La Torah est basée sur le lien que D.ieu entretient avec son peuple par l’intermédiaire de Ses prophètes, les « Névi’im » comme les appellent le Texte.

Qu’est-ce qu’un prophète ? Comment pouvons-nous être sûrs qu’il ne s’agisse pas d’un charlatan ou pire encore, d’un faux prophète ?

Le Rambam, dans l’introduction de son commentaire sur la Michna, détaille la marche à suivre afin d’octroyer à un homme le statut de prophète. Se référant aux textes, il dit que les prétendants au titre étaient tous soumis à une série d’examen très rigoureux afin d’être authentifiés. On attendait du prétendu prophète qu’il s’avance sur des phénomènes improbables, tels que la prédiction d’une pluie en plein été à un jour précis, ou la chute d’un des arbres d’une forêt, qu’il aurait préalablement désigné. Ces tests étaient répétés un bon nombre de fois, jusqu’à « ce que se constate ses prédictions jusqu’au dernier mot, et que n’échoue aucune de ses annonces, ni petite ni grande ». 

Le Rambam va même jusqu’à donner quelques exemples pour lesquelles les candidats étaient écartés du titre. Si par exemple, en plein mois d’août, le dit prophète déclarait qu’une pluie tomberait un lundi, mais qu’elle tombe finalement un mardi, il était recalé. Ou alors, que tel arbre tombera tout d’un coup sans aucune raison, mais qu’il se trompe d’arbre, il était lui aussi évincé. C’est dire la précision de l’examen.

La raison d’une telle rigueur est simple : lorsqu’on parle au nom de D.ieu, il n’y a pas d’erreur possible. « Sachez donc qu'il ne tombera à terre aucune des paroles prononcées par le Seigneur (...)» (Livre des Rois II, 10, 10). Le prophète, n’évalue pas ni ne jauge, il voit. D’où son nom : le Roé, littéralement le voyant. « Autrefois, en Israël, celui qui se proposait d'aller consulter D.ieu, disait : " Venez, allons trouver le voyant " ; car le prophète de nos jours s'appelait alors le voyant » (Samuel I, 9, 9). L’erreur est donc impossible.

La foi vient après la vérification 

Ce sont des exemples types de la clairvoyance du peuple d’Israël, on ne lui fait pas croire tout et n’importe quoi. Il teste, vérifie et seulement après il croit. Sa foi est alors assise sur les bases d’un savoir rationnel avéré. La Torah, du fait de son importance, n’est pas à prendre à la légère, elle nécessite un engagement total qui unit le cœur mais aussi l’esprit. Et tout le peuple adhère à cette démarche. « Et tout Israël, depuis Dan jusqu'à Bersabée, reconnut l'autorité de Samuel, comme prophète du Seigneur. » (Samuel I, 3, 20)

Si bien que le peuple juif peut affirmer avec fierté la véracité de sa foi, qu’il a soumis à divers examens minutieux de génération en génération, sans faux-semblant ni détour. 

Aujourd’hui encore, nous pouvons nous émerveiller de l’authenticité des prophètes d’Israël

Une fois certifié, le prophète dévoile la parole de D.ieu. Les prophéties touchent généralement les générations futures. Elles s’axent sur l’avenir, de sorte que, une fois émises par le prophète, il n’y a plus qu’à attendre leurs réalisations. Cela tombe bien puisque nous sommes dans le futur par rapport à leurs annonciations. Nous pouvons donc constater leurs accomplissements dans la réalité et ainsi renforcer d’autant plus notre foi.

Il y a deux sortes de manière d’anticiper l’avenir. La première, la plus classique : celle d’annoncer la réalisation d’un événement, contre toute probabilité si possible, pour souligner leur caractère divin. La seconde, celle d’annoncer qu’un événement ne se réalisera jamais là aussi contre toute probabilité du contraire.

Nous nous attarderons ici sur les prophéties de la seconde catégorie. Celles qui annoncent clairement qu’un événement n’arrivera jamais, contre toute probabilité. Là encore, cela relève du surnaturel car comment s’engager sur le cours de l’histoire ? Qui peut garantir que, durant toutes les générations d’hommes dotés de libre-arbitre, personne ne déroge à la règle fixé par la prophétie ?

Et pourtant, c’est précisément ce à quoi s’engage Moïse dans une de ses prophéties. Voyons cela de plus près.

Au terme des quarante années de pérégrinations dans le désert, Moïse réunit le peuple pour un ultime sermon. Tout le peuple est là, les anciens, les jeunes hommes, les femmes, les enfants, il ne manque personne. Moïse commence par remémorer au peuple les événements qu’ils ont vécus, la sortie d’Egypte, le don de la Torah, la manne (la nourriture céleste qui tombait du ciel) qu’ils ont consommé durant quarante ans etc. 

Puis, faisant référence au don de la Torah sur le Mont Sinaï et à la Révélation divine, il dit : 

« De fait, interroge donc les premiers âges, qui ont précédé le tien, depuis le jour où D.ieu créa l'homme sur la terre, et d'un bout du ciel jusqu'à l'autre, demande si rien d'aussi grand est encore arrivé, ou si l'on a ouï chose pareille! » (Deutéronome 4, 32) 

En d’autres termes, Moïse s’engage à ce qu’un tel événement ne se reproduise jamais. C’est-à-dire qu’aucun peuple durant toutes l’histoire de l’humanité ne revivra de révélation divine comme le peuple juif l’a vécue. Comment peut-il en être si sûr ? Qui lui assure qu’un jour D.ieu ne décidera pas à nouveau de reproduire un événement similaire vis-à-vis d’un autre peuple ?

Mais il y a plus fort encore. A la fin du verset, Moïse s’engage à ce qu’aucun peuple ne dise avoir vécu un tel événement non plus ! « Ou si l'on a ouï chose pareille! » Maîtrise-t-il les aléas des soixante-dix nations ? Connaît-il les intentions des dirigeants spirituels des autres peuples ? De plus, cette prophétie est hautement improbable à maintenir véridique, puisque, comme nous l’avons vu durant l’histoire, certains peuples se targuent d’avoir été eux-mêmes élus par D.ieu, inventer un tel événement pour eux aurait été grandement bénéfique ! Pourtant rien… La prophétie de Moïse reste vraie au fil de toutes les générations.

Au passage, cette prophétie comporte une autre preuve de la véracité de la prophétie de Moïse. Moins spectaculaire, mais plus subtile. 

Réfléchissons un instant : si Moïse avait inventé toute l’histoire du don de la Torah, ou un autre écrivain anonyme quel qu’il soit, comment peut-il garantir que personne, sur toutes les générations confondues, n’en fasse pas de même ? Si lui-même a inventé tout le récit de la Torah, comment peut-il être sûr que personne d’autre n’adopte la même démarche, et par là, invalide toute son entreprise ?!

La réponse est claire et évidente, chacune des paroles de la Torah est divine. D.ieu est l’Auteur incontesté de la Torah et Lui connaît précisément chacune contingence du futur. Il fait l’histoire !

Il faut juste un peu de bon sens et d’honnêteté pour constater que la Torah est divine. Soyons fiers d’être les détenteurs de la parole de D.ieu et propageons-là autant que possible.