Réponse du Rav Scemama aux questions des internautes sur l’édito "Trump, l’homme à abattre"

Il m’a paru nécessaire de répondre à certaines des réactions d’internautes suite à l’article “Trump, l’homme à abattre”, s’agissant de points basiques de la pensée juive qu’il est indispensable de clarifier :

1. S’il est évident pour le juif que la Emouna (foi) est à la base de notre conduite dans ce monde, nous devons aussi chercher à faire une Hichtadlout (action concrète), à l'image de Ya’acov Avinou qui, face à ‘Essav - qui cherche à le tuer -, accompagnera sa prière de deux autres précautions : des présents pour l’amadouer et une préparation à une guerre éventuelle. Dans le même ordre d’idée, les grands Rabbanim de la génération, comme le Rav Chakh insistait pour que le public aille voter en masse pour le parti religieux lors des élections, encourageant même les étudiants de la Torah à le faire. Il pensait, lui, le Gadol Hador (Grand de la génération), qu’on ne pouvait pas s’en tenir uniquement à la prière. Dans notre contexte, les juifs religieux en Amérique se sont mobilisés pour voter pour Trump, car ils voyaient en lui un défenseur des intérêts des juifs partout dans le monde. Ajoutons que le Rav Elyashiv, lors d’une visite de l’ambassadeur d'Amérique dans sa demeure, lui avait demandé d’intervenir auprès du président, afin de protéger Israël du danger iranien.

2. La Torah fait de la reconnaissance une valeur suprême, à tel point que Moché Rabbénou ne frappera pas lui-même la mer pour la transformer en sang lors de la première plaie, car il avait été sauvé grâce à ces eaux. De même, la Torah nous demande de ne pas haïr les Egyptiens, car nous avons profité de leur “hospitalité” après la famine qui régnait en Erets Cana’an. Dans notre contexte, personne ne peut contester les exceptionnels tributs de Donald Trump aux juifs et à Israël, et il est légitime de lui être reconnaissant.

3. La Torah, qui est une Torah de vérité, nous permet de voir clair, non seulement au niveau de l’application de la loi et d’une conduite morale, mais également dans les événements qui nous entourent. Ce sujet est bien développé dans le livre du Rav Chlomo Wolbe, “Alé Chour II”, dans un chapitre intitulé “Olam Barour Rayiti” (p. 86). Personnellement, j’ai écouté les interventions de Rav Wolbe pendant près d’une dizaine d’années à Jérusalem (Guivat Chaoul), le Chabbath soir avant la prière d’Arvit, et pratiquement chaque fois, il apportait un éclairage toranique aux événements politiques et sur l’actualité.

4. Avec l'après-guerre, une nouvelle conception des relations humaines, du couple, de la justice, de l’éducation, a émergé, très différente de l’esprit qui avait cours dans le monde Occidental jusqu'à là et qui tirait en fait sa source de la Bible.

Ces révolutions vont enflammer la jeunesse qui va rejeter le “vieil ordre”. Un vent libéral, qui revendiquera des droits pour les étrangers, englobera plusieurs conceptions de couple, s’érigera contre les guerres les considérant inutiles, et qui prônera la laïcité la plus totale, va souffler. Partout dans le monde occidental vont éclore des partis politiques qui vont essayer de mettre en pratique ces conceptions, affiliées à la “gauche” en Europe et aux “démocrates”, aux USA.

Il est certain que l’on peut tomber sous le charme de ces idées et des valeurs qu’elles véhiculent, mais, concrètement, sachons qu’elles s’opposent non seulement au judaïsme, mais aussi au monothéisme et à toutes les valeurs morales élémentaires. Ainsi, le respect des parents, du corps enseignant et du système judiciaire va être bafoué. L’institution du mariage et de la famille va s'effriter. Les devoirs civiques et militaires sont mis en doute. Les notions élémentaires de bien et de mal sont remises en question.

On va emprunter les valeurs humaines du judaïsme et les dénaturer. Tous les grands combats sociaux du vingtième siècle tirent leur source de la morale biblique, mais ont souvent été déformés jusqu'à en devenir méconnaissables. A titre d’exemple :

- L'empathie à la douleur de l'autre a, pervertie à l’extrême, abouti à "l'euthanasie pour tous" où, dans certains pays, on a légiféré sur le droit de mourir "dignement".

- La défense des droits de la femme va, déformée à outrance, déboucher sur une lutte paritaire qui tente de niveler toutes les particularités entre l'homme et la femme.

- Au nom de l'amour et de la tolérance, qui sont également des notions tirées de la Bible, toutes les déclinaisons du couple vont être acceptables, même celles qui, il y a une génération à peine, étaient inconcevables.

Dans un cours donné sur le site Torah-Box (“Se préparer à la guerre de Gog”), le Rav Moché Kaufmann définit cette guerre idéologique comme celle de la fin des temps, désignée par nos Ecrits comme la guerre de Gog et Magog. Ce ne sera pas une lutte entre les hommes, mais contre D.ieu Lui-même.

En Amérique, autant B. Obama incarnait cette approche libérale et laïque, autant Donald Trump en était l'antithèse. Les médias, très partiaux dans leur grande majorité, tentent, aux USA comme de partout ailleurs, d’évincer ceux qui mettent en péril leurs conceptions.

Il ne s’agit donc pas d’une lutte politique, mais bien d’une guerre idéologique. Ouvrons les yeux !