangement des affaires du Rav comme un familier de la maison. 

Le point commun de ces 4 personnes est d’avoir trouvé en la personne du Rav Kanievsky un père dans le sens le plus large du terme. On cherchera à comprendre pour quelle raison le Rav aurait pris sur lui une telle charge, alors qu’il calculait chaque minute de sa journée pour la consacrer à l’étude de la Torah. Un de ses enfants, après avoir précisé que cette préoccupation n’avait jamais empiété sur les devoirs du Rav envers ses propres enfants, répondra qu’il agissait ainsi par pur ‘Hessed, à l’image de notre Créateur bon et miséricordieux.

De ces témoignages, nous pouvons apprendre tout d’abord ce qu’est un Gadol (dirigeant spirituel du peuple juif) : virtuose du Talmud et de la Loi, tout en étant un exemple d’humanité et de morale. Il nous fait réaliser ce qu’est un véritable père : au-delà de la filiation biologique et des préoccupations de subsistance et d’éducation, être un père c’est aussi et surtout être une référence, un exemple, un ami, un conseiller et une écoute constante pour ses enfants. Ces qualités inhérentes au Rav ‘Haïm avaient immédiatement été perçues par ces jeunes qui cherchaient un père pour les aider.

Pas facile d’agir envers des “étrangers” comme avec ses propres enfants, comme le faisait Rav Kanievsky, mais au moins nous incombe-t-il de nous préoccuper de notre propre descendance avec le souci paternel que le Rav manifestait à l'égard de chaque Juif qui frappait à sa porte.